Serenitas
"Lorsque j’aurai franchi la vieille forêt de chênes,
Ne me laissez point m’égarer en un rêve stérile,"
John Keats
En s’asseyant pour relire
une fois encore Le Roi Lear,
Seul dans la Splendeur.
Ne me laissez point m’égarer en un rêve stérile,"
John Keats
En s’asseyant pour relire
une fois encore Le Roi Lear,
Seul dans la Splendeur.
Une rose y a son jardin,
Et c’est des pleurs de pluies
Qui l’abreuvent et l’écrasent.
Rose du matin sur son séant
Confie au vent ses pétales chagrins,
Volent, sautent et rebondissent-ils,
Pour le meilleur au-delà du pire,
Car rose qui s’abandonne
Rejoindra nuages au matin du monde.
Jasna Góra, signe de paix vu de dos. Dos qui pleure se fortifiera et ira loin dans le temps, son temps. Jeunesse du verso rené. Regard des forêts de l’intérieur, amitiés « floréales », rupestres, boréales. Et des vents pour soulever tout ça.
Pour tout dire, je ne suis pas de ce monde. Gageons que le mien me reviendra. Athars, cette planète est lasse. Son univers se délite, se dessèche. Le venin est dans la poire. Je hais les poires. Et vous ?
Poirier causant au soleil, lui contant ses mésaventures de vers. Pauvre petit poirier qui dort chaque nuit sous la lune. La belle semeuse de marées poudroie loin au-dessus, sourde autant qu’elle peut. Regardons-la, admirons-la, mais surtout, surtout, ne la touchons pas ! Du cosmonaute casqué, elle pourrait se méprendre.
Je n’ai pas d’histoires pour vous. Mes histoires appartiennent à mes pudeurs. Qu’on le clame ! Jamais une graine d’enfant n’aura été si timide. Le nain de mes pensées sait, lui. Mais je le garde au chaud, prisonnier, torturé par mes silences.
Un trou béant, profond, s’étend loin dessous la terre. Ses ramifications sont immenses, inquiétantes. Méfiez-vous ! Gardez-vous ! Le trou vit, respire, expire aussi. Ses parfums sont tentants, bien que puérils. Qui vit dans de tels méandres ? De la poudre d’os, assurément. Cadavres de nos illusions.
J’en sais peu sur l’homme, sa société. Si peu. Mes mots sont pauvres. Confiance : des syllabes (trois ou quatre ?) qui se perdent dans l’oubli des dictionnaires. Athars, viens à moi, montre-moi le bourgeon dans la brume et l’aube qui pointe à travers le lichen de mes désespérances. Fais-moi femme, ravis-moi, enlève-moi. Jadis, j’étais. Le croyais-je ? Réflexions… Pas de réponse certaine.
Il faut encore accuser le coup. Ne pas férir. J’en sais qui médisent. Méchants ! Les anges leur diront non. À quoi bon s’obstiner à vouloir mieux quand de si pires s’assoient sur leurs certitudes ? Du jambon pour les porcs ! Cruauté suprême de l’individu qui s’oublie. Ne le faisons pas attendre, il est si pressé.
Le vent vous en dirait si et tant si vous lui confiiez une oreille. C’est qu’il voie du pays, le bougre ! Attendons-nous au pire (de sa part). Sa colère est fameuse. Gronde, gronde le vent, et s’enrhume. D’une pichenette, il balaie. Jamais seul dans ses hauteurs stellaires. Un vent qui a de l’avenir, un vent immortel en son huit.
Parlons à présent du labyrinthe, voulez-vous ? Vous y croyez-vous perdu, désespéré, au bord de l’anéantissement ? Normal. Le minotaure veille… à son bien-être. Égarons-nous-y ! Voilà le secret. De la perte naît la connaissance. Rien de nouveau sous le soleil. Si ce n’est notre frilosité à tout, même au presque rien.
Je n’aime pas les champignons. Ils peuvent anéantir. Dangereuse est l’odeur du sous-bois. Elle s’insinue, humide, nauséabonde. Une odeur de mort lente. La corde est dans le pré. À côté. Elle n’attend qu’un soupir, ultime soupir, pour toute publicité. Une corde est faite pour attacher, c’est connu. Méfiez-vous des cordes innocentes : des fonds de tiroirs qui puent.
Rapide pont d’idées : l’adolescence. Période bénie où la jachère n’a pas sa place. Force, oui, force, apprentissage violent de la force. Tout, partout, est éternelle adolescence. Dans le geste, dans la parole. La plénitude gémit au placard. Crevons l’abcès de cette adolescence. Peuples, amendez-vous de cette idole !
Athars n’est jamais loin. Il me parle, me souffle les mots de ses états d’âme. Être divin aux mille corps, il est vaste et bienveillant, même dans la guerre. Jacques a dit : « Souffle sur ton ombre, disperse-la et suis-la. L’unité peut aussi s’épanouir dans la dispersion. »
Que faire de la connaissance ? Une pépite peut nous mener loin. Mais la folie guette l’avare, du coin de l’œil, à l’affût d’une moindre faiblesse. La folie dans tous ses États. Parti pris des sots pour qui la justice bave de désir. Vanité, ô vanité !
Je suis en bien piteux état aujourd’hui. Des passions se déchaînent auxquelles je n’ai pas droit. Accès fermé, route barrée. J’ai mal. De la souffrance en kit, « twittée », maillée d’ondes funestes. Banalisation du mal, empathie à tempérament. Pas cher, pas gai. La couette semble si confortable, tout à coup.
C’est pas pour dire, mais ça me révolte. Les oiseaux chantent, les cigales stridulent (en août, en tout cas) et moi, moi… je rêve. Je rêve d’un monde meilleur où je serais volatile, où le grain abonderait sous mes serres, où l’alouette, mon amie, plongerait d’aise dans la source de toute félicité. Du p’tit lait pour bébé Cadum. Songes cauchemardesques pour le CAC 40. Rassurez-vous, mes rêves ne sont pas galeux.
Et c’est encore cet enfant qui pleure ! Sa croix est trop lourde. Il a remis son âme à Dieu et son âme exsude. C’est extrêmement noble de sa part mais ça suffit ! Trop de noblesse sape l’envie de bien faire. Une histoire de poids et mesures où il semble interdit de voltiger. Les bonnets pourpres figent les meneurs. On ne restaure pas pour rien la messe en latin…
Moderato cantabile = mouvement lent, modéré, mélancolique. Finissons-en avec les grands vocables, ça urge, ça gaze, et ça crève de partout. L’instant est en retard. On ne vit plus, on précède. On ne ressent plus, on communique. Couper, copier, coller : un puzzle d’émotions déjà has been. Le futur du présent se conjugue au passé. Et moi, je loupe le train.
Première classe en voyage, première classe dans ma vie de vie en ville. Plus de hargne, plus d'obscénités, juste des gestes justifiés et sages.
« Ça existe, ça, monsieur ?
- Faut pas s'leurrer, ma p'tite dame. Vot' truc, là, ça n'tient pas la route. Première classe pour les pauvres ? Faudrait leur demander d'être polis, par-dessus le marché ?! »
L'espoir nourrit ma langue de politesses : un voeu qui ne connaît pas la famine.
C'est décidé, je me lance dans l'inventaire des chimères. Fi des dragons et des lions ! Je passe au carré, je mesure, je pèse et soupèse. Drôles de nuées que ces obsessions ! Les croit-on réelles qu'elles se précipitent et filent entre les doigts. Il n'est de meilleur juge qu'une intuition gagnée à la sueur de nos périls. Me contredirais-je cent fois que je recommencerais de dix mille façons. Le courage est âpre à la lutte.
Finalement, il n'est de plus beau combat que celui du pigeon. Digne animal s'évertuant malgré nous. Éboueur de nos grisailles et de nos manquements, je m’incline. Quel tribu as-tu donc à payer pour naître pareillement si mal aimé ? Je n'envie pas tes trottoirs. Mais je t'observe...
C'est fini. L'homme a tout donné. Ses limites sont dépassées, ses épaules s'affaissent. J'entends l'oiseau de proie qui crie à la lutte. Mais le noir absorbe la couleur et ne la rend pas. Le maître oiseau glatit en vain. Un coup de griffe vaut bien une bonne action. N'a-t-il pas maintes fois secouru la perce-neige dans sa montée vers la lumière ? L'aide est royale.
D'eau, nous sommes faits et d'eau, nous venons. Berceau aquatique aux antipodes du feu qui nous brûle, il nous faut pourtant concilier. Concilier pour aimer, aimer plus, aimer mieux. Ma demeure est bâtie de briques réfractaires à la malveillance, telle la volonté d’une femme de vagues et de flammes alliées. Un choix pour chacun.
Comment, et pourquoi, continuer à croire des choses qui n'existent pas ? Plus qu'une question, un questionnement. Si seulement... oui, si seulement la terre parlait. Si je me savais pouvoir écouter. Pavillons cosmiques ouverts à la pluie qui tambourine sur mon entendement. L'étroitesse n'est pas un habit qui me tente. Celui des nuages m'irait mieux au teint. Voyages en vue.
C'est un fait, je n'ai pas d'amis. Juste et que des rencontres, des coins de rue qui s'éternisent un peu, beaucoup. Voyez-vous la mandragore qui sourit au sperme dernier du pendu ? L'épée de Davos rompt le lien fragile. Nos tissages ne sont plus ce qu'ils étaient. Comme avant, comme dans le temps, comme quand c'était bien. Les madeleines du passé ont des relents de cannelle « cryosynthétisée ».
Chair et pain. Chair, la mère. Pain, le père. Les mamans ont toujours raison. Et les pères sont par trop absents. Autres moeurs, autre religion. Vers qui se tourne le soleil, ces temps-ci ? Mister Web voit tout, mister Web dit tout. Mister Web ignore la pudeur. Mais mister Web est Notre ami !
La mort figure dans nos annales. Pas la peine de s'y précipiter, elle a déjà pris rendez-vous. Que croyez-vous donc, vous, les prétentieux du verbe haut ? Un mot imprimé n'est pas une éternité. La planète en sait quelque chose qui est née sans lettres à l'appui. J'aime cette terre aux aurores qui s'éclipsent.
« Anne, ma soeur Anne, tendre amie, vois-tu venir à toi les moutons du ciel ?
- Quand bien même ? Un orage n'est jamais qu'une traversée du désert. Sois proche du do initial, tu pourras chanter avec le la la rosée du matin. Matins aveugles à mes sens. Les yeux crevés, je n'ai plus d'amour à mirer, plus de larmes à verser. Ma tour s'approche du soleil. Elle brûle, incandescente et fière. Je n'ai plus de larmes. Mais j'ai le lumineux ! »
Une pensée pour les seigneurs des Baux (*). Noblesse d'épée au sang chaud. Pierre entravée par la marche du temps. Barral, Hugues, et vos frères, il fut une époque où vous resplendissiez. Lourd est à présent votre sommeil. Lourd, si lourd. Vos coeurs à l'abri des désirs, votre arbitraire au piquet, la destinée en berne. Baraques à crêpes et Chupa Chups ont étouffé la vaillance. La crasse estivale se désire épaisse, faite néante.
(*) Baux-de-Provence, France.
Qu'il est serré, ce costume de peau ! Par-ci, par-là, des pores s'ouvrent, à la lumière, à l'amour, à travers. Révélations ! Il s'en faut de peu qu'on se croie élus. Observons : peau douce ? ou peau brûlée ? peau d'institut ? ou peau engluée de mouches ? Le Ciel dispense ses bontés avec parcimonie. Le char céleste a parfois de ces crevaisons !
J'en sais quelques-uns qui hurlent à la lune, à la foi, au Tout : des rubis roulant dans les veines de l'obscur. Rouge est l'océan de nos passions. Les cris en bulles s'y perdent, éclatent sans un son, ne laissant que d'infimes traces au creux des remous de nos oeuvres. Pardon, faudrait-il dire nos exploits ?
Père et Fils rient sous cape. L'hyménée fait de plumes sauvages perd de son ardeur sous la botte capitaliste. Mais où est donc le doux, le fragile, le ténu ? De filigranes en transparences s'en vont les petites espérances des humbles. Donnez des miettes aux canards, ils vous diront merci. Père et Fils se gaussent. On en rirait à moins.
Le bleu est aimé. Le gris, le noir, le blanc tout autant. Où vont les jaunes et les verts lorsque le ciel se couvre ? Le brun est dans l'écorce ; le rouge, dans le sang ; et la feuille se fane. Finie la toute-puissance des boutons d'or dans les prés. L'humide vient-il à manquer qu'on s'enivre pour retrouver les couleurs. C'est cher payer ce qui est à portée de la main.
Valeureux hommes, où êtes-vous ? Je vous cherche depuis l'enfance. Peines et dépits m'ont quant à eux trouvée, ne voulant que m'affaiblir, me mordre, m'affamer. Vous les connaissez, vous aussi. On les nomme maladie, déception, petitesse. Invariablement aussi vilains et vampires. Nous sommes en pénurie d'ail cette année.
Qu'à cela ne tienne, je vaincrai. Vous et moi, nous vaincrons. Il n'est de meilleure alliée que l'envie, la bonne envie, celle qui a de l'avenir. Autour de nous plane la cupidité. Morve au nez des baveux. Pas de quoi fouetter un chat, pauvre félin. Cependant méfiance, le noeud se resserre autour du bien né. Grève de vulgarité au pied du Parthénon. Un scoop.
C'est sérieux, cette fois. La prise de risque est grande. Être malhabile équivaudrait à être sot. L'entente sera heureuse, si ce n'est parfaite. Des roses pour couronne, et du miel au banquet. Les principes seront pour plus tard. Auriez-vous oublié le parfum des roses ? Je vous le rappelle : le jardin est DE-rrière la maison, non devant.
La folie me guette, et me comble. Un clin d'oeil et c'est parti. La petite « clignette » des vieux, celle qui fait tant de bien au coeur. J'aime, j'aime, j'aime, et je suis aimée. Choisissez votre partenaire pour la danse ! Farandoles et tralala lalalère, cette année. On est fous, on est bath, on est slam. Et envoyez la monnaie !... euh... la musique !
J'ai toujours fréquenté les arrière-boutiques. Là qu'on discute, là que le café coule, là que le chat se soulage. Ça sent les souvenirs, qui débordent du seuil, ça résonne de petits gestes, autant dire des oublis, ça passe les années, les générations, faudrait peut-être rafraîchir. Sept milliards, ou presque, d'arrière-boutiques qui se croisent et se décroisent, s'adorent et se quittent. Boop boop a doop. Une chiquette dans l'infiniment grand. Et à l'autre bout de l'univers, quelqu'un qui tempête : « C'est pas un peu fini, c'boucan ?! »
Lève-toi et marche ! À six heures du mat', qu'il pleuve, qu'il vente, chaque matin. Lève-toi et cours ! Dans le métro, au turbin, dans les hyper ou les super. Lève-toi et avance ! Un pied dans la merde, l'autre hypothéqué. Le plus beau dans tout ça : lève-toi et espère ! Espère une conscience qui marche, court, avance, mais surtout, surtout, surtout, qui ne pense pas. Bénis soient les simples ; plus faciles à préparer.
Milieu de vie, milieu de parcours, milieu de tout - qui connaît son milieu ? Et une foule de choses à penser. Fatigue du milieu qui se veut charnière, qui pose ses ultimatums et réveille la nuit. Toujours prévoir papier et crayon à portée, éviter de perdre raison et distance (sauvons les apparences), et, l'évidence même, sourire au semblant – attention, n’hydrate que les couches supérieures de l’âme.
C'est bien pensé tout de même. Ça mange ? Ça digère. Ça respire ? Ça s'oxygène. Ça touche ? Ça ressent. Puis ça bave, ça crache, ça rote, ça pète. Une merveille de petite machine ! Attendez, c'est pas fini ! Y a la varicelle et ses boutons, le rhume et ses écoulements, la bronchite et ses glaires, le cancer et sa chimio, l'ostéoporose et son gadot. Tout ça si vous naissez sans encombres et frais comme un gardon. Bien sûr, bien sûr.
S'il y a une chose dont l'homme est certain, c'est de lui-même. S'il y a une chose dont je suis incertaine, c'est de l'homme. Et le panache, dans tout ça ? Il est au frais, avec les fourrures. Un panache mort-vivant, qui n'a plus d'odeur, prêt à faire la une quand le chagrin est en page six et la souffrance en page huit. Un panache qui sait se tenir, qui ne mange pas de pain et qui (de ça, je suis certaine) a fort à faire avec son image quand un tiers et un quart de l'humanité ne possède pas de miroir. Pantalonnades ? Vous avez dit pantalonnades ?
Le héros est en nous, parmi nous. Bandes d'affamés, ne le voyez-vous pas qui s'escrime et s'esquinte ?! Le ventre de Prométhée en saigne encore. Tous, nous sommes en demande d'une étincelle divine, d'un je-ne-sais-quoi d'unique et de sensible. Pour nous, rien que pour nous. Pas pour le voisin et sa tondeuse, ou la collègue dépressive. Encore moins pour le terroriste, l'assassin, le violeur. Dès lors, on crée un enfer, plusieurs couches d'enfers. On étiquette, on sermonne, on palabre. « Barman ! Une coupe de lauriers, s'il vous plaît. »
Un genre nouveau est apparu sous la montagne. Il gagne en terrain ce que d'autres perdent au jeu. Roulette des temps anciens, c'est l'heure du tea time. Geste soudain suspendu. Cinq coups et c'est bon.
« Croyez-vous toujours en l'aura des anges ?
- Je m'interroge. Blanche ou bleue ? A moins qu'argentée... ? Seigneur, quel débat ! »
Juxtaposition des genres avant la guerre. Du sel pour tout le monde ! Il faudra ouvrir les parapluies.
Il ment, je mens, vous mentez. C'est bien la peine de débattre la vérité. Au royaume du sol, les rampants se traînent, les échassiers plongent et les humains s'enferment. Dedans, dehors, c'est pareil, il n'y a pas de sortie. Seule une botte secrète pourrait... et encore... peut-être... j'en doute... Secret éventé perd de son charme, botte éculée n'a plus d'attrait. Alors quoi ? Une ch'tite brise sucrée pour s’évader ? Et si on frottait la lampe ?
Samedi 28 mai. Une abeille est morte cette nuit sur mon foulard rouge. Morte d'épuisement, morte d'avoir trop donné. Sa vie contre un centime de bonheur. On ne choisit pas toujours les bons. À quoi ça sert, tout ça ? Parcimonie obsessionnelle de l'égoïste. 28 mai, jour d’une abeille, jour de peine.
Porcelaines de mon passé, pourquoi vous fêlez-vous ? Le temps n'est plus à la fête ni aux menteries. J'en connais qui creusent leur tombe et se bâfrent. La terre murmure des sons inaudibles, n'est-ce pas ? Ira-t-elle jusqu'au bout de sa course ? Tel athlète aux jambes torses : il se meut, ahane, tombe. Un trophée ne serait pas de trop aux temps mauvais. Quelle farce ! J'en glousse de malaise.
Pain de seigle, arme lourde, carence de l'âme. Tout est révélé. Un mot, pourtant...
Le soleil est sur son couchant. Hâtons-nous vers le cimetière ! J'y verrai mon père et mes frères, adolescents fous ravis trop tôt, grands-pères et grands-mères adorés. J'y trouverai mon arbre et ses branches, toutes rendues à la poussière. De l'autre côté de la porte, ils me fixent, ils m'observent. Leur bouche s'anime, mais je n'entends rien. Quelle heure est-il, au fait ?
Jasna Góra, ma soeur à la peau noire, mon double de fumée, ta balafre se réveille et m'émeut. Vas-y donc, dans l'ébène de tes entrailles ! Fourrages-y, perce l'abcès le plus pur. Il soulagera l'amorphisme latent. Et un de perdu pour dix de retrouvés ! On est toujours gagnant au pays d'Adam.
Pom pom pom pom ! Ludwig a ses nerfs. Grognard, il drague le Rubicon de nos handicaps. Il n'a pas fini de râler. Atroce torture que d'être un génie : chaque création arrache une peau ; de la compréhension sous dialyse. Mortelle connaissance.
Espérez, vous tous des Assédic ! Bagnards gravitant autour des pôles. Le loup majeur hurle en sa forêt. Les terriers tremblent. Les pâtres s'affolent. Des flammèches entament la lisière et mordent. Frrt, frrt, frrt. Emmaüs a perdu ses boutons. Il les cherche, et se brûle. Charité bien ordonnée commence par la faim. Emmaüs n'est pas un site, c'est un don.
Qu'ais-je fait pour mériter ça ?! Phrase mille fois pensée. Le fond des âmes est trouble. L'heure est venue de les laver. Avec Savonexe. En un tour de main, Savonexe dilue le glauque et chasse le malodorant. « Grâce à Savonexe, ménagez du temps au sexe. » Barons du Pénis en Bourse, achetez Savonexe.
Au-delà du rivage, au bord de la plaine au blé brûlé vit un vieil homme à la pipe songeuse. Pas de médailles pour ses petites guerres, pas de croix sur ses trivialités. Il pense à Jaurès, qu'il n'a pas connu. A Vian, qu'il écoute encore. A Malraux, qu'il admire. Sa caravane prend l'eau. Pas d'argent, pas de tabac. Dossier refusé. Cause : aime le baroque. Le WIHC (World Institute for Human Condition) a repeint ses plafonds en rouge.
Ils sont là, quelque part, et se cachent. Dans un sombre cumulus, par-dessus les stratus, derrière une montagne, un dôme. Ils nous scrutent, interrogent notre sommeil. Leur présence est de mauvais augure. L'atome en fusion vire au carmin tandis que la mante aux ailes filigranées déploie son courroux. L'œuvre a commencé.
Et tangue, et vogue, et roule la chanson aux pieds d'argent. Souple et soyeuse, elle nous fascine de ses abondances au seuil du Grand Entendement. Oyez, peuples ! Oyez, mères-porteuses, mères-sagesse ! Oyez, les belles, les courageuses ! Gravissez la pente abrupte, honorez le mage au passage, l'enfant naîtra de ses cendres grises après matines. L'enfant aux pieds d'argent. Une multitude.
La seconde est en pleine ascension. Avant ? Après ? Non, pendant ! Limiter le temps qui court. Stop, arrêtez-vous ! L'instant est venu. Bille qui toupille ne va nulle part au printemps des amours. Paresse : be lazy ! ¡sea tranqui ! lui ben ! Comment ça s'écrit en caractères cyrilliques ? en mandarin ? en cantonais ? La lettre est légère qui transporte partout ses idées en grammes.
La main se lève, se dresse sur son poignet, écarte les doigts. La main se fait immense, apprentie du geste. Le tendon élastique, elle englobe, détourne, puis s’écrase. Claquent les phalanges, craquent les métacarpiens. L'aumône est rejetée. Allez-vous en, perte d'argent ! La boue se craquelle sous le carton, la crevasse se fait profonde. Passe ton chemin, piéton, y a rien à voir !
Vous êtes-vous déjà posé la question de l'importance du caoutchouc ? Non ? Il est temps, plus que temps, d’y remédier. Triste lacune. Hevea brasiliensis, nous te saluons ! Arbre noble, arbre prodigue, tu es malade. Trop de voitures, trop de pneus. Tes saignées ont été abusives. Ainsi, tu te rebiffes. Alors, tu t’accuses et t’abuses. Mort à toi ! En Russie, déjà, on triture le pissenlit par les gènes. Pissenlit nouveau, pissenlit tout beau, à combien de mois, d’années estimer ton indignation ?
Une mouche me pique ? Je tue la mouche ! Un brin d’herbe dépasse ? Je coupe le brin ! Gare aux chardons : mon agacement sera assassin ! Harmonie, je te veux ! Harmonie, je t’exige ! Mon mètre est mon bâton. Une tronçonneuse pour kalachnikov et chaque dimanche pour sévir. J’ai des truies pour voisins : adorateurs d’orties, je vous hais ! Cette terre est mienne, vous entendez ?! J’en fais ce que je veux ! Ce que je veux !!!
Creuse, la mite en sa laine. Se dessèche, le chou en sa terre. Se dépouille, le chacal en sa gale. Réjouissons-nous, pourtant. De toutes les essences, la lavande sera la moins chère cette année. Prévisions parfumées : des millions de moteurs s’éveillant au lavandin. Projection astrale d’une folle au pied bot ? Que nenni, mes amis ! Même le ouistiti me l’a dit : de l’homme, le singe en sera le plus ravi. Une question me ronge : à quand les pipis lavandés ?
Je puise, je pêche, je vampirise vos pensées, vos folies, vos maladresses. Je les absorbe, les digère, les effleurant avec frilosité quelquefois, avec curiosité fréquemment. L’angoisse me glace-t-elle que je rentre en ma coquille. Bernard n’est jamais loin. J’entends l’armoire qui gémit au fond de la chambre. Les portes ne ferment plus, le plancher n’est pas d’équerre. L’armoire a déménagé maintes fois. Qu’on lui rende ses chevilles d’antan, qu’on la cire et l’astique, qu’on l’oublie enfin ! Une paix d’armoire, c’est possible, me dis-je.
Un talon menace dans l’entrée. La peur se glisse sous les couvertures, elle est dans le ventre. À quand la défaite ? Bâtissons des murs solides, des murs épais et sûrs. Silence ! le talon gueule à présent. Au pire, la frontière. Au mieux, une amende. L’effroi glace les sangs. Ronflent les moteurs de l’avion qui renverra le père au carcan, la mère à ses fers, l’enfant à la rue. Impunité n’est pas liberté. Où sévissent les limites ?
Hey, hey, hey ! Hey, hey, hey ! La chanson du bonheur vous dit bonjour. Certainement pas de lacunes au gué, au gué. Entonnons la zizique du navet sous le saule, au bord du lac, à trois kilomètres de la grande ville, dans nos nouvelles sandales, sans parapluie, pour Emilie jolie, et avec monsieur le Recteur.
« Bonjour, Môsieur le Recteur. As-salâm 'aleïkoum.
- 'Aleïkom as-salâm.
- Taka takata. Une chanson pour m’sieur l’Recteur ! »
Treize. Treize desserts à table. Treize anges sous la lune, et un de trop au pinacle. Treize catholiques en vadrouille, et un manquant sous l’oracle. Quatorze. Et alors ?! On s’en tamponne, du quatorzième ! Quinze, alors ? « Pourquoi quinze ? » questionne l’enfant. « Parce que un et cinq font six. » « Pourquoi six ? » insiste l’enfant. « Parce que six est l’envers du neuf, et neuf, l’envers du six. » « Oui mais… » « Ta gueule, le môme ! Parce que j’ai dit ! Parce que les chiffres, c’est sacré ! Parce qu’on ne discute pas, on compte ! »
« L’autre : L’est pas marqué Lafayette, là ! Tout de même.
- L’homme tout seul : Bayonnette… cacahuète… et saperlipopette.
- L’autre : L’est pas un peu ouf, le maniaque ?
- L’homme tout seul : Pirouette et ciboulette ?
- L’autre : Ouais, faudrait p’t’être le colloquer (*), ou kekchose dans l’genre.
- L’homme tout seul : Chouette, la houpette ! Pouêt-pouêt, la voiturette.
- L’autre : Bon, j’appelle le SAMU.
- L’homme tout seul, à lui-même : Tabarouette ! Même plus moyen de rimer en paix. »
(*) Belgicisme. Interner un malade mental.
Carmin, Carmen. Les ongles rouge baiser et la bouche en cul-de-poule. Bouh ! le mérou. La beauté trépasse, l’enrobage est à son max. Fini de jouer, les mecs. Le plâtre sèche et tombe. Y a-t-il un chirurgien dans la salle ? Taxidermie, quand tu nous guettes…
Du bois tendre pour mon cœur blessé. Un avion passe qui écharpe le ciel. Un oiseau plane qui perd une plume. Carillons de septembre, sonnez le glas de non-retour. La rentrée en sécheresse, le cahier sous le banc, il nous faudra bien de l’ardeur aux champs nouveaux. L’ombre n’a jamais été une béquille.
Ensemble, nous sèmerons la paix et la gloire, prédicateurs fous. Nous ensemencerons l’aurore de multitudes infinies, de poudroiements en devenir et de baptêmes aux amendes douces amères. Rétroprojecteur braqué sur nos disgrâces, mollardant beuglant sa tripaille en 16/9, pana et vision, nous applaudirons nos tentatives comme autant de scores. Bis et bille. Ça roule, mec.
Holà, Christopher Walken ! Pas trop de mal, ces temps-ci ? Une aile brisée, l’autre en deuil, tu claudiques de l’intérieur mais ne dis rien. D’orage, le regard. Songeur, le cœur. Fatche ! Qu’ils aient tous au diable, pour une fois. Marche devant et ne te soucie de rien. Bien d’autres à venir s’esclafferont avec les hyènes.
C’est un matin de magiciens grincheux. Ploc, ploc fait la pluie à mon endroit. Un je-ne-sais-quoi s’égare et c’est le désastre. La doublure remonte, la semelle rétrécit, et mon pépin s’enfuit. Laissez la guerre aux conquérants, la paix aux grenouilles, et l’enjeu aux parieurs. Pardonnez la quête du meunier qui a perdu son pain. Il ne ferait pas de mal à une pyrale indienne.
Mon arme à moi, c’est la solitude. De biais, de face, de profil. Hissez-lui un drapeau et c’est carnaval. O masques, arborez-nous ! Je me cache, tu te caches, que nous nous cachassions. On dirait un émeu qui s’oublie. A-t-il mangé ce matin ? Son corps s’étiole, ses pattes gercent. Rémige, ma mie, où t’en vas-tu au grand vent salé ? J’annonce : gagne, perd et manque.
Une barrière saute un mouton. J’en ai vu d’autres à l’Ouest, en quatorze. Des bien faites, bien grasses. C’est mon cigare qui me l’a rappelé. Pas un concombre qui pue le jus d’chaussette, non, mon cigare de Toscane. Une sérieuse affaire à l’époque, tellement sérieuse que la chronique s’en est mêlée, et tout le saint-frusquin. Une sacrée année, quatorze.
A bas l’anathème qui me dévore le pied droit ! C’est trop cuit, ça, mon valet. Semelle de botte… bottes en stock… stock d’endives… endive ! t’es trop con… con d’la balle… balle qui roule… roule ta bosse… bosse, mon cochon !... cochon qui s’en dédit… dédit toi-même, hé, banane ! A vous de parler, mes enfants !
De fille de mère de mère de fille. (Qui est la mère + Qui est la fille) ? La mère devient-elle la fille quand la fille devient mère alors que la mère est la fille d’une mère autrement fille ? Lien de l’ombilic non rompu. Décennies, siècles, millénaires : Eve tisse sa toile. Ava est le nom de la cadette. La boucle est bouclée. On peut sauter.
Façons de penser, façons de dire. Façons de recevoir, façons d’interpréter. Ça se mord le museau en haut lieu. Ça s’engueule en sous-sol. Il perd le nord, je perds la boule. Zut, elle était gagnante ! Chic, bientôt le discours du Grand Masturbateur ! Sur la BRUT 1 ou la BRUT 6 ? Des chaînes à n’en plus finir. Des chaînes et des boules : gardons la populace au chaud.
Petit papier roule et se tortille sur le trottoir, frôle le caniveau, rebondit sur une jante, monte au ciel, puis retombe, alourdi par les poussières de la cité. Petit papier a eu son temps, son prestige, son usage. Petit papier perdit pourtant sa gageure : « Je te donne mon biscuit si tu me dis merci. » Portugaises ensablées aux p’tits papiers. Pas d’amertume, mais pas de cœur pour autant. Petit papier rendu tel quel à la planète. Elle nous dis : « Merci. »
Fandango. Un cri au milieu du village. Partez sans crainte, les poules nettoieront le sang. A tout malheur… vous connaissez la chanson. A qui profite le crime, cette fois ? Anus déchiré, honneur dévoyé, peine, oui, peine et mort de l’âme. Jamais un enfant ne piaula si fort. La bise néfaste emportera le cri, les cris, dix et dix cris. Puis ce sera le silence…
Au suivant.
Maudite soit la lumière qui m’éclaire d’un jour si franc ! La poitrine au rabais, j’ai cherché, cherché, cherché l’amour. Qu’a-t-il à offrir, l’énergumène de mes soupirs ? Parti pris, solde des sentiments – pas d’effort, surtout. Au pire, au mieux, sans coup férir, garder passion. Une promotion, certes, pour le multicarte. Une prime avantageuse. Sans doute.
Un café, avec un chouya de lait. Pour la bonne pomme. Pas la rouge, qu’est empoisonnée. Pas la verte, qu’est surette. La jaune, là, la sucrée, celle qui vient de l’arbre de mon enfance. Merlin, m’entends-tu ?!!! Café, lait vanillé et des quatre-quarts, plein de quatre-quarts, pour se rappeler. C’était si gai. Cinq, six, sept, les violettes. Couvert de feuillage, le bocage. Fun, funny, crazy, que des bonheurs ! Et du café, encore. Graines de sueur torréfiées, by air, sous-payées, pour un joli quart d’heure. Youp-là !
S’étend sous la plaine le filon d’ukyanite. Pierre magistrale aux reflets d’opale. Ils furent des milliers à la chercher loin dans les terres, sous les montagnes bleues. Un philosophe en particulier y creusa, galeries immenses et vides aujourd’hui. Vaine quête. L’ukyanite se cache pour mieux se renouveler. Le père le sait qui du filon perdit circonspection. Ukyanite ancêtre, mieux que l’or luit dans l’œil du poète à l’avant-garde. Un retour s’impose et s’exige.
Qui, du lion au Gardon, entend le mieux raison ?
Crève, l’espérance, crève.
Crève, l’ignorance, crève.
Casse-toi, l’indigné, y a rien à bouffer, rien à chialer. Brûle ta vie de passeur. La faux en scie a de quoi se mettre sous la dent, ces temps-ci. Byzance et récoltes en déraison. Insanitas ! Ça turbine au crématorium.
Prise à témoin par l’orage, le tonnerre, la foudre, je ne peux que l’écrire. Sa lumière est furieuse, d’une fureur indescriptible : l’humain ne connaît pas un tel éréthisme, ses mots se bornent à son quotidien. Hugo en a-t-il souffert cent mille morts avant sa fin ! Perdre sa fille, la muse, n’a pas de nom, je le crains. L’aède s’endort, il a trop chanté avec l’aurore. Et le ciel tonne, la rage au ventre brumeux. Zèbre la terre, croche les étoiles, fend et rompt les cimes : telle n’est pas ta seule destinée. L’homme va-t-il enfin, finalement, pour de bon, comprendre ?
Senteurs sauvages d’avant Junon, il fut une ère d’abandon où vous n’aviez pas votre pareille. Puis des routes furent créées, routes pour joindre, routes pour échanger. On fêta l’événement. Des ponts enjambèrent des rivières. Des palissades se dressèrent. L’envie était née. Le vol avec elle. Ravir est prendre aussi bien qu’enchanter au domaine de la dualité. Vous l’ignoriez ? Allons, allons, réfléchissez… -vous.
Je suis un facteur. En moi, je porte le temps et l’espace. Un trait, une ligne, un point, et le monde entier vit dans ma poche. Point d’alpha, point d’oméga au moins de la positivité ultime. Restez à l’écoute du flocon qui se meut. Son mouvement réside en peu de termes : le moins pèse le plus déduit du mouvement tournoyant. Tout effort est bon à prendre pour la planète.
Un mot encore, et je glisse. C’est terrible, tout de même, cette angoisse qui m’injecte ses tremblements par saccades. Pourrait-elle s’affadir un instant ?! Une minute de plénitude pour la bonne femme que j’incarne. S’il vous plaît. Moque-toi donc, Dupneu, qu’est chef du contentieux ! (*) Pour toi, pas de tasse de thé, tu carbures à la chicorée. « A-passionnata » du plat en service unique. « Garçon ! l’addition, je vous prie. » J’me tire ou j’dégueule.
(*) A Jeun, Jacques Brel, 1967.
Permettez-moi de médire. Bon sang, quelle allégeance ! Encore une fois, juste une, une petite, pour la route. Ensuite, j’entre au Carmel, c’est permis. Une enceinte pour protection, de vous, de moi, du plus rude. Qui croire dans l’histoire ? L’autel, ou le bénitier de l’entrée ? Dans celui-ci, on y pisse. J’ai des doutes. Partant, crachez sur vos dieux, hommes du latin ! Maudissez l’alcôve et sa statue ! Le temple n’est plus de son temps. Le temple est homme et l’homme, en Dieu. Sera-t-il prodigue envers lui-même ? En l’autre ? Z’êtes pas charitable. Z’êtes bête et méchant. Excommunication, tu nous tiens…
Au vert, j’espère… Des tonnes de dahlias pour Dalida. Des brassées de jasmins pour Dadin. Des myriades de bisous sous les cailloux. Et des plages de grès fin, des vagues d’océan, des embruns miellés. Le spleen m’apprivoise. J’ai des ailes aux talons. Mercure, mon pote astral, viens pas ici. Les voyages forment la jeunesse des vieux itou. L’âge corrode-t-il nos regards qu’il nous faut partir. Partir. Usez, abusez du verbe. Conjuguez-le sous toutes ses formes. Les fautes ne comptent pas, on s’en tape. Le salut dans l’intention, le geste, le mouvement. Allez, zou !
Jasna Góra, belle de nuit aux temps fratricides, perds de ta superbe sensiblerie. Vois, le soleil point et darde au zénith du mot PAIX. Brouillards « ensemenceurs » de vanités, votre omnipotence me déride. Sera-t-il là, au rendez-vous, le meneur de mes frissons ? Ma faim bougonne et rouscaille. Elle se déplie, se déploie, abonde en somme. Force est nue, écorchée. Elle aboie. Chien !
Garantissez-moi du vin au matin, je claironnerai au soir. Hue, à dia, hue ! Sermonnez-moi, battez-moi, je m’enivrerai de plus belle. Hic. Qu’ils sont trognons, ces saumons rosés qui clapotent. Hoc. J’ai l’estomac qui tangue. Qui c’est qui fait gîter le quai ?! Hac. Encore un qui passe et me scrute. Huc. Belzébuth ! Germinal a perdu sa culotte et personne ne me dit rien !
Fier est l’apôtre qui en son sein porte le Graal. Amorphe est la poupée qui en son fort consigne le vide. Glanez des petits pois de-ci de-là. Dépêchez-vous ! Avant que Zeus ne les crame. Petits pois grillés n’iront plus au bois. Pois de senteur, pois chiche, pois de z’haricot, pois cachère. Et des carottes qui valsent au son doré de nos illusions.
Permettez au grand stindou (*) de perdre une larme de temps à autre. Il est si triste, le pauvre. Saint fada ne songe qu’au plus joli, au plus tendre, au plus à même de comprendre. Rêve tant que tu peux, mon fou, car le réveil est amère pour l’obsolète, le décalé, le mal-aimé. Les ailes n’ont pas de prison. Une aubaine ! Participe, ou périclite, telle est la loi.
(*) Wallon. Personne grande, dégingandée. Appellation employée de façon gentiment moqueuse.
« Allo, Athars ? Mathusalem à l’appareil. Il me manque une seconde au cadran.
- (…)
- Comment ça, c’est pas grand-chose ?! Mais si, c’est quelque chose ! A mon âge, c’est même une sacrée chose ! Vous êtes bons, vous, là-haut ! Une seconde et tout est dit, qu’il m’a sorti, l’Paternel. J’y tiens, moi, à ma seconde d’éternité ! »
Relativité.
Une tourmaline a traversé ma route. Jolie tourmaline, raconte-moi ton histoire. Qu’est-ce qui se dit dans les soubassements ? Y rêve-t-on des rayons du soleil ? Espère-t-on l’homme et ses outils ? L’extraction est-elle déchirure pour toi et tes sœurs de couches, ou délivrance après longue maturation ? Je te porte, t’arbore et t’admire. Un majeur pour trône, l’argent pour dossier et mes regards en couronnement, cela te sied-il ? Opaline, cornaline… des murmures courent autour de mes doigts, mes doigts bagués, mes doigts de pierre.
Pourriez-vous me passer le sel ? Il me faut du rire, des surprises, du rebond. Le trampoline est cassé. Un mur peint en rouge heurte l’œillère. Le collier de Schwartz est en vogue depuis peu. Femmes plateaux en voie de disparition ailleurs. Beauté ou mensonge de l’autorité ? De grâce, une muselière aux sots et des chaînes au pied de la violence ! C’est pour la petite. J’aimerais qu’elle grandisse, qu’elle grandisse vraiment.
Au plus sombre sommeille un géant. L’œil unique grand ouvert, la peine entame son hibernation. Un geste, un infime, et la terre tremble. « Dors, géant, n’écoute pas la rumeur. Fais-toi puceau en ton sommeil. » Le tympan anime les tambours. Et plan, rantanplan ! L’enfant succombera au combat. Sacrifice inutile. Le général s’en branle qui déjà passe la frontière. Hourra pour le général !
Certaines nuits, on l’entend se heurter aux chenets. Une bûche tombe, des étincelles s’éparpillent. La flambée s’épuise. A-t-il seulement senti sa chaleur sur son couchant ? J’en doute. Il n’a plus d’espoir, plus d’horizon. Un cri d’enfant, l’enfant appelle, il ne l’entend pas. Une femme pleure sa désertion, les larmes se tassent dans un coin, il ne les voit même plus. S’égouttent ses fleurs d’automne au pied du mur. Pour lui, c’est l’hiver, le Grand Blanc qui englobe et assourdit tout. Derrière ce blanc, le noir. Il n’ira plus chasser les papillons.
La lune jappe au firmament. Joyeuse indifférence des étoiles, rauque mépris des astéroïdes. Les comètes ne font que passer ; le temps, c’est leur business. Ça traîne malgré tout. Z’avez une belle jupe, madame. Couleur confiture, confis susucre. Là, j’admire. Tiens, les coquelicots sont en avance. Une saison qui vire à la crise, mal lunée. J’vous ai apporté des bonbons…
C’est clair, net et précis. Ça grignote, ça ergote et sème ses petites crottes. Poubelles, les bons à papa ! Du coup, ça chipote et tremblote. Quand est-ce qu’on mange ? Les œufs dans le même panier, à salade de crabes, et un ticket pour acheter son kilo de cadavres, l’air absent, l’air de ne pas être là où il faut regarder, l’air de deux airs, l’air chafouin. La sauce ne prend pas ? C’est la faute à la sauce. Les liants, c’est chiant.
Cruel ouvrage que celui de penser. Le latin fait du grec et s’anglicise. Hello, boys and girlies ! On n’est pas dans la gadoue, non, on est smart and smile. Vernis de mes honneurs, enduis-moi ! englue-moi ! Des couches et des couches ! Où suis-je ? Au vol ! L’on m’a ravie, abandonnée là. Je m’y perds, et vous ? Et ça fait bzzz. Et ça fait tic-tac, tic-tac. Au trot, ça urge ! Où ais-je laissé mon enfant ? Bon sang ! Où l’ais-je laissé ? Aidez-moiiiiiiii !
Des billes à gras pour ma libido. J’ai le cœur qui flanche et personne ne me prévient. Mon ventre gonfle, s’enfle, immonde et putride appendice : honte ou felicidad ? De vous à moi, particulier à particulier, le cou reste mince et discret. Faudrait pas non plus s’faire un cinéma. Tout ça, c’est d’la p’tite brise. Le chocolat finit toujours par fondre et nous, par chuter. J’ai commandé le corbillard. Y aura plus qu’à.
Versez le jus de tomate dans la soupe et servez. Prêt à l’emploi, j’ai le bonheur qui éclate. Accident chez les auto-tamponneuses : on se bouscule. L’étonnement est dans la chair du larron qui a pitié. Poivrez, salez selon votre goût. Encore un qui s’est fait tabasser, enquête en cours, on émet des hypothèses, on suggère. Les on-dit ont fort à faire. Percez l’opercule sur un demi centimètre. Mon couteau a des ratés. Lime, le citron. Merde, y a un pépin. Lancez les ondes sur le chemin du retour, comptez dix minutes et dégustez. On nous fait vraiment avaler n’importe quoi !
Z’avez vu de quoi il a l’air ? Mieux vaut ne pas le rencontrer en pleine nuit. Sauve qui peut, le rev’là ! L’œil gauche est vitreux, le droit, injecté. Les joues tailladées, les ongles encrassés, il erre d’un banc… à un banc. C’est public, la frontière s’arrête là. Un mot, un seul : tolérance. Trop long ? Juste pour les dicos et les asticots ? Il a d’la merde dans l’œil, le Boudu ? Il aimerait p’t’être se faire aider ? Qu’il forme le ICE (*), ça ira mieux.
(*) ICE, In Case of Emergency (code international à l’intention des secours).
Un goût de sucre au creux des reins. Douceur, désir, plaisir, voilà la femme. Qu’elle entoure, qu’elle enlace, le geste est mesuré, adoré, protégé. Qu’elle embrase, qu’elle ensorcelle, un feu d’artifice vous emporte, hors contrôle. Elle aime, elle ne peut qu’aimer. Elle est la muse et l’égérie. Pour l’homme, une folie, le passage obligé d’Hemingway par les armes. Hemingway ? Un cadavre, un souvenir à présent, et quelques livres. Cimetière de Ketchum, Idaho : « Ernest, un homme te demande à l’entrée. » Un ? Un seul ? ?
Les ongles vernis, elle vous emmène vers les grandes plaines. Autruches en boa, courez, courez ! Les devoirs seront pour plus tard. Les gammes, c’est pas pour les planches. Certainement une fille se pare-t-elle dans une loge obscure. La terre est ronde, on ne lui en demandait pas temps (sic). Je m’assieds, je stoppe la montre. Big et bang font mes oreillettes. Pas d’accord. Pas habituées. Je relance la machine. Soulagement. L’autruche s’étouffe dans le sablier.
Troisième chapitre en cours. La panne. La panne idiote et sordide. Un écrivain n’est rien sans sa plume. Un écrivain se dessèche sans ondées propitiatoires. La source est tarie : il n’y a plus d’encre, plus de fins. Où est la vie ? L’envers du décor a disparu et moi, je clabote. Aller à la traite, à nouveau. Gémir de plaisir, l’abandon en sus. Caresser – gouzi-gouzi – les p’tits verbes d’ennui. Attendez ! Rappelez-vous qu’une barrière a sauté un mouton. Dites bonjour à votre lapinimaginaire. Il est au piquet. Ouvrez la porte, la fenêtre, le vantail. Qui peut le mieux craint davantage le pire. Lapinou, youhou ! où es-tuuu ?
Athars, mon frère d’armes, mon ami, Clarence est-il bien rentré ? Je me suis inquiétée à l’éclipse. Il avait tant à voyager, à traverser. Les secousses sont nombreuses et il n’a pas d’armure. Seul un gantelet pour clé. C’est peu. Je l’aime tellement, tu le sais. Rassure-moi sur les mondes qui bougent. Dis-moi de bonnes choses, des happy ends and few. L’érable coule dans le sirop, mais encore ? N’a-t-on pas annoncé une trompette pour l’an prochain ? Les Indiens font des signaux sur les volcans. Même les Boeings s’en détournent. Geronimo, son regard me poursuit. Il n’aurait pu crier plus fort, cependant.
On déterre une vieille souche.
On recueille l’oisillon sur le sacre.
On colonise.
Mais encore ? Mais encore ?
Jaune citron. Le C est à l’honneur. Abécédaire du cru, ne croyez pas ce qu’on vous raconte. La lettre est trompeuse. La bactérie est dans l’atome et l’atome, dans le fruit. Personne n’est à l’abri du plus rusé. Non fourbe mais vrai. La vérité, le V, aux calendes grecques. C’est les hérissons qui vont être contents !
Plus que tout, moins que rien, le pardon en prime. La charité, M’sieurs, Dames. C’est pour l’enfant. L’enfant qui grandit, qui mange, qui pleure, qui exige. L’enfant dictateur de mes angoisses, l’enfant roi de mes heures qui passent, l’enfant vagabond, qui erre, se perd, tend une corde. Pile ou face ? Ça bave dans les chaumières. Faudrait peut-être bêcher plus profond ?
L'armoire à glace s'échauffe. Elle va frapper, c'est certain. Pas maligne, la catin. Les seins gonflés à bloc, elle entrouvre la bouche, se ravise, recule, recule encore. Un mur, une porte. Plus le temps. Où aller ? Le monde est petit pour les péris. Gros Bras fait un pas. Ça suffit. Elle songe à Irving. Mieux à l'Ouest, croyait-elle. Ça vaut combien, une paire de bas ? Elle l'ignore. Le Réseau prend les fournitures en charge. « C'est sans danger. » (*)
(*) Réplique de Laurence Olivier à Dustin Hoffman dans Marathon Man, de John Schlesinger.
Qu'est-ce qui pourrait faire avancer le Belge ? Qu'est-ce qui le fait continuellement reculer ? Julius est un menteur ! Ça cause steak et jeu de balle tout du long. Ça se fout de tout, ça met toutes ses frites dans le même cornet. Puis ça pleurniche quand c'est puni. Cherchez pas l'avantage, il est dessous la table. Cherchez pas la bravoure, la bière a tout emporté. En balance, la connerie et la dextre. Qui pèse le plus peut le moins. Ou serait-ce le contraire ? On pourrait alléger, s’il vous plaît ?
Parlons peu mais bien. L'intelligence, tout de même. Voilà : balin ou balan ? J'hésite. Droite, gauche, ça s'emberlificote, ça ne sait plus quoi. Le compromis ou rien ! On appelle ça survivre. Je rigole. Le Christ : « Un clou de plus et je tombe. » C'est une blague ? Pas sûr. J'ai les neurones qui s'agitent, tout à coup. L'amer devient fade, les papilles s'habituent. Et si on faisait carême ?
Veau, vache, cochon... Quoi de plus vivant, au fond. Au fond du camion, de l'assiette, du ventre. Cadavres en puissance, souffrances dès la naissance, amour... vous avez dit amour ? C'est quoi, ça ? Bénis soient les bichons, lhassa apso, chihuahuas. Sitôt abandonnés, sitôt (presque) adoptés. Y a du fric au bout d’la laisse. Faut pas s’leurrer. Alors, une caresse pour les veaux, vaches, cochons... ? Pensez donc ! Plutôt crever ! Eux, pas moi. Moi, je les bouffe. La conscience est une belle chose.
L'amante court, court, court. Beau brun, joli blond. Quelques attentions et hop ! au lit. L'amante est seule en dedans. Run away ! fleurs d'oranger, on ne vous a pas sonnées. Rayon slips, y a du choix. Avec ou sans culotte ? Dilemme. L'excitation est à son comble. Permettez que je m'immisce. C'est moi, Menstrua, l'enfant puissance un, le sang qui coule et tache et gêne. L'amante se repose. Le bas-ventre s'impose. Jusqu'au prochain répit, au prochain pénis. Brun chocolat ou p'tit lait ? Qu'importe la couleur, pourvu que fulgurent peau et plaisir. Egalité, enfin.
Fanion au vent, drapeau déployé, fierté du mât qui s'honore, de la hampe qui s'arbore. Les temps sont venus de se parer. Ajoutez de la couleur dans les coins grisés. Soyez zen, soyez feng, soyez fous ! Renaîtront alors les fleurs des champs, sortiront leur museau les loutres, hululeront les blanches de nuit à la demie. Croyez, riez, aspirez. Il n'est de moyens que ceux que l'on se donne. Libre arbitre et folle envie.
Il. S'il était un maître, il se voudrait esclave. S'il était une adoration, il imposerait sa modestie. S'il était un piédestal, il se chausserait de roulettes et parcourrait le monde, prêt à vous hisser, vous le faible, vous l'arrogant. S'il était un courage, vrai, il coucherait dans la stratosphère, loin au-dessus, loin, loin, loin d'Antioche et de sa perte. Souvenirs d'une peine immense, murs débauchés, actualité fumante. Je touche du doigt la félicité, quand bien même, le souffle me manque et je gagne le jambon. La truie a perdu un petit.
Garanties, donnez-moi des garanties ! Si le papillon se pose sur mon épaule, je tourne à droite. Sinon, disons-le tel quel, je ne bouge pas. Je me fixe, je m'enracine, je périclite. Clite ? Quoi qu'est-ce ? Paysage bouché, travaux annoncés, gaffe aux échardes ! Un nerf s'excite, il m'emmerde. Spasmes graveleux de mes vieilles appétences, fichez-moi le camp ! Je vieillis. L'hibernation est chaude, la cave, humide ; et les os criaillent. A quand l’amorce, la dernière, celle qui tout embrase ?
Des finitions, il nous faut des finitions. Pour le vernis, pour l'envi (sic). Chipote donc, Tarasque aux dents longues ! Tu ne nous mangeras pas. Tu ne nous avaleras pas. Tu ne nous grugeras pas. La harpie a perdu ses griffes. Veglione ridicule, plasma gargantuesque, badinez et bâfrez. Quel est le nom de ce logis de gemmes, vous savez, ce brillant logis qui si bien cristallise nos pensées aux premiers rayons du soleil jaune ? Oubli temporaire, j'espère. Affres de l'amnésie. Cellules fécondes, jouez pour nous.
Saturne, tes anneaux me saoulent. Alliances mouvantes, pierreuses, redoutables. L'espace, c'est tout profit. Un astéroïde passe, s'accroche, se lie : à nous, ça ! Perdre son âme dans une immensité vide n'a jamais tué personne. Ah bon ? On prend, on mise, on se gargarise. On se moque de tout. « Téléphone maison, le claudiquant ? Va voir ailleurs ! Ici, on bosse. »
Etre ou ne pas être ? Foutue question ! Qu'est-ce qui lui prend, à celui-là ? L'a plus son papa ? L'a perdu sa tutute, son doudou, sa nounou ? Voudrait p't'être un peu d'lait d'la vache ? Ou une vache à lait ? Ou les deux ? J'te mâcherais ta viande, moi ! Pouah ! Gros Lolo va au psy, puis dodo sur le sofa. Gros Lolo est content, l'a tout vomi sur le tapis. Epanchements remboursés par la Sécu. Que demande le peuple ?!
Critique pas la gueuse, c'est une courageuse. Pères brasseurs, prêtres ouvriers, moines guérisseurs, toutes les hosties ne sévissent pas dans le même ciboire. Chères soeurs, donnez-vous toujours de vos heures dès matines ? L'ancienne à l’huis, la jeunette au fourneau. Le vieux continent vous abandonne. Chacun pour soi. Il est des flancs plus accueillants pour la bonté sans compter. Les peaux se ressemblent qui souffrent mille morts. Nos yeux n'ont pas vos regards, et ce n'est pas par hasard. L'âme est arable qui a faim.
« Je te téléphone. » Pas entendu le dring, dring.
« Je t'écris. » Papier trop cher.
« Je te promets. » J'attends toujours.
« Cet emploi est pour vous. » Je rame, mais je rame.
Le soufflé des réjouissances retombe, invariablement. Crash de l'engagement, aucun complexe. Où gît l'estime de soi ? des autres ? Parole donnée, parole reprise. Ça frise l'outrecuidance ? Non, ça baigne dedans.
Ne me cherchez pas partout où j'écris. Ce serait une erreur. La cornaline prend la nuance qui ravit celle, ou celui, qui la mire. Une cornaline au front du caméléon ? Erreur, là aussi. Le mot à sauver : nuance. Suivez la grenouille empathique, elle cultive la complaisance du bonheur. Hello, mister Steve Waring. Suis’ici, suis’ici, suis’ici, suis’ici... (*)
(*) Extrait de la chanson Les Grenouilles de Steve Waring.
Plus longue est la peine, plus précieuse est l’œuvre. Touchez la terre glaise, mouillez, façonnez. Un linge humide vous sera nécessaire, protection de l'être en devenir. Ne vous dévoilez pas trop vite, pas trop tôt. Le mode d'emploi prévoit une longue maturation. Toute brûlure est un trait, une cicatrice. Estompez-la du bout des doigts, avec délicatesse. Prudence, la précipitation écorche, inévitablement. Il vous faudrait alors recommencer. Vos intentions sont vos couteaux, choisissez-les avec soin. Et surtout, n’oubliez pas : une terre sèche est une terre morte.
Merci. Merci pour le coeur, ses palpitations. Merci pour le soleil, sa chaleur. Merci pour la semence, ses frondaisons. Merci pour l'enfant, ses pépiements. Merci pour la curiosité, ses griseries. Merci pour la musique, ses envolées. Merci pour les parfums, ses caprices. Merci pour l'eau, pour l'air, pour la terre, la pierre, le bois, le métal. Merci pour tout.
Un lapin traverse la pièce. Tic-tac, tic-tac. L'aiguille parvient à son terme. « Alice, vous m'entendez ? Alice ?! C'est l'heure de vos médicaments. » Alice tient sa boîte serrée contre elle. Pas question de lâcher prise. Une boîte aux trésors : qui est cette jeune femme sur la photo ? Elle semble si heureuse. Tiens, un dessin. « Papa, maman et moi. » Joli crayonné. Tout au fond, un anneau d'or. Trop grand mais pareil à celui que porte Alice. Alice qui adore cet anneau dont le diamant miroite au soleil... le soleil de juin, c’était un dimanche, le rire d'un bambin... Le voile se déchire. « Alice, il faut manger. Alice ! »
Quand la faim change de camp.
Jasna Góra, il fut un temps où Hannibal traversait les Alpes avec ses éléphants. L'homme enfant jura la haine d'un peuple, dit-on. Un serment suffisant pour imprégner l'histoire. Plus qu'une légende, des milliers de cadavres, pour la traversée autant que pour la conquête. L'addition est de taille.
L’histoire selon Jasna Góra : « Enseignez le Livre Blanc, le majeur. Laissez le Noir pour plus tard. Il est des contes vrais, écrits dans le sang des vierges. L'enfance doit savoir. »
Le péril est grand. Soyons dès lors absents. L'annonce viendra-t-elle d'en-haut ? Pardonnez mon manque de sagesse, j'ai peur. Le mal saigne des poignets, il s'écoule, endort et emporte. Vers quel mystère qui nous dépasse ? Vers quelle fin, ou quel objet ? Quelques-uns, lourds, sombres, aveugles, n'y ont vu qu'un mur noir. L'on m'explique et insiste : “ C'est qu'il n'y a rien. ” Une réminiscence noire ??? Rien, n'est-ce pas... rien ?
Le bal des poupées : qui est dupe ? Hormis la mascarade, que reste-t-il ? Poupées chiffon, baudruches animées, automates cireux, qui tire les ficelles ? Un, quelques-uns, plusieurs ? Avons-nous une réponse, ou une parade ? Couper les fils est si facile. Il suffit d'aiguiser les ciseaux. Ensuite ? S'assumer, se prendre en main. Dur métier. Mieux vaut laisser faire... et râler. La loi du plus fort ? Non, du plus faible.
Enfants bleus, verts, jaunes. Enfants de la nature aimante, enfants de la guerre. Comment nous voient-ils, nous regardent-ils, nous perçoivent-ils ? Pas de mot pour une si forte perplexité, aucun. Juste l’exigence d’âmes qui perdent patience. Encore un saut, un seul. La dernière main, l’ultime. Après, promis, on remballe. Foi apocryphe de culs fort bien terreux.
Pas la crasse bête et féroce, non. Voyons celle qui tache et brûle par en-dessous. Une crasse moribonde qui se décompose. Celle que créa jadis un homme penché sur son lopin de terre noire. La crasse émergea, prit vie, se fit, ainsi qu'on le désirait, abondante et généreuse. Une crasse tenace, prête à tendre la main à l'hérésie primaire. À venir gluante, amère. Mais encore ? Une crasse plastique.
Il est des lieux sombres, opaques, intrigants, où nul hormis une poignée n'a droit de cité. Quelques portes repliées sur leurs gonds en gardent l'accès. Sévères sont les gardiens, intransigeants. Des ramifications en pagaille se causent quelquefois. On ouvre, on rebouche, on s'installe. Des passages, néanmoins. La garde est serrée – abusive, supposerait-on. Des entrailles à sauver à tout prix.
Eaux brunâtres qu'une drague remue. Les cadavres remontent à la surface, magma d'os, d'arêtes, de ferrailles. L'eau se fait légère, aérée. Elle respire. Voulez-vous des cloques ? Des blanches ou des grises ? Pops fait la cloque en saluant l'atmosphère. Bonjour, bonjour. Aucune jalousie, aucun regret. Tout est dans le fond. La forme suivra. À son heure. Marie-Salope a ses têtes.
Régaliens, régaliennes, réjouissez-vous ! Une cacophonie est en marche qui brouillera l'ensemble. Du peps, il nous faut du peps. C'est ainsi que les gens s'aiment et s'adorent. Éviter l'entregent, c'est un conseil. Sait-on ce qui s'y cache ? Brrr ! Un air glacial chasse sous les combles. Il brise les accointances, pénètre les chairs, mord et court. Fuiii ! Irait-on le troubler ? Un comble !
Pardon, du plus haut du ciel, à tout ceux qui se meurent. Pardon pour leur peur, leurs petites angoisses. Que des vanités ! Glissez-vous dans la peau du hérisson, piquez-vous de tout savoir, tout comprendre, tout juger. À la dernière heure, plus rien ne sera. Une seconde vaudra un siècle. Une vie pèsera une plume. Et vous, nous, eux, tous et Un, autour du même pain assemblés, du même meunier, nous sacrifierons le boulanger.
Prairies du sud qui vous asséchez sans discontinuer, souffrez qu'une pluie vous tente de ses humeurs, de ses humeurs humides. Agrandissez vos rêves, ne lésinez pas sur les couleurs du baldaquin ! Si Vulcain est absent, il vous reste d'autres panthéons. Les dieux ne manquent pas depuis que l'homme s'est dressé sur son séant. Mieux vaut trop que trop peu, n'est-ce pas ? Une roue de secours ne vaut-elle pas une béquille à la chandelle du maître-autel ?
Jadis, il n'était qu'une ombre. On l'a faite forme, matière, critère. Il parle à présent, le bon Samaritain. Le cher a perdu une chaussure en route. À moins que ce ne soit l'empreinte du saint, pour les filles prêtes à enfanter. Vieille, très vieille légende. De nos jours, on le trouve éclopé, vêtu couci, voire couça, en mal de banalités. Une méfiance sourde hante les seuils, occulte les œilletons, décourage le bienfait. L'entrefilet est passé inaperçu : « Bon Samaritain au chômedu. » Une bouchée pour les stats.
Elle a laissé trois enfants. Trois enfants qui se demandent pourquoi. Des pourquoi qui se fraient une voie souterraine, louvoient – ksss – et rompent le rythme d'une vie bien commencée. Enfants chéris, ardemment désirés, figures pouponnes et roses du papier glacé, promo sur les couches, il a fallu déchanter et apprendre ce qu'aimer malgré signifie. Mère infatigable, elle a pourtant craqué. Un saut, un tablier déchiré. On ignore la délivrance. Qui a tort ? Qui a raison ? On n'est pas tous des colosses.
La différence entre un lupin et un lutin ? L'un tient le bouquet qu'il offre à l'autre. Interchangeables, les p'tits Lus ? Casse-croute des mômes en mal des brèves de Walt ? À moins que Tex... Once upon a time. Une photo épinglée sur un mur. Un mur tapissé de fleurs. Des fleurs à foison au balcon : un bouton casse, et tombe. Jaune d'or le bouton. Une pie l'avise, plonge et s'en empare. Un nid sera en fleur cette année. Retour des lutins parmi les lupins.
Un tombeau s'est perdu. Plusieurs ils étaient en la crypte. Hommes, femmes, même un enfant. Lignée éteinte, ampoule grillée faute d'enfantement. Le patronyme n'est plus. Ah, les petits pains aux raisins de Marie ! Les longues tirades d'Anatole... Jules et son herbier... Émerance, partie à Paris “ faire le mannequin ”... Marcel courant la gueuze... Les aquarelles de Gertrude... Et Gontrand. Gontrand et son livre jamais terminé. Gontrand et ses plans tirés sur la comète. Gontrand qui faisait rire et se fâcher, qui vidait les bas de laine et s'encanaillait la nuit venue... avec Marcel... tandis que Marie pleurait... sur ses petits pains... qui ne laisseraient aucun goût.
Je suis un satyre social qui se promène sans bas, sans chapeau, sans complexe. Tirez-moi dessus si ça vous chante. M'en fous. Emondez-moi, évidez-moi, sucez tant que vous voudrez ma substance primordiale, rien n'y fera. Emmerdeuse, je suis. Emmerdeuse, je reste. Question de profession de foi. J'ai des briques ? Je donne des briques. Voyons, a-t-on besoin d'un si vaste abri ? Réduction. L'infiniment grand fait atchoum dans l'infiniment petit. Minimalisme de nos déraisons.
Ce livre est obscur et le restera. Bible pour une Cour des Miracles, un Carré de Fous ou un Paradis de Petites Maisons. Mais encore ? Des mots pour les catacombes, de la lecture pour les non-morts, du purin pour la jachère. Qu'est-ce qu'on s'aime ! Et moi qui n'y croyais plus... « Dites-moi, mon bon Achille, j'ai le talon qui me démange. Normal, docteur ? Faire des pointes, dites-vous ? » Aïe ! Ouille ! Aïe, aïe, aïe !
Bulles, bulles, bulles. Bulles qui éclatent, qui pétillent, qui éclaboussent. Que des notes en bulle. Éducation comique du clown qui s’esclaffe. Blagues en bulle. Pierrot reste impassible. Auguste se retient. Pimprenelle prend des airs mutins. Bulles d'air, papier bullé ; bousculé, le papier. Un soulier de satin s’en échappe. On canalise, on « mimétise », on bouffonne. On est fous, on rrrit !
Renseignements pris, il n'y a plus de riz. Grains fauchés. Les eaux stagnantes sont en dormance, retirées là, absorbées par le flux. La terre n'a plus de cœur pour l'insoumis. Au pied des herbes de la prairie s'est réfugiée une semence bleue, effrayée, en grand dommage. Quelle est sa cause ? son but ? son devenir ? Sommes-nous réellement tous frères ?
Un fayot a volé un bœuf. Croyez-vous donc que je mente ? que j'extrapole ?? que je parabole ??? Trop d’ailes dans le ciel, trop de moutons, trop de songes. L'indigestion des miroirs qui se reflètent nous menace. Les images se cognent et s'indisposent. Ciel blanc, stupéfaction du bruit qui se tait. Écoutez ! Un jeune cri, un son court et pur, un froissement. Un monde naît. Cherchez la vérité dans les yeux de l’astrophysicien.
Il est une heure, une minute, une seconde unique, à recevoir, à prendre, à voler au besoin. Un point fixe qui jamais ne vacille. Le pont enjambe et relie. Une rencontre est prévue, écrite. Le point est sur la route, rongé d'impatience. Déjà, tout bascule. Ils ont pris possession de leurs pensées, de leur âme. Déchirure, tout recommence dans l’aire des amants.
Argonautes de la loi, vous fûtes jadis en fort courroux. Le Grand rompit le lien du Bon, une succession douloureuse s'il en fut. Le blason s'est couvert d'or, une peau de plus pour l'oursin. Malin qui y croira ! Un geste, une queste, faut-il le bourdonner ? La parcimonie, je vous en conjure, ne peut s’enorgueillir de grandiose. Il n'est pas que des modesties qui s'honorent. De Madre des Oursins, dressez-vous !
Ce sont des textes bizarres, bizarres sont ces textes. Cacochymie du genre, désordre en grand chelem, la Veuve est proche de l'enfantement. La nounou est infernale ce jourd'hui. Il n'en faut guère plus pour l'inquiétude, la scoumoune, l’ignominie Partez, cher ange. Fuyez ! Les parrains ont donné leur écot. La sarabande des cloches tintera bientôt. Au grand dam de l’article imposé foi. Thémis a faussé sa balance.
Une génération, une strate. La suivante cache l'autre, l'occulte, puis l'oublie. On est si peu de choses. Baissez les yeux, avisez et ramassez un caillou. Un caillou de perdu, dix de retrouvés. A d’autres ! L’univers se penche sur mes paroles et s’enhardit. Croyez-vous donc en l’humanité ? s’enquiert le fada des fées. L’univers est considérable, son mutisme également.
Une naïveté prévaut. Des larmes pour rien. Et une coquille qui se brise en vain. Le jaune s’épanche. C’est mercredi, interlude des petits. Scout un jour, scout toujours. La vieille balançoire écorche, une liane est saisie, les genoux en récoltent de belles. Facile est la déduction. Croque et pleure, Mitaine. Lamente-toi, Miton. Jeunesse à la dorure éraflée, ni patin ni roulette cette année.
C'est une fille du silence. Des sourires plein la face, la main qui bégaye, elle chemine. Un monde sourd, cahotant – le trouve-t-on ridicule ? –, gauche, est le sien. Victime du parricide : le père a volé la voix, elle a ravi le père. La cuisse a sa mémoire, le bras, sa sentence. Pourra-t-elle se lui (sic) pardonner ?
Lamentations des femmes bistres, appel d'une seule voix. La maladresse est dans le cri. Causes éructées, sang de bourbe pour certains, qui s'empêtrent dans les Grandes Marches. Mouvance des sables pour qui le procès est absent. L'avant-garde est funeste. De dos, la cible est facile.
Pourquoi porter ce serment en terres consacrées si c'est pour, en fin de cause, le bafouer ? La Sainte Inquisition a pendu son linge sale. Partout, on en parle. Candélabres allumés dans les cercles. Tout est dit. Hum. Devises tronquées, acharnement du vermeil, on dore et on s’endort.
Garnement au sol, poussé du pied, houspillé, va faiblir, va faillir. Un couteau, une balle, un marteau ; que des instruments. L'ouragan est ailleurs. Lui n'a pas de certificat, pas de parole, pas de billet de retour. Un blanc-seing pour les poussins trop tôt tombés du nid, du nid-de-poule. Venez, oui, venez à moi ! C'est gratuit pour les moins de dix-huit ans. Venez, entrez dans la maison aux barreaux bleus !
Grave est la grève sur laquelle viennent agoniser nos colères. Le syndic s'insurge, monsieur Guillotin a des remords, innombrables, on assassine en plein midi. Gardons-en un peu pour demain, pour le quota, nos p'tits matins de pluie. Les pavés se dérobent, les chevilles défaillent, le sable s'est dispersé.
Armé d'un gourdin s'en va le malandrin. Son âme n'a pas d'odeur. Son cœur bat le pas en mesure. Sa tête est emplie d'archaïsmes, le tout de cire figé. D'un extrémisme à l'autre, il ballotte, s'encanaille, boucane. Pour un dieu, un Heil, un tire au but. Quand la bêtise endosse son harnais de pauvreté.
Joyeusetés et primevères dans le jardin. Mettons les sauterelles de côté et jouons aux dés. Pipe et roule. Une fumée passe, odeur vanille, et se camphrent les papilles. Gaspillons l'été et sautons marelle. Une case, un point. Et hip, et hop. Des cerises – pourpres, les cerises –, pomponnent les oreilles. Le ver est content qui balance. Un, deux. Un, deux, trois. Le fou chantant fredonne.
Perpétuellement en devenir, mes mains se lassent. La patine s'y lit dorénavant à livre ouvert. J'avoue que ses entailles me plaisent, les creux épousant les monts.
Mains du cosmos où Vénus abonde.
Mains causeuses, diseuses d'aventures.
Mains bousculées, taraudées, un million de fois sollicitées.
Mains rompues, partagées entre paume et dos.
Solstice, un mot qui augure et louange, une révérence en sol majeur. Gardons patience et réserve, la note est dans la bise. Harpiste, l'Éole ? Janséniste à ses heures. Et clappe le drap dans la cour. Et claque la porte dans l'entrée. Le sol perd sa rime, feule et s'affole. Mineur, le do, bébé s'endort. Gageure du sol domestique dans l'alcôve. Les dieux Lares sont bénis.
Arachnéenne, la toile. De bric et de broc, le pantin. Hou ! hou ! le chocolat est froid. Qui c'est qu'a menti en latin ? Méchant petit garçon ! Pinocchio n'ira pas au bois. Nez trop long, éclis (*), nœuds apparents. Une araignée y a tendu ses rets, veuve joyeuse à dada sur l'appendice. Le malheur des uns... parfois...
(*) Terme marinier. Bois éclis, fendu.
Par ici la monnaie, mécréant ! Cheval à bascule pondant des perles d'or. Lady Butterfly n'a pas perdu son temps. Femme d'un homme, amante meurtrie (trop de bassesses), un si bel amour ne pouvait que se pendre. Qui croire, de l'aveugle ou du sourd ? La richesse arrache un désir, « l'orpaille », le débauche. Trois lettres au mot fin, c'est si peu pour tant (sic). Pauvre dame Butterfly.
Pin-pon ! fait le rouge. Stop ! fait le triangle. Hô ! fait le point d'exclamation. J'ai la tête qui déborde de signaux, de bip et de tut. Attention ! La contremarche guette le randonneur. L'âne a bon dos qui se ramasse les engueulades. Attention !! Passe ou passe pas ? Ça clignote, ça se tâte entre deux teintes. Pas vu, pas pris, j'y vais. Attention !!! Nadar surveille ses barrières du haut de son projecteur. L'espagnolette est en promo, faudrait p't-être s'magner l'cul.
Un homme, une chaise. Un bras, une assise. Un baiser, un plongeon. Un sexe, un abandon. Rêve de femmes que le malheur frappe et cogne. Aube claire et rangée sur une vie nouvelle. L'entrée des artistes est aux oubliettes. Prière de passer par les caves. Battez-vous, jouez des coudes, poussez – poussez fort, c'est coincé. Les places sont chères (une honte !), les vœux se vendent à la pelle au music-hall de nos amours.
Danse, Pirandello, danse ! Danse même diablement. Enfantelet damné qu'un ange adopta, à un cheveu faillit se doubler ta peine d'un fer en enfer. L'ordonnance dérapa : peau de banane au goût de goyave mûre, tu partis de ton île en mer. Jeudi t'attendait de pied ferme, tu arrivas un mercredi. Ruban bleu pour toi, brave couillon aux yeux tristes. Que n'écrivis-tu l'éloge de la fuite, guide primaire pour adultes en déroute qu'un vent blafard dirige.
Jasna Góra, vous me confiâtes un soir : « Il n'est de peine que profonde et sincère. » Vive inquiétude. Qu'ai-je à ressentir, moi qui loge en surface, respire en surface, assimile en surface ? Mon imprégnation, là-dedans, est-elle comptable ? Est-elle seulement imaginable ? Souffrais-je carrément lorsque cela, et ceci, se produisirent ? Que n'ai-je mesuré ces peines au galon de mon vécu ! J'exige dorénavant mon prorata de profondeur, ma quote-part de sincérité (Avant terme ? De préférence. Majorés ? Encore mieux.).
Quinzième du nom. Son orangerie se meurt. Quinzième fils – exit les filles. Transparence de l’aménité, parité dans l’hérédité. De siècle en siècle, que des usines à verges. Un portrait, peut-être ? Avec le petit dernier sur les genoux. Montrer la femme ? Non, la matrice. L’aîné en avant-plan, je vous prie. Oui, comme ça, merci. Aux dernières nouvelles, il n’y aura pas de suite. La lune est pleine pour la seizième. A elle, l’orangerie défleurie. Manque de couilles ! Titre et nom s’enfuient à toutes jambes.
Horaires élastiques, contrats pathétiques, muscles caciques. Au pas ! Au trot ! Au galop ! Plus vite que ça ! On s’impatiente là-haut. Un cierge pour l’actionnaire. Le douzième est gratuit, un avantage de la Maison. Tout doucereux, le félin. Gant crochu sur patte veloutée. Z’avez la carte ? Promesse de pourcentage... Miam. Les crocs, eux, viendront avec l’ancienneté. Trente ans, c’est bien assez. Trente-cinq ? Le barème menace. Sénilité précoce, manque de rendement. L’indemnité au rabais, c’est pour demain.
L’Amérique est loin. Tsoin, tsoin, tsoin. Hope, espoir. « Glandissime » vocable de nos subconscients qu’entretiennent des loteries improbables. Calimero s’étiole. Une pendaison est envisageable. « Allo, j’écoute. » fait un tabac sur les ondes. Ça suppute de partout. Sainte Caféine n’a pas fini de bosser. Olé !
Corrigez-moi si je me trompe : des races disparaissent. Détrompez-moi encore : des cétacés se suicident. Le cas échéant, balancez cette phrase : des ours polaires font les poubelles. Même les cafards ont le bourdon. Il manque un assez à ce plein de trop. Permettez-moi de me faire équidé et de ruer dans les brancards. L’on me dit franche du collier. J’ai cependant du mal à monter sur mes grands chevaux. Qui peut arguer d’une totale innocence et, sans craindre l’épée, annoncer en face sa parfaite neutralité ? Qu’il ose ! qu’il avance et se montre ! S’il en est un, un seulement, ou une.
Rentrons au village. Allumons un feu, l’âtre est prêt. J’ai chassé les termites hier. Il s’en est fallu de peu, une rime discrète, pour que la serrure se refuse. A chacun son rossignol. Le parc a éployé ses ramures. L’ombre y est porteuse. Un loup ne pourrait mieux envelopper, assourdir, escamoter. Elle cache bien son jeu, la coquine. Quel âge a-t-elle au juste ? Une ombre qui se fiche du soleil a tous les droits, partout et ailleurs. Une clef ne pourrait la saisir, même pour le musicien. Il est dit qu’un soir, un spot chassa une ombre. Plein de fougue, il éclaira si bien et si fort qu’au matin, il grilla.
Gratte, ta peau. Gratte et fouille. Coupe et soulève. Trifouille. Dessous, la blanche sphère tu prélèveras. Jeu de boules, jeu de dupes. La tumeur est maligne qui ramifie par-delà l’anathème. Hé, hé. Les lèvres auront beau prier et gémir, rien n’y fera. Rien. Rien de rien. Une peau se marchande au discount du Grand Hôpital du Risque.
Athars, l’activation est pour bientôt. Qui sont-ils, ces braves qui marcheront au sacrifice ? Quelles sont-elles, ces voix qui soulèveront monts, vaux et montagnes ? La terre est ronde dans un univers elliptique. Ça tourne et ça se détourne. Un bref retour, peut-être ? Pour l’ordre, pour la mathématique, pour l’absurde autant qu’il peut. Je me hâte et me déverrouille l’âme. L’encens est à son poste. La route semble longue encore. Quand rira-t-on si fort qu’un nuage crèvera au midi ? Quand ?!
Semblance, nous sommes tous en semblance. Un moustique zézaie sous ma plume. Ça frotte, et arrache. Une pellicule s’en va dans un ru d’encre. Et je meurs. Combien de petites morts ais-je ainsi affrontées ? Dix, vingt, plus ? Ça languit dans les textes, ça foisonne dans les dicos. Où sont les mots de la passion ? Où sont les ventres qui hurlent à la Vérité ? Cherchez le cœur. Facile, il bat. Un frappement arrête l’aiguille troisième. Entendez ce soupir. C’est le cœur, le cœur qui raconte, qui compose et tangue. Trouvez le cœur.
Benjamin d’une fratrie, Gargantua demanda un jour à sa mère : « Dis, m’man, pourquoi qu’on mange ? » « Pour vivre. » répondit-elle. « Pourquoi qu’on vit ? » renchérit-il. « Pour manger, pardi ! » conclut-elle. L’œuf s’est taillé en quatrième vitesse. La poule itou. Trop compliqué, ça, madame. L’œuf aime la vie simple. C’est blanc ou c’est jaune. Entre-deux, y a pas. Faites-le sortir de sa coquille et il se fâche, se répand en imprécations, vire au glauque. L’œuf a cent ans, l’œuf a mille ans. Il vient de l’œuf qui vient de l’œuf qui vient de l’œuf qui vient de l’œuf… « Dites voir, pourriez p’t-être résumer ?! J’ai un œuf sur le plat, moi ! »
Une chute à tout, à tout prix, à tous crins. Chutons, chutez, chutent. Toujours des pluriels, une chute ne vient jamais seule. Chez moi, c’est par trois. Et vous ? La chute, c’est la casserole. Pas de gentil filet.
« Le pauvre, il a chuté bien bas.
- Qui a chu choira, c’est bien connu.
- Imbécile, ça vient de choir.
- Et alors ? Si on choit, on chute. Le Québécois « chus » bien quand il est, lui.
- Le Québécois, il est logique. Pour être, faut chuter. Pour chuter, faut choir. Le cul par terre, j’vous dis. Les quatre fers en l’air. Et pas de chabadabada ! »
Tarif, je fais de toi ce que je veux. Je te manipule, je t’entourloupe, je te maquille et t’opercule. Client, tu n’es rien sans moi. Je te séduis, je te mens et t’entube. Puis je me targue, me gausse et m’enrichit. Le manège des p’tits chevaux sur les grand-routes, c’est moi. La tombola du service après vente, c’est encore moi. Le carrousel des brut(e)s sur cash, c’est toujours moi. Pas pu payer ? Passez par l’escale huissière. C’est moi qui relance les dés. Je suis le meilleur, je suis fute-fute. Et je gonfle, enfle, boursoufle et abonde. Qui suis-je ? (*)
(*) Le grossiste. Ou autre. Ceci est une Q.R.M (question à réponse multiple).
Nos maîtres de cérémonie sont toujours solitaires au jeu de dames. Un pion, une case, et des bonbonnières pour les loukoums. Façon de mener le bal, manières chochottes des culs de coq en balade. Ils sont beaux nos ministres ! L’ont des boutons de manchette qui scintillent. Et des pieds élégamment nickelés. Tremblement de terre. Un pas de travers et tout s’effondre. Sont pas exquis, nos ministres ?! Frileux bas de soie et petites pépées. La fête ne fait que commencer.
Empreinte canine sur le mors, mors aux dents en réparation. Mécanicien-dentiste qui se lamente. Manque de porcelaine aux feux. Renouveau du tungstène. English Hospital en déroute. Il serait, pourquoi pas ? judicieux d’armer nos consciences d’un peu plus de grandeur. Une frontière, trois frontières, huit frontières. Ça se morcelle, ça se querelle. Passez à l’Est et souriez, on blanchit gratos.
Passe, passe, passera. Un navire, immense, fend l’océan. Un enfant joue sur le pont E. E comme étoile, comme évidence, comme éloignement. E avec accent ; aigu, l’accent, bien que follement grave. « Abracadabresque ! » L’étoile de l’enfant s’éloigne, c’est évident. L’enfant pleure. Il a perdu sa fée. Le navire gîte. Poséidon a ses humeurs. L’aqueux devient susceptible. Un braillement et s’abîment les flots en fâcherie. Des larmes malheureuses flottent sur la brèche. Le trident n’en a cure. De renommée ne lui reste qu’un écho à Kyoto. On lui forge la main.
Autrement pensé qu’un imaginaire au mieux de sa forme, différemment constitué, ardemment motivé, bravement conçu d’une bonne dose d’amour et de terre, tel va-t-il d’un bout à l’autre des mondes. On le dit aventureux, il n’est que porteur. On le suppose curieux, on l’envie et on l’aime, puis méfiance. La connaissance sépare, immanquablement. N’use-t-il pas de mots pittoresques ? Ses souvenirs ne sont-ils pas étrangers, étrangers parmi les siens ? Cette âme mourra seule.
2012. Ha, ha ! Ça va tonner, exploser, irradier, « eschatologer ». Panique chez les hommes ! Faudrait peut-être minimiser ? Jamais de la vie ! Il leur faut une fin, à ces loustics. Ils l’auront, d’eux-mêmes. Hi, hi… Moi, j’me marre : je ris et j’gribouille. Et je vois tout ça partir à vau-l’eau. Pire encore. Moche. Médocs pour les superstitieux : la paranoïa a son Xanax. Ce n’est pas une fin, les enfants, c’est un début. L’enfer voit son sol se cimenter des plus belles espérances. Fine tactique de Dieu – à moins que le gendarme… (*)
(*) Pour plus d’information, se reporter en bas de page (addendum).
Comme un goût de cigarette qui s’éteint. Blablabla. On mâche, on remâche, on rabâche. Mastic, le chewing-gum. Ça adhère dans les palais. Ron, ron, ron. Satisfaction indigeste, le suc remonte et brûle. Un chat gravit la george. Roue voilée, rouage innocent qui se grippe. Un canin aboie. Aucun caravansérail à l’horizon. L’aire de la gloire s’inhale en puff.
Un cacique cassa sa pipe. Une sirène se noya – en toute sérénité, je vous l’assure. Le Beaujolais, enfin, arriva. Pas bien neuf mais il fit l’affaire. Un peu de sable dans le cul. Pas un dépôt, plutôt un fond de tristesse. Quelque chose comme une nostalgie. Un bal musette y traînait quelques notes, les mains sur les fesses. Relents aigrelets d’une java avinée, sourires en coin et canotiers de guingois. C’était pas l’Pérou mais ça l’valait bien. Y a des quand même qu’ont des remontées d’atmosphère.
Rentrez ce gros dos que je ne saurais voir. Il est une insulte à ma face. Gagez que je ne vous envoie chez le peuple nécrophage. Vous y feriez un excellent gigot. L'agneau en bêle de ravissement : que les humains s'amusent à lui pincer la queue dans le froid d'une église, c'est une chose, qu'ils l'engraissent pour le tuer et l'engloutir, là, il revendique. Je ne pense pas que l'agneau accepte toujours, encore moins qu'il tolère. Votre gros dos serait si charmant persillé. Un petit tour dans la baignoire ?
C'est si beau l'amour. L'amour sans fin et sans histoires. L'amour correctement orthographié, conjugué, imprimé. Un amour de papier photo romancé. Lèche, ma fille, lèche ! C'est à la fraise. La banane est totalement « splitée », le chocolat s'en plaint depuis ce matin. Cours d'amour-toujours à la téloche. Ça déchire grave. Trop d’la bale, ces djeunes. Les prix : carrosse pour les princesses, massacre pour les X-Men. On est fait pour s'entendre...
Un fameux zéro, ce zèbre ! L'a tout d'un verrat en chaleur. Zut au rut ! Plus envie. Je m’rabats sur susucre, une chtite mise en plis et j'm'en va. Fini de sucrer des caroncules hors saison. La pomme d'hiver est flétrie, j'accepte. Ça butine dans les vieux greniers. Sextoys rose poudré et poudre de riz. On folâtre en demi-teintes, on improvise, on sédentarise. Les voyages se font à domicile : pas de bousculades, que du feutré. On prend le pli, on se prend des plis, et c'est ouistiti !
Par le plus modeste apprend-t-on le plus sagement. Profonde est alors la conversion. L'image est peu de choses sans le mouvement qui, de préférence, l'accompagne. Il n'y a ni sens ni lieu, ni perte ni gain. Juste des impressions qui prennent forme et vie. Coulez-y votre bon sens, votre bon aloi, votre bon vouloir. La lumière est un son que nous n’appréhendons pas. Cette surdité nous handicape, pauvres hères que nous sommes. Une couleur pour une émotion, un emballement du vertueux qui se lâche, des paillettes sous les cils, et le bonheur, tendre bonheur, qui donne de son ampleur.
Philanthropie est un mot de trop dans le bec de l'ara, déplacé. Les plumes auront beau s'endimancher de mille et une exigences, l'Himalaya sera toujours aussi haut. Un arbre y pousse cependant, que l'eau des glaciers abreuve. Le végétal gazouille dans ses feuilles, s'ébroue par la racine, se sustente de nos résonances. Loin, il porte l'ouïe, avant comme après la pluie. Un arbre nu de voeux, dépouillé en son centre, atone, croirait-on. Mais la nuit venue, la nuit, la nuit, un homme le visite, un homme apprend, un homme comprend. La nuit.
Il gravit une marche du temps au vent majeur des premiers âges. Sorti de l'eau, esseulé, mouillé, ses yeux observèrent l'hostile. Tout était brumeux et fixe. Il avança un moignon de patte, attendit, s'enhardit et lécha le sol. La terre était moite, chaude et grasse. Il cracha. Quelque chose comme un courant l'enveloppa, sécha ses écailles, puis fuit en sifflant ; une onde magistrale, plus sonore que les abysses, tempétueuse, impérieuse. L'Inconnu. Ses pattes balbutièrent, il dut ramper, faillit abandonner, puis, dans un extrême cambrement, rejoignit mer et père. Il fut le premier Colomb.
Gracieuse danseuse, jolie Leslie. La voilà qui traverse les planches. Pointe droite, genou plié, petits battements, pointe gauche… en avant le déhanchement. Tendre Arlequine au nez mutin, révélée en Technicolor, quel est votre rêve ici-bas ? L'existence se conjugue à différents temps. Consécration n'est pas raison. Solitaire est le diamant en son écrin. Permettez que je m'immisce. La toile est sèche à présent. D'autres prises peuvent s'y plaire et s'y confondre. Un passé ne se dessine-t-il pas au présent, au présent singulier de son propre panorama ? Point de retour mais des ricochets dans un lac en formation. L'enfance est si proche.
Goodbye, vingtième siècle. Je te donne mes souvenirs, je te donne ma jeunesse. Garde-les, emporte-les dans les entrelacs de l'oubli. Peu chaut au millénaire troisième. Qu'ils gagnent ces milliards de mémoires qui dansent avec Gershwin, roucoulent avec Sinatra, rient avec Raynaud, soupire avec Fresnay, ou languissent avec Philippe. Drôle de parcours pour un drôle de drame. L'aigle n'a pas deux têtes mais des mille et des cents. Partage de ce qui était omniprésent. Je ferai la fête autant que possible, j'allumerai des bougies qu'un Lampernisse éteindra passionnément, et je chanterai au besoin. La vie est un don précieux que l'Eternel allaite en son sein. Que ne ferait-on pour Edwige !
Une question a taraudé mon enfance : qu'est donc le souci du souci ? La fleur mange-t-elle sa peine sitôt butinée ? Ou pleure-t-elle ses pétales à l'automne ? Qui lui conte ses limites à l'âge du bourgeon ? Obéit-elle, se soumet-elle, ou s'engage-t-elle ? En elle, à n'en point douter, une humanité redoublée. Pétales fânés découvrent le monde d'en bas, causent avec les radicelles, parcourent quelques lieues, ensuite s’étiolent. Des pétales de souci perclus de petits ennuis qui s’en vont en poussière. Poussière qui rejoint l'air qui enfle mes poumons. Etrange respiration où le souci s'expire jusqu'à sa délivrance. Repos.
Ils se disent frères en confrérie. Il m'a pourtant semblé que le tir au pigeon s'ajustait aux mollets. Est-ce donc à cet endroit que tout se philosophe ? Une si chrétienne tolérance m'interpelle. Laxisme ou pusillanisme ? Un coup de balai serait nécessaire, ce me semble. Non pour la coiffure, mais pour ceux et celles dont l'entregent n'est pas une finalité. Réveil ou renonciation ? Allez savoir ce qui les motive ! Vieux Bouddha jamais ne voudrait marcher sur ses pas. À croire que les leçons n'existent que pour être serinées.
L'ennui. L’ennui est un outrage, une gifle, un vide incommensurable ; pas même une masturbation de l'esprit. Un ennui est toujours, toujours à la mesure du déclin de son usager. La propension fait bondir. J’affirme : pas de compromis pour cet oripeau ! Ététons l'oeuvre, elle pourrait s'étendre et blesser l'intention. Que de pauvreté dans cette inexistence, que de honte ! Un luxe pour les pauvres d'esprit, la vocation des cons.
Le jour se lève... sur un garni. L'homme a tué, il attend sa délivrance. Victoire ! Combien de vies misées sur un même procès ? Pour quel score funeste ? Montée en puissance des hécatombes ; des “ dégâts colatéraux ” sont à redouter. On verse son p'tit chagrin en toute officialité - en vitesse, le homard n'attend que d'être ébouillanté, vif. Les robes noires froufroutent, au comble du ravissement, d'une si belle aubaine, d'une réjouissante publicité. La mine reste de circonstance, bien entendu. Faudrait pas... Non, faudrait pas... Enfin, vous savez... C'est si peu dire que...
Carmencita, mi querida, ma fille, mon enfant, ton caddie déborde de tes rêves. Magazines déchirés, poupées immolées, mascara desséché, et des nounours, des tas de nounours, énucléés, éventrés, estropiés… rebus d’une société repue. Nos poubelles enferment nos tares, un zeste d’abus pour ceux qui crèvent la gueule ouverte. Loin de nos regards – sensibles, les regards, très, très sensibles –, grandissent des montagnes. Un monde y vit, y rampe, y prie ; aristocratie secrète percluse de misères, bientôt plébiscitée par une presse en rupture de scoop. Une bougie pour les droits. Jamais guirlandes ne paraîtront si illusoires.
Monkey bong et bing et bang. J’ai la tête qui délire. Combien de temps me reste-t-il avant que tout chavire ? Le sablier a basculé voici des mois, ou des années ? avant ma naissance ? Ffchsss fait le sable en s’écoulant. Mes tympans en frémissent. La vision est odieuse : des lèvres lippues, humides, rosées ; un filet de salive les relie ; la bouche gonflée de bœuf va parler… une sentence… elle éructe un NON ! à la face des peuples, puis reprend sa place et s’affaisse, molle, menaçante. Le souffle de Kang Shen est au pied des dix mille marches…
Le méchant loup ouvrit bien grande sa gueule. L’assemblée attendait, bouche bée. Un couac sortit, suivi d’un « hu, hu » peu en train. Le loup rougit, son poil s’affaissa, la queue basse. Jusqu’à son ombre qui se recroquevilla. Face à cette foule réapparut le complexe du loup. Le malheureux complexe du chasseur éternellement chassé. Un conte, une fable, et vous vous retrouvez dans une merde pas croyable ! Que dire des dos bossus, nez crochus, nains poilus et belles-mères ossues ?! Pauvres victimes en leur corps. Le cliché abonde là où l’imagination si mal féconde. Mise au point : c’est le pull-over (rouge) qui court après la cape (rouge), pas le loup.
…et pourtant, What a wonderful world ! (*) Ella était là, toute en rondeur et scat. Israel avait huit ans (**). La guerre était finie. Au début, tous étaient heureux. La vie, après tant de morts. La vie, simplement. Au début, on dansait, on festoyait autour d’un hareng, on s’embrassait et se promettait serments et merveilles. Un demi-siècle d’oubli, une année après l’autre : la couche résiste au marteau-piqueur. Le souvenir regimbe dans les livres, il appelle. Satchmo, réveille-toi ! Lève la tête, découvre tes dents magnifiques ! Chante, Satchmo ! Trompette la vie pour la vie, la note pour la note, le monde… pour la paix.
(*) Chanson de B. Thiele et G. David Weiss, enregistrée en premier par Louis Armstrong, 1967.
(**) Israel Kamakawiwo’ole (1959-1997), musicien et chanteur hawaïen.
« Promesses messianiques. Ils en ont de bonnes à l’arrière ! C’est pas eux qui s’ramassent les ananas. Métatron ? Ça fait des millénaires qu’on l’a pas vu. L’est parti en r’traite, qu’il paraît. S’la coule douce sous le tropique du Cancer. Enfin, façon de parler. Parce que là-bas, ça caille. Faudrait pas oublier sa p’tite laine, hein ? Alors, z’y allez, vous aussi ?
- (…)
- Ben, mon pauv’ gars, s’rez pas d’trop de deux dans c’t’affaire. Hè ! Deux vieilles caboches dans c’te jungle de jeunes pousses en furie… Faites-moi plaisir, envoyez-moi une carte postale.
- (…)
- Quoi ? J’m’inquiète, moi ?! Non, c’est pour mon p’tit-fils, pour le timbre… »
Catch de fleurs au pied de l’arc-en-ciel. Echec aux dames si le volcan gronde. Il gronde. Une tour s’effondre et bascule dans le Puits du Fou. Les clochettes tintinnabulent au garrot de la Cabro d’Or. La chèvre garde son calme. Un saut de cabri et le chamarré est franchi. Le fantastique aime la plastique, mais exècre son penchant masculin. Lutte fratricide, quelques-uns l’ont deviné. Telle est notre société, subtile ou non, infantile, malhabile, et tellement fragile.
Sémiramis, ode à mes nuits, participation du Verbe, quel est cet ennui qui vous tient et vous fait veiller si tard ? Sémiramis, venez à moi, mon aubaine. Digne fille du Seigneur, patientez encore un peu. Un matin naîtra où le chat aura sa perle et le volage, sa plume. Un présent pour chacun au temps troisième calibré. Les manies des uns sont les erreurs des autres. Ainsi va l’aube. Adieu Mississipi. Far away, endormissement de colombes. Un jardin y fut suspendu jadis que personne ne comprit. Peut-être que ce soir…
Des femmes, que des femmes, partout des femmes. Sainte Femme, es-tu là ? Sainte Femme, qui a bu boira, de la fée Tralala. Punch, recette : un dé à coudre de vodka (de la russe de Russie), trois dés de même de Fée Tralala, une bobine de cordon à bébés, six aiguilles de mots d’oiseaux (sans tête, bien entendu) (*), quatre permanentes à faire des anges et… et, et, et… du boudin de foie de génisse, pour les z’hymens. Amen.
(*) Spécialité culinaire belge : roulade de viande farcie.
Fantaisie d’un soir vaut tous les déboires. Ça sonne, hein ? C’est juste, non ? Va-t’en chaloir d’un si triste abreuvoir ! Soyons honnêtes, on s’en fout, des cochons. Seule nous chaut la date de péremption, point barre. Souvenirs de parloir attristent l’exutoire. Là, ça cale, ça bloque, et ça inhibe pour une vie entière. Ah, ces judéo-chrétiens ! Mes enfants, quel beau commerce pour les mouchoirs ! Merveilleuse trouvaille de consistoire, n’est-ce pas ?
L’original n’a pas d’âge, tandis que l’ancien vieillit et le jeune grandit. Dépêchons-nous vers l’âge noble, on remet des prix. Michaël Jackson remplace la rumba, une canne hard rock bat la mesure, mémé rappe dans les couches. Le saviez-vous ? On parraine les vieux depuis peu. Signez notre pétition, une bonne action pour nos décatis. 2040. L’Unicef s’en mêle, ça fait glousser les ados. Amnesty ne sait plus où donner de la tête. Non, je ne veux pas vieillir. Cessez ce cauchemar !!! Nooon !
Employé du mois, je vous adore. Uniforme réglementaire, casquette droite, souriez ! Et clic, et clac, la photo sortira le cheese de sa boîte. L’est dans le cadre, l’est content. L’a pas l’air benêt, non, l’a pas l’air. TOUS AUX ABRIS ! La mitrailleuse est dans le pré ! Joie sanguinaire au sourire d’ange, la baraque a pris feu, avec la pompière, qui a perdu les eaux, que foutent les secours ?! Au feu, bon Dieu ! Appelez l’employé du mois ! mon héros ! le sauveur de hot-dogs ! Deux bras, deux jambes, et un courage de bazar. Je l’entends. Il vient. Il est là. Smile beurré, projets en carton recyclé, anthropomorphisme dégénéré, la sclérose plaque ses mains sur un comptoir imaginaire : « Bonjour, que puis-je pour votre service ? » Lame farfouillant une plaie ouverte.
L’œuvre change de palier, et je m’dandine dans mon fourbi de soie. Le rouge s’annonce. Rideaux incarnats ouverts sur un nouveau voyage. Gracieuseté de sa majesté ; cadeau empoisonné. Les astragales ont de l’allure, mais encore ? Une diabolique martingale en guise de brevet ? Qui a sonné Crésus ? Je pensais le roi aux antipodes de nos préoccupations. Les pôles se déchirent. « J’vous jure, m’sieur, c’est pas ma faute, j’ai rien vu. » Au nord, on corne l’hallali. Au sud, la chose est déjà entendue : pas de balafres, juste le fer rouge. Quand le sceau, le flambeau et l’agneau se rallient sous une même bannière.
Arômes mesquins de la banalité. L’odeur des gens, la puanteur des gens. Untel a dit. Unetelle pense. Ah, ceux-là ! Et patati, et patata. Les morts nous entendent, les morts se désolent, les morts regrettent. Anacharsis subit jadis un égal préjudice. L’oracle resta muet. La Pythie le chassa. Et Sibylle… Sibylle sombrait dans la démence : trop de faux-fuyants, trop de gens, trop de rumeurs battaient la chamade dans sa tête. Impuissante Sibylle… Anacharsis se retrouva seul. Les autres – les gens – l’attendaient au tournant. De guerre lasse, il les salua de dos, puis rejoignit l’antre mère, la couveuse du bonheur, là où l’on aime, là où l’on ne juge pas.
Gardez-moi un peu de panache. La rose est à peine éclose, Mireille est à son balcon, et Paris, Paris s’oublie un peu plus chaque jour. C’est padam puis ça s’en va. L’écueil est au bout de l’escarpin. Le réceptacle est ouvert ; au centre, une mouche de nacre bleue. Chatoiement d’un foulard dans le zéphyr. Autorisation d’expulsion ? Accordée. Huit mille euros le mètre carré. Ça sent la charogne à plein nez. WC en panne, on s’impatiente dans les égouts. La rose nous dit son nom : c’est Florilège. Un goût de sacrilège flotte dans les roseaux. Là, un berceau s’endort, berceau du monde paré de sollicitude pour une nuit, pour une nuit exclusivement.
Au devant, nous avons la scène. Diamonds are a girl’s best friend. On finirait par y croire. À l’arrière, tout un cloaque de désillusions. Peines et mœurs, outrances en termes barbares. La finance s’en mêle, et c’est coco girlies ! Camisole de vinyle en page trois : relisez votre syllabus, je vous prie. Le cycle n’est pas fini, il commence. On révise son bréviaire, la technique n’est pas au point. A quand l’armistice ? C’est Noël tous les jours au pavillon des cinglés. Un TIC fait toc, toc. Bruit de chaînes et de verrous. On déplie l’ordonnance.
« La femme blanche : C’est la première fois ?
- Le TIC : Han.
- La femme blanche : Tu connais la procédure ?
- Le TIC : Han.
- La femme blanche : T’es chanteuse, qu’il paraît. Ben nous, on va t’faire danser. Marcelle, emmène la star à sa p’tite scéance d’électros. »
Il s’abreuvait au sommeil d’hiver, sans plainte ni profit. Un frais matin de printemps le taquinait une fois, deux fois, puis il se levait, sachant son devoir. En ce temps-là, l’hibiscus parlait toutes les langues, destin primaire des exportés. Néanmoins, c’était une joie de le voir apprendre, l’ardeur s’alliant à l’acquêt. La guerre survint un beau jour. On vit le printemps disparaître, l’été courir après l’automne, que l’hiver engouffra en moins d’une semaine. Les gîtes furent détruits, les stukas venus du ciel rougissaient la neige. Tous se perdaient et tout fut perdu. Lui et quelques-uns survécurent, cherchant le sud, scrutant les horizons. Plus de flair, plus d’arbrisseaux, il fallait muter, ou périr. Le corps connaît son affaire en la matière. Aussi, le corps s’exprima. C’était en décembre. Un décembre germinal, ancré en toute mémoire animale.
Il n’est pire faux ami que celui qui ne voit que ce qu’il veut voir. Conseils fuligineux, point de vue unique, complaisance d’un esprit tout en laisser-aller. Mensonge, absolument, mensonge. Petit Poucet ne semait pas son pain en vain. Parlons-en, des traces ! Archéologie de carnaval, découverte has been : où en sommes-nous ? Une capote pour les fragiles, les décalés, les désaxés. Silence ! Que l’on fasse taire les bien-pensants, les censeurs de quatre sous, et autres donneurs de leçons. Silence ! Eteignez tout ! Laisse-toi aller, Petit Poucet, baguenaude, musarde, coupe le fil en deux, juste en deux, et garde la meilleure part pour toi seul. Parce que tu le vaux bien.
Des vacances à Orange quand la pluie donne. Pierres mouillées, ruissellements sur un passé aux abois. Un archange tressaille ; frémissement dans l’air saturé. Les vendanges sont pour bientôt, dit-on. « C’est la faute aux vieux. Nous, on voulait pas. Trop tôt. Mais le père, il a hurlé : « Un peu de respect ! » Alors, on s’est tus. Le père, il ferait bien de pas vieillir, qu’on s’est dit. Parce qu’après, respect, c’est nous ! » Sagesse d’antan a perdu de son mordant. Que se confient-ils d’une chaise à l’autre ? Des secrets d’anciens, pardi, dont une moitié au moins fond sous les soleils de juillet. La canicule ravage, et c’est bien dommage. Observez. L’ascendance prend de la distance, se recroqueville, évite. Méfiance instinctive. Nous sommes perdants à ce jeu. N’oublions pas : nous vieillissons tous.
La peine chasse l’enfant dans son coin. Dame Aventure l’y attend. Un contrepoids, une sauvegarde ; mieux, un rivage. Ainsi va la vie, ainsi décline le chrysanthème. « Qui veut la photo ? » « Tu prends le bahut, ou la commode ? » « Jean-Marc a toujours eu envie de ses jumelles. » « Tu crois que je pourrais garder les bagues de maman ? Il me les avait promises, enfin presque… » L’enfant rêve, le rêve s’attarde, les adultes aussi. Le ton monte en bas, mais l’enfant est trop loin. Les rapaces avaient un père, un oncle, un cousin. Avaient. Partage dans la boutique à souvenirs, au pied du défunt cliché ; parenté au plus vil. L’homme meurt une seconde fois.
Un dieu s’est vu mettre à la porte : deux siècles de punition ! Le dieu partit, foudre sur l’épaule, sac au dos. Il en profita pour visiter les collègues. Deux cents ans plus tard, il revint. Un scellé barrait l’entrée du domaine. Y était écrit : fermé pour cause d’absentéisme. Pris de colère, le dieu foudroya les portes, qui s’abattirent. Deux siècles de poussière l’attendait. Des autres dieux, aucune trace. Incrédule, il se dirigea vers son trône, s’assit et pleura. Sur terre, on essuya quelques inondations en grommelant, puis le soleil revint et on désapprit. Il y a de cela douze mille sept cents ans, à peu de choses près. Le dieu est toujours là, seul. Il a pris la poussière, lui aussi. Brave soldat prêt à répondre à l’appel d’un bâton d’encens, d’une bougie, d’une obole. Nos dieux nous ressemblent tellement.
Tempête dans le chenal. Un bateau sombre par le fond. L’écueil n’avait pas dit son dernier mot. Il se nommait Cerbère. Au temps de sa gloire, on l’avait vu braver des grains devenus légendes. Posé sur le sable depuis quatre générations, loin en dessous, il ne gênait personne. C’est peu dire qu’on l’avait oublié. A flot, le géant n’était pas un Atlas mais la bravoure le commandait. Ses voiles, mal façonnées, souvent en ralingue, grognaient aux vents mauvais. Pourtant, le capitaine n’en aurait pas voulu d’autres. Seul homme capable de mener son navire, le marin mourut avant quarante ans. Aucune femme ne le pleura. La mer avala son corps en une fraction de seconde et jamais ne le rendit. Le second prit la barre et aborda le chenal, voulant rentrer au port. Mais les voiles refusèrent des mains si peu habiles à les gouverner. Cerbère rejoignit son maître quelques heures plus tard. Il est des tragédies qui n’alimentent que la sagesse des hauts-fonds. Serenitas.
Flamboyante Jasna Góra, je collerai des pierres partout et je cacherai mes bijoux. Là-haut, en bas, nous sommes tous fous, de vous, de nous. J’en sais des quintaux sur le rien, et je m’en vante. Roarrr ! fait la lionne à la panse satisfaite. Et moi, et moi, et moi ? Moi, je dis zut ! Je dis flûte ! Je dis taïaut ! Eurêka ! Chérie ! Et chiche ! Chiche que vous m’aurez pas ?! Chiche que je m’empiffre avant le repas ?! Chiche que j’cause avec les nuages quand vous z’êtes pas là ?!
C'est la fin.
Pour tout dire, je ne suis pas de ce monde. Gageons que le mien me reviendra. Athars, cette planète est lasse. Son univers se délite, se dessèche. Le venin est dans la poire. Je hais les poires. Et vous ?
Poirier causant au soleil, lui contant ses mésaventures de vers. Pauvre petit poirier qui dort chaque nuit sous la lune. La belle semeuse de marées poudroie loin au-dessus, sourde autant qu’elle peut. Regardons-la, admirons-la, mais surtout, surtout, ne la touchons pas ! Du cosmonaute casqué, elle pourrait se méprendre.
Je n’ai pas d’histoires pour vous. Mes histoires appartiennent à mes pudeurs. Qu’on le clame ! Jamais une graine d’enfant n’aura été si timide. Le nain de mes pensées sait, lui. Mais je le garde au chaud, prisonnier, torturé par mes silences.
Un trou béant, profond, s’étend loin dessous la terre. Ses ramifications sont immenses, inquiétantes. Méfiez-vous ! Gardez-vous ! Le trou vit, respire, expire aussi. Ses parfums sont tentants, bien que puérils. Qui vit dans de tels méandres ? De la poudre d’os, assurément. Cadavres de nos illusions.
J’en sais peu sur l’homme, sa société. Si peu. Mes mots sont pauvres. Confiance : des syllabes (trois ou quatre ?) qui se perdent dans l’oubli des dictionnaires. Athars, viens à moi, montre-moi le bourgeon dans la brume et l’aube qui pointe à travers le lichen de mes désespérances. Fais-moi femme, ravis-moi, enlève-moi. Jadis, j’étais. Le croyais-je ? Réflexions… Pas de réponse certaine.
Il faut encore accuser le coup. Ne pas férir. J’en sais qui médisent. Méchants ! Les anges leur diront non. À quoi bon s’obstiner à vouloir mieux quand de si pires s’assoient sur leurs certitudes ? Du jambon pour les porcs ! Cruauté suprême de l’individu qui s’oublie. Ne le faisons pas attendre, il est si pressé.
Le vent vous en dirait si et tant si vous lui confiiez une oreille. C’est qu’il voie du pays, le bougre ! Attendons-nous au pire (de sa part). Sa colère est fameuse. Gronde, gronde le vent, et s’enrhume. D’une pichenette, il balaie. Jamais seul dans ses hauteurs stellaires. Un vent qui a de l’avenir, un vent immortel en son huit.
Parlons à présent du labyrinthe, voulez-vous ? Vous y croyez-vous perdu, désespéré, au bord de l’anéantissement ? Normal. Le minotaure veille… à son bien-être. Égarons-nous-y ! Voilà le secret. De la perte naît la connaissance. Rien de nouveau sous le soleil. Si ce n’est notre frilosité à tout, même au presque rien.
Je n’aime pas les champignons. Ils peuvent anéantir. Dangereuse est l’odeur du sous-bois. Elle s’insinue, humide, nauséabonde. Une odeur de mort lente. La corde est dans le pré. À côté. Elle n’attend qu’un soupir, ultime soupir, pour toute publicité. Une corde est faite pour attacher, c’est connu. Méfiez-vous des cordes innocentes : des fonds de tiroirs qui puent.
Rapide pont d’idées : l’adolescence. Période bénie où la jachère n’a pas sa place. Force, oui, force, apprentissage violent de la force. Tout, partout, est éternelle adolescence. Dans le geste, dans la parole. La plénitude gémit au placard. Crevons l’abcès de cette adolescence. Peuples, amendez-vous de cette idole !
Athars n’est jamais loin. Il me parle, me souffle les mots de ses états d’âme. Être divin aux mille corps, il est vaste et bienveillant, même dans la guerre. Jacques a dit : « Souffle sur ton ombre, disperse-la et suis-la. L’unité peut aussi s’épanouir dans la dispersion. »
Que faire de la connaissance ? Une pépite peut nous mener loin. Mais la folie guette l’avare, du coin de l’œil, à l’affût d’une moindre faiblesse. La folie dans tous ses États. Parti pris des sots pour qui la justice bave de désir. Vanité, ô vanité !
Je suis en bien piteux état aujourd’hui. Des passions se déchaînent auxquelles je n’ai pas droit. Accès fermé, route barrée. J’ai mal. De la souffrance en kit, « twittée », maillée d’ondes funestes. Banalisation du mal, empathie à tempérament. Pas cher, pas gai. La couette semble si confortable, tout à coup.
C’est pas pour dire, mais ça me révolte. Les oiseaux chantent, les cigales stridulent (en août, en tout cas) et moi, moi… je rêve. Je rêve d’un monde meilleur où je serais volatile, où le grain abonderait sous mes serres, où l’alouette, mon amie, plongerait d’aise dans la source de toute félicité. Du p’tit lait pour bébé Cadum. Songes cauchemardesques pour le CAC 40. Rassurez-vous, mes rêves ne sont pas galeux.
Et c’est encore cet enfant qui pleure ! Sa croix est trop lourde. Il a remis son âme à Dieu et son âme exsude. C’est extrêmement noble de sa part mais ça suffit ! Trop de noblesse sape l’envie de bien faire. Une histoire de poids et mesures où il semble interdit de voltiger. Les bonnets pourpres figent les meneurs. On ne restaure pas pour rien la messe en latin…
Moderato cantabile = mouvement lent, modéré, mélancolique. Finissons-en avec les grands vocables, ça urge, ça gaze, et ça crève de partout. L’instant est en retard. On ne vit plus, on précède. On ne ressent plus, on communique. Couper, copier, coller : un puzzle d’émotions déjà has been. Le futur du présent se conjugue au passé. Et moi, je loupe le train.
Première classe en voyage, première classe dans ma vie de vie en ville. Plus de hargne, plus d'obscénités, juste des gestes justifiés et sages.
« Ça existe, ça, monsieur ?
- Faut pas s'leurrer, ma p'tite dame. Vot' truc, là, ça n'tient pas la route. Première classe pour les pauvres ? Faudrait leur demander d'être polis, par-dessus le marché ?! »
L'espoir nourrit ma langue de politesses : un voeu qui ne connaît pas la famine.
C'est décidé, je me lance dans l'inventaire des chimères. Fi des dragons et des lions ! Je passe au carré, je mesure, je pèse et soupèse. Drôles de nuées que ces obsessions ! Les croit-on réelles qu'elles se précipitent et filent entre les doigts. Il n'est de meilleur juge qu'une intuition gagnée à la sueur de nos périls. Me contredirais-je cent fois que je recommencerais de dix mille façons. Le courage est âpre à la lutte.
Finalement, il n'est de plus beau combat que celui du pigeon. Digne animal s'évertuant malgré nous. Éboueur de nos grisailles et de nos manquements, je m’incline. Quel tribu as-tu donc à payer pour naître pareillement si mal aimé ? Je n'envie pas tes trottoirs. Mais je t'observe...
C'est fini. L'homme a tout donné. Ses limites sont dépassées, ses épaules s'affaissent. J'entends l'oiseau de proie qui crie à la lutte. Mais le noir absorbe la couleur et ne la rend pas. Le maître oiseau glatit en vain. Un coup de griffe vaut bien une bonne action. N'a-t-il pas maintes fois secouru la perce-neige dans sa montée vers la lumière ? L'aide est royale.
D'eau, nous sommes faits et d'eau, nous venons. Berceau aquatique aux antipodes du feu qui nous brûle, il nous faut pourtant concilier. Concilier pour aimer, aimer plus, aimer mieux. Ma demeure est bâtie de briques réfractaires à la malveillance, telle la volonté d’une femme de vagues et de flammes alliées. Un choix pour chacun.
Comment, et pourquoi, continuer à croire des choses qui n'existent pas ? Plus qu'une question, un questionnement. Si seulement... oui, si seulement la terre parlait. Si je me savais pouvoir écouter. Pavillons cosmiques ouverts à la pluie qui tambourine sur mon entendement. L'étroitesse n'est pas un habit qui me tente. Celui des nuages m'irait mieux au teint. Voyages en vue.
C'est un fait, je n'ai pas d'amis. Juste et que des rencontres, des coins de rue qui s'éternisent un peu, beaucoup. Voyez-vous la mandragore qui sourit au sperme dernier du pendu ? L'épée de Davos rompt le lien fragile. Nos tissages ne sont plus ce qu'ils étaient. Comme avant, comme dans le temps, comme quand c'était bien. Les madeleines du passé ont des relents de cannelle « cryosynthétisée ».
Chair et pain. Chair, la mère. Pain, le père. Les mamans ont toujours raison. Et les pères sont par trop absents. Autres moeurs, autre religion. Vers qui se tourne le soleil, ces temps-ci ? Mister Web voit tout, mister Web dit tout. Mister Web ignore la pudeur. Mais mister Web est Notre ami !
La mort figure dans nos annales. Pas la peine de s'y précipiter, elle a déjà pris rendez-vous. Que croyez-vous donc, vous, les prétentieux du verbe haut ? Un mot imprimé n'est pas une éternité. La planète en sait quelque chose qui est née sans lettres à l'appui. J'aime cette terre aux aurores qui s'éclipsent.
« Anne, ma soeur Anne, tendre amie, vois-tu venir à toi les moutons du ciel ?
- Quand bien même ? Un orage n'est jamais qu'une traversée du désert. Sois proche du do initial, tu pourras chanter avec le la la rosée du matin. Matins aveugles à mes sens. Les yeux crevés, je n'ai plus d'amour à mirer, plus de larmes à verser. Ma tour s'approche du soleil. Elle brûle, incandescente et fière. Je n'ai plus de larmes. Mais j'ai le lumineux ! »
Une pensée pour les seigneurs des Baux (*). Noblesse d'épée au sang chaud. Pierre entravée par la marche du temps. Barral, Hugues, et vos frères, il fut une époque où vous resplendissiez. Lourd est à présent votre sommeil. Lourd, si lourd. Vos coeurs à l'abri des désirs, votre arbitraire au piquet, la destinée en berne. Baraques à crêpes et Chupa Chups ont étouffé la vaillance. La crasse estivale se désire épaisse, faite néante.
(*) Baux-de-Provence, France.
Qu'il est serré, ce costume de peau ! Par-ci, par-là, des pores s'ouvrent, à la lumière, à l'amour, à travers. Révélations ! Il s'en faut de peu qu'on se croie élus. Observons : peau douce ? ou peau brûlée ? peau d'institut ? ou peau engluée de mouches ? Le Ciel dispense ses bontés avec parcimonie. Le char céleste a parfois de ces crevaisons !
J'en sais quelques-uns qui hurlent à la lune, à la foi, au Tout : des rubis roulant dans les veines de l'obscur. Rouge est l'océan de nos passions. Les cris en bulles s'y perdent, éclatent sans un son, ne laissant que d'infimes traces au creux des remous de nos oeuvres. Pardon, faudrait-il dire nos exploits ?
Père et Fils rient sous cape. L'hyménée fait de plumes sauvages perd de son ardeur sous la botte capitaliste. Mais où est donc le doux, le fragile, le ténu ? De filigranes en transparences s'en vont les petites espérances des humbles. Donnez des miettes aux canards, ils vous diront merci. Père et Fils se gaussent. On en rirait à moins.
Le bleu est aimé. Le gris, le noir, le blanc tout autant. Où vont les jaunes et les verts lorsque le ciel se couvre ? Le brun est dans l'écorce ; le rouge, dans le sang ; et la feuille se fane. Finie la toute-puissance des boutons d'or dans les prés. L'humide vient-il à manquer qu'on s'enivre pour retrouver les couleurs. C'est cher payer ce qui est à portée de la main.
Valeureux hommes, où êtes-vous ? Je vous cherche depuis l'enfance. Peines et dépits m'ont quant à eux trouvée, ne voulant que m'affaiblir, me mordre, m'affamer. Vous les connaissez, vous aussi. On les nomme maladie, déception, petitesse. Invariablement aussi vilains et vampires. Nous sommes en pénurie d'ail cette année.
Qu'à cela ne tienne, je vaincrai. Vous et moi, nous vaincrons. Il n'est de meilleure alliée que l'envie, la bonne envie, celle qui a de l'avenir. Autour de nous plane la cupidité. Morve au nez des baveux. Pas de quoi fouetter un chat, pauvre félin. Cependant méfiance, le noeud se resserre autour du bien né. Grève de vulgarité au pied du Parthénon. Un scoop.
C'est sérieux, cette fois. La prise de risque est grande. Être malhabile équivaudrait à être sot. L'entente sera heureuse, si ce n'est parfaite. Des roses pour couronne, et du miel au banquet. Les principes seront pour plus tard. Auriez-vous oublié le parfum des roses ? Je vous le rappelle : le jardin est DE-rrière la maison, non devant.
La folie me guette, et me comble. Un clin d'oeil et c'est parti. La petite « clignette » des vieux, celle qui fait tant de bien au coeur. J'aime, j'aime, j'aime, et je suis aimée. Choisissez votre partenaire pour la danse ! Farandoles et tralala lalalère, cette année. On est fous, on est bath, on est slam. Et envoyez la monnaie !... euh... la musique !
J'ai toujours fréquenté les arrière-boutiques. Là qu'on discute, là que le café coule, là que le chat se soulage. Ça sent les souvenirs, qui débordent du seuil, ça résonne de petits gestes, autant dire des oublis, ça passe les années, les générations, faudrait peut-être rafraîchir. Sept milliards, ou presque, d'arrière-boutiques qui se croisent et se décroisent, s'adorent et se quittent. Boop boop a doop. Une chiquette dans l'infiniment grand. Et à l'autre bout de l'univers, quelqu'un qui tempête : « C'est pas un peu fini, c'boucan ?! »
Lève-toi et marche ! À six heures du mat', qu'il pleuve, qu'il vente, chaque matin. Lève-toi et cours ! Dans le métro, au turbin, dans les hyper ou les super. Lève-toi et avance ! Un pied dans la merde, l'autre hypothéqué. Le plus beau dans tout ça : lève-toi et espère ! Espère une conscience qui marche, court, avance, mais surtout, surtout, surtout, qui ne pense pas. Bénis soient les simples ; plus faciles à préparer.
Milieu de vie, milieu de parcours, milieu de tout - qui connaît son milieu ? Et une foule de choses à penser. Fatigue du milieu qui se veut charnière, qui pose ses ultimatums et réveille la nuit. Toujours prévoir papier et crayon à portée, éviter de perdre raison et distance (sauvons les apparences), et, l'évidence même, sourire au semblant – attention, n’hydrate que les couches supérieures de l’âme.
C'est bien pensé tout de même. Ça mange ? Ça digère. Ça respire ? Ça s'oxygène. Ça touche ? Ça ressent. Puis ça bave, ça crache, ça rote, ça pète. Une merveille de petite machine ! Attendez, c'est pas fini ! Y a la varicelle et ses boutons, le rhume et ses écoulements, la bronchite et ses glaires, le cancer et sa chimio, l'ostéoporose et son gadot. Tout ça si vous naissez sans encombres et frais comme un gardon. Bien sûr, bien sûr.
S'il y a une chose dont l'homme est certain, c'est de lui-même. S'il y a une chose dont je suis incertaine, c'est de l'homme. Et le panache, dans tout ça ? Il est au frais, avec les fourrures. Un panache mort-vivant, qui n'a plus d'odeur, prêt à faire la une quand le chagrin est en page six et la souffrance en page huit. Un panache qui sait se tenir, qui ne mange pas de pain et qui (de ça, je suis certaine) a fort à faire avec son image quand un tiers et un quart de l'humanité ne possède pas de miroir. Pantalonnades ? Vous avez dit pantalonnades ?
Le héros est en nous, parmi nous. Bandes d'affamés, ne le voyez-vous pas qui s'escrime et s'esquinte ?! Le ventre de Prométhée en saigne encore. Tous, nous sommes en demande d'une étincelle divine, d'un je-ne-sais-quoi d'unique et de sensible. Pour nous, rien que pour nous. Pas pour le voisin et sa tondeuse, ou la collègue dépressive. Encore moins pour le terroriste, l'assassin, le violeur. Dès lors, on crée un enfer, plusieurs couches d'enfers. On étiquette, on sermonne, on palabre. « Barman ! Une coupe de lauriers, s'il vous plaît. »
Un genre nouveau est apparu sous la montagne. Il gagne en terrain ce que d'autres perdent au jeu. Roulette des temps anciens, c'est l'heure du tea time. Geste soudain suspendu. Cinq coups et c'est bon.
« Croyez-vous toujours en l'aura des anges ?
- Je m'interroge. Blanche ou bleue ? A moins qu'argentée... ? Seigneur, quel débat ! »
Juxtaposition des genres avant la guerre. Du sel pour tout le monde ! Il faudra ouvrir les parapluies.
Il ment, je mens, vous mentez. C'est bien la peine de débattre la vérité. Au royaume du sol, les rampants se traînent, les échassiers plongent et les humains s'enferment. Dedans, dehors, c'est pareil, il n'y a pas de sortie. Seule une botte secrète pourrait... et encore... peut-être... j'en doute... Secret éventé perd de son charme, botte éculée n'a plus d'attrait. Alors quoi ? Une ch'tite brise sucrée pour s’évader ? Et si on frottait la lampe ?
Samedi 28 mai. Une abeille est morte cette nuit sur mon foulard rouge. Morte d'épuisement, morte d'avoir trop donné. Sa vie contre un centime de bonheur. On ne choisit pas toujours les bons. À quoi ça sert, tout ça ? Parcimonie obsessionnelle de l'égoïste. 28 mai, jour d’une abeille, jour de peine.
Porcelaines de mon passé, pourquoi vous fêlez-vous ? Le temps n'est plus à la fête ni aux menteries. J'en connais qui creusent leur tombe et se bâfrent. La terre murmure des sons inaudibles, n'est-ce pas ? Ira-t-elle jusqu'au bout de sa course ? Tel athlète aux jambes torses : il se meut, ahane, tombe. Un trophée ne serait pas de trop aux temps mauvais. Quelle farce ! J'en glousse de malaise.
Pain de seigle, arme lourde, carence de l'âme. Tout est révélé. Un mot, pourtant...
Le soleil est sur son couchant. Hâtons-nous vers le cimetière ! J'y verrai mon père et mes frères, adolescents fous ravis trop tôt, grands-pères et grands-mères adorés. J'y trouverai mon arbre et ses branches, toutes rendues à la poussière. De l'autre côté de la porte, ils me fixent, ils m'observent. Leur bouche s'anime, mais je n'entends rien. Quelle heure est-il, au fait ?
Jasna Góra, ma soeur à la peau noire, mon double de fumée, ta balafre se réveille et m'émeut. Vas-y donc, dans l'ébène de tes entrailles ! Fourrages-y, perce l'abcès le plus pur. Il soulagera l'amorphisme latent. Et un de perdu pour dix de retrouvés ! On est toujours gagnant au pays d'Adam.
Pom pom pom pom ! Ludwig a ses nerfs. Grognard, il drague le Rubicon de nos handicaps. Il n'a pas fini de râler. Atroce torture que d'être un génie : chaque création arrache une peau ; de la compréhension sous dialyse. Mortelle connaissance.
Espérez, vous tous des Assédic ! Bagnards gravitant autour des pôles. Le loup majeur hurle en sa forêt. Les terriers tremblent. Les pâtres s'affolent. Des flammèches entament la lisière et mordent. Frrt, frrt, frrt. Emmaüs a perdu ses boutons. Il les cherche, et se brûle. Charité bien ordonnée commence par la faim. Emmaüs n'est pas un site, c'est un don.
Qu'ais-je fait pour mériter ça ?! Phrase mille fois pensée. Le fond des âmes est trouble. L'heure est venue de les laver. Avec Savonexe. En un tour de main, Savonexe dilue le glauque et chasse le malodorant. « Grâce à Savonexe, ménagez du temps au sexe. » Barons du Pénis en Bourse, achetez Savonexe.
Au-delà du rivage, au bord de la plaine au blé brûlé vit un vieil homme à la pipe songeuse. Pas de médailles pour ses petites guerres, pas de croix sur ses trivialités. Il pense à Jaurès, qu'il n'a pas connu. A Vian, qu'il écoute encore. A Malraux, qu'il admire. Sa caravane prend l'eau. Pas d'argent, pas de tabac. Dossier refusé. Cause : aime le baroque. Le WIHC (World Institute for Human Condition) a repeint ses plafonds en rouge.
Ils sont là, quelque part, et se cachent. Dans un sombre cumulus, par-dessus les stratus, derrière une montagne, un dôme. Ils nous scrutent, interrogent notre sommeil. Leur présence est de mauvais augure. L'atome en fusion vire au carmin tandis que la mante aux ailes filigranées déploie son courroux. L'œuvre a commencé.
Et tangue, et vogue, et roule la chanson aux pieds d'argent. Souple et soyeuse, elle nous fascine de ses abondances au seuil du Grand Entendement. Oyez, peuples ! Oyez, mères-porteuses, mères-sagesse ! Oyez, les belles, les courageuses ! Gravissez la pente abrupte, honorez le mage au passage, l'enfant naîtra de ses cendres grises après matines. L'enfant aux pieds d'argent. Une multitude.
La seconde est en pleine ascension. Avant ? Après ? Non, pendant ! Limiter le temps qui court. Stop, arrêtez-vous ! L'instant est venu. Bille qui toupille ne va nulle part au printemps des amours. Paresse : be lazy ! ¡sea tranqui ! lui ben ! Comment ça s'écrit en caractères cyrilliques ? en mandarin ? en cantonais ? La lettre est légère qui transporte partout ses idées en grammes.
La main se lève, se dresse sur son poignet, écarte les doigts. La main se fait immense, apprentie du geste. Le tendon élastique, elle englobe, détourne, puis s’écrase. Claquent les phalanges, craquent les métacarpiens. L'aumône est rejetée. Allez-vous en, perte d'argent ! La boue se craquelle sous le carton, la crevasse se fait profonde. Passe ton chemin, piéton, y a rien à voir !
Vous êtes-vous déjà posé la question de l'importance du caoutchouc ? Non ? Il est temps, plus que temps, d’y remédier. Triste lacune. Hevea brasiliensis, nous te saluons ! Arbre noble, arbre prodigue, tu es malade. Trop de voitures, trop de pneus. Tes saignées ont été abusives. Ainsi, tu te rebiffes. Alors, tu t’accuses et t’abuses. Mort à toi ! En Russie, déjà, on triture le pissenlit par les gènes. Pissenlit nouveau, pissenlit tout beau, à combien de mois, d’années estimer ton indignation ?
Une mouche me pique ? Je tue la mouche ! Un brin d’herbe dépasse ? Je coupe le brin ! Gare aux chardons : mon agacement sera assassin ! Harmonie, je te veux ! Harmonie, je t’exige ! Mon mètre est mon bâton. Une tronçonneuse pour kalachnikov et chaque dimanche pour sévir. J’ai des truies pour voisins : adorateurs d’orties, je vous hais ! Cette terre est mienne, vous entendez ?! J’en fais ce que je veux ! Ce que je veux !!!
Creuse, la mite en sa laine. Se dessèche, le chou en sa terre. Se dépouille, le chacal en sa gale. Réjouissons-nous, pourtant. De toutes les essences, la lavande sera la moins chère cette année. Prévisions parfumées : des millions de moteurs s’éveillant au lavandin. Projection astrale d’une folle au pied bot ? Que nenni, mes amis ! Même le ouistiti me l’a dit : de l’homme, le singe en sera le plus ravi. Une question me ronge : à quand les pipis lavandés ?
Je puise, je pêche, je vampirise vos pensées, vos folies, vos maladresses. Je les absorbe, les digère, les effleurant avec frilosité quelquefois, avec curiosité fréquemment. L’angoisse me glace-t-elle que je rentre en ma coquille. Bernard n’est jamais loin. J’entends l’armoire qui gémit au fond de la chambre. Les portes ne ferment plus, le plancher n’est pas d’équerre. L’armoire a déménagé maintes fois. Qu’on lui rende ses chevilles d’antan, qu’on la cire et l’astique, qu’on l’oublie enfin ! Une paix d’armoire, c’est possible, me dis-je.
Un talon menace dans l’entrée. La peur se glisse sous les couvertures, elle est dans le ventre. À quand la défaite ? Bâtissons des murs solides, des murs épais et sûrs. Silence ! le talon gueule à présent. Au pire, la frontière. Au mieux, une amende. L’effroi glace les sangs. Ronflent les moteurs de l’avion qui renverra le père au carcan, la mère à ses fers, l’enfant à la rue. Impunité n’est pas liberté. Où sévissent les limites ?
Hey, hey, hey ! Hey, hey, hey ! La chanson du bonheur vous dit bonjour. Certainement pas de lacunes au gué, au gué. Entonnons la zizique du navet sous le saule, au bord du lac, à trois kilomètres de la grande ville, dans nos nouvelles sandales, sans parapluie, pour Emilie jolie, et avec monsieur le Recteur.
« Bonjour, Môsieur le Recteur. As-salâm 'aleïkoum.
- 'Aleïkom as-salâm.
- Taka takata. Une chanson pour m’sieur l’Recteur ! »
Treize. Treize desserts à table. Treize anges sous la lune, et un de trop au pinacle. Treize catholiques en vadrouille, et un manquant sous l’oracle. Quatorze. Et alors ?! On s’en tamponne, du quatorzième ! Quinze, alors ? « Pourquoi quinze ? » questionne l’enfant. « Parce que un et cinq font six. » « Pourquoi six ? » insiste l’enfant. « Parce que six est l’envers du neuf, et neuf, l’envers du six. » « Oui mais… » « Ta gueule, le môme ! Parce que j’ai dit ! Parce que les chiffres, c’est sacré ! Parce qu’on ne discute pas, on compte ! »
« L’autre : L’est pas marqué Lafayette, là ! Tout de même.
- L’homme tout seul : Bayonnette… cacahuète… et saperlipopette.
- L’autre : L’est pas un peu ouf, le maniaque ?
- L’homme tout seul : Pirouette et ciboulette ?
- L’autre : Ouais, faudrait p’t’être le colloquer (*), ou kekchose dans l’genre.
- L’homme tout seul : Chouette, la houpette ! Pouêt-pouêt, la voiturette.
- L’autre : Bon, j’appelle le SAMU.
- L’homme tout seul, à lui-même : Tabarouette ! Même plus moyen de rimer en paix. »
(*) Belgicisme. Interner un malade mental.
Carmin, Carmen. Les ongles rouge baiser et la bouche en cul-de-poule. Bouh ! le mérou. La beauté trépasse, l’enrobage est à son max. Fini de jouer, les mecs. Le plâtre sèche et tombe. Y a-t-il un chirurgien dans la salle ? Taxidermie, quand tu nous guettes…
Du bois tendre pour mon cœur blessé. Un avion passe qui écharpe le ciel. Un oiseau plane qui perd une plume. Carillons de septembre, sonnez le glas de non-retour. La rentrée en sécheresse, le cahier sous le banc, il nous faudra bien de l’ardeur aux champs nouveaux. L’ombre n’a jamais été une béquille.
Ensemble, nous sèmerons la paix et la gloire, prédicateurs fous. Nous ensemencerons l’aurore de multitudes infinies, de poudroiements en devenir et de baptêmes aux amendes douces amères. Rétroprojecteur braqué sur nos disgrâces, mollardant beuglant sa tripaille en 16/9, pana et vision, nous applaudirons nos tentatives comme autant de scores. Bis et bille. Ça roule, mec.
Holà, Christopher Walken ! Pas trop de mal, ces temps-ci ? Une aile brisée, l’autre en deuil, tu claudiques de l’intérieur mais ne dis rien. D’orage, le regard. Songeur, le cœur. Fatche ! Qu’ils aient tous au diable, pour une fois. Marche devant et ne te soucie de rien. Bien d’autres à venir s’esclafferont avec les hyènes.
C’est un matin de magiciens grincheux. Ploc, ploc fait la pluie à mon endroit. Un je-ne-sais-quoi s’égare et c’est le désastre. La doublure remonte, la semelle rétrécit, et mon pépin s’enfuit. Laissez la guerre aux conquérants, la paix aux grenouilles, et l’enjeu aux parieurs. Pardonnez la quête du meunier qui a perdu son pain. Il ne ferait pas de mal à une pyrale indienne.
Mon arme à moi, c’est la solitude. De biais, de face, de profil. Hissez-lui un drapeau et c’est carnaval. O masques, arborez-nous ! Je me cache, tu te caches, que nous nous cachassions. On dirait un émeu qui s’oublie. A-t-il mangé ce matin ? Son corps s’étiole, ses pattes gercent. Rémige, ma mie, où t’en vas-tu au grand vent salé ? J’annonce : gagne, perd et manque.
Une barrière saute un mouton. J’en ai vu d’autres à l’Ouest, en quatorze. Des bien faites, bien grasses. C’est mon cigare qui me l’a rappelé. Pas un concombre qui pue le jus d’chaussette, non, mon cigare de Toscane. Une sérieuse affaire à l’époque, tellement sérieuse que la chronique s’en est mêlée, et tout le saint-frusquin. Une sacrée année, quatorze.
A bas l’anathème qui me dévore le pied droit ! C’est trop cuit, ça, mon valet. Semelle de botte… bottes en stock… stock d’endives… endive ! t’es trop con… con d’la balle… balle qui roule… roule ta bosse… bosse, mon cochon !... cochon qui s’en dédit… dédit toi-même, hé, banane ! A vous de parler, mes enfants !
De fille de mère de mère de fille. (Qui est la mère + Qui est la fille) ? La mère devient-elle la fille quand la fille devient mère alors que la mère est la fille d’une mère autrement fille ? Lien de l’ombilic non rompu. Décennies, siècles, millénaires : Eve tisse sa toile. Ava est le nom de la cadette. La boucle est bouclée. On peut sauter.
Façons de penser, façons de dire. Façons de recevoir, façons d’interpréter. Ça se mord le museau en haut lieu. Ça s’engueule en sous-sol. Il perd le nord, je perds la boule. Zut, elle était gagnante ! Chic, bientôt le discours du Grand Masturbateur ! Sur la BRUT 1 ou la BRUT 6 ? Des chaînes à n’en plus finir. Des chaînes et des boules : gardons la populace au chaud.
Petit papier roule et se tortille sur le trottoir, frôle le caniveau, rebondit sur une jante, monte au ciel, puis retombe, alourdi par les poussières de la cité. Petit papier a eu son temps, son prestige, son usage. Petit papier perdit pourtant sa gageure : « Je te donne mon biscuit si tu me dis merci. » Portugaises ensablées aux p’tits papiers. Pas d’amertume, mais pas de cœur pour autant. Petit papier rendu tel quel à la planète. Elle nous dis : « Merci. »
Fandango. Un cri au milieu du village. Partez sans crainte, les poules nettoieront le sang. A tout malheur… vous connaissez la chanson. A qui profite le crime, cette fois ? Anus déchiré, honneur dévoyé, peine, oui, peine et mort de l’âme. Jamais un enfant ne piaula si fort. La bise néfaste emportera le cri, les cris, dix et dix cris. Puis ce sera le silence…
Au suivant.
Maudite soit la lumière qui m’éclaire d’un jour si franc ! La poitrine au rabais, j’ai cherché, cherché, cherché l’amour. Qu’a-t-il à offrir, l’énergumène de mes soupirs ? Parti pris, solde des sentiments – pas d’effort, surtout. Au pire, au mieux, sans coup férir, garder passion. Une promotion, certes, pour le multicarte. Une prime avantageuse. Sans doute.
Un café, avec un chouya de lait. Pour la bonne pomme. Pas la rouge, qu’est empoisonnée. Pas la verte, qu’est surette. La jaune, là, la sucrée, celle qui vient de l’arbre de mon enfance. Merlin, m’entends-tu ?!!! Café, lait vanillé et des quatre-quarts, plein de quatre-quarts, pour se rappeler. C’était si gai. Cinq, six, sept, les violettes. Couvert de feuillage, le bocage. Fun, funny, crazy, que des bonheurs ! Et du café, encore. Graines de sueur torréfiées, by air, sous-payées, pour un joli quart d’heure. Youp-là !
S’étend sous la plaine le filon d’ukyanite. Pierre magistrale aux reflets d’opale. Ils furent des milliers à la chercher loin dans les terres, sous les montagnes bleues. Un philosophe en particulier y creusa, galeries immenses et vides aujourd’hui. Vaine quête. L’ukyanite se cache pour mieux se renouveler. Le père le sait qui du filon perdit circonspection. Ukyanite ancêtre, mieux que l’or luit dans l’œil du poète à l’avant-garde. Un retour s’impose et s’exige.
Qui, du lion au Gardon, entend le mieux raison ?
Crève, l’espérance, crève.
Crève, l’ignorance, crève.
Casse-toi, l’indigné, y a rien à bouffer, rien à chialer. Brûle ta vie de passeur. La faux en scie a de quoi se mettre sous la dent, ces temps-ci. Byzance et récoltes en déraison. Insanitas ! Ça turbine au crématorium.
Prise à témoin par l’orage, le tonnerre, la foudre, je ne peux que l’écrire. Sa lumière est furieuse, d’une fureur indescriptible : l’humain ne connaît pas un tel éréthisme, ses mots se bornent à son quotidien. Hugo en a-t-il souffert cent mille morts avant sa fin ! Perdre sa fille, la muse, n’a pas de nom, je le crains. L’aède s’endort, il a trop chanté avec l’aurore. Et le ciel tonne, la rage au ventre brumeux. Zèbre la terre, croche les étoiles, fend et rompt les cimes : telle n’est pas ta seule destinée. L’homme va-t-il enfin, finalement, pour de bon, comprendre ?
Senteurs sauvages d’avant Junon, il fut une ère d’abandon où vous n’aviez pas votre pareille. Puis des routes furent créées, routes pour joindre, routes pour échanger. On fêta l’événement. Des ponts enjambèrent des rivières. Des palissades se dressèrent. L’envie était née. Le vol avec elle. Ravir est prendre aussi bien qu’enchanter au domaine de la dualité. Vous l’ignoriez ? Allons, allons, réfléchissez… -vous.
Je suis un facteur. En moi, je porte le temps et l’espace. Un trait, une ligne, un point, et le monde entier vit dans ma poche. Point d’alpha, point d’oméga au moins de la positivité ultime. Restez à l’écoute du flocon qui se meut. Son mouvement réside en peu de termes : le moins pèse le plus déduit du mouvement tournoyant. Tout effort est bon à prendre pour la planète.
Un mot encore, et je glisse. C’est terrible, tout de même, cette angoisse qui m’injecte ses tremblements par saccades. Pourrait-elle s’affadir un instant ?! Une minute de plénitude pour la bonne femme que j’incarne. S’il vous plaît. Moque-toi donc, Dupneu, qu’est chef du contentieux ! (*) Pour toi, pas de tasse de thé, tu carbures à la chicorée. « A-passionnata » du plat en service unique. « Garçon ! l’addition, je vous prie. » J’me tire ou j’dégueule.
(*) A Jeun, Jacques Brel, 1967.
Permettez-moi de médire. Bon sang, quelle allégeance ! Encore une fois, juste une, une petite, pour la route. Ensuite, j’entre au Carmel, c’est permis. Une enceinte pour protection, de vous, de moi, du plus rude. Qui croire dans l’histoire ? L’autel, ou le bénitier de l’entrée ? Dans celui-ci, on y pisse. J’ai des doutes. Partant, crachez sur vos dieux, hommes du latin ! Maudissez l’alcôve et sa statue ! Le temple n’est plus de son temps. Le temple est homme et l’homme, en Dieu. Sera-t-il prodigue envers lui-même ? En l’autre ? Z’êtes pas charitable. Z’êtes bête et méchant. Excommunication, tu nous tiens…
Au vert, j’espère… Des tonnes de dahlias pour Dalida. Des brassées de jasmins pour Dadin. Des myriades de bisous sous les cailloux. Et des plages de grès fin, des vagues d’océan, des embruns miellés. Le spleen m’apprivoise. J’ai des ailes aux talons. Mercure, mon pote astral, viens pas ici. Les voyages forment la jeunesse des vieux itou. L’âge corrode-t-il nos regards qu’il nous faut partir. Partir. Usez, abusez du verbe. Conjuguez-le sous toutes ses formes. Les fautes ne comptent pas, on s’en tape. Le salut dans l’intention, le geste, le mouvement. Allez, zou !
Jasna Góra, belle de nuit aux temps fratricides, perds de ta superbe sensiblerie. Vois, le soleil point et darde au zénith du mot PAIX. Brouillards « ensemenceurs » de vanités, votre omnipotence me déride. Sera-t-il là, au rendez-vous, le meneur de mes frissons ? Ma faim bougonne et rouscaille. Elle se déplie, se déploie, abonde en somme. Force est nue, écorchée. Elle aboie. Chien !
Garantissez-moi du vin au matin, je claironnerai au soir. Hue, à dia, hue ! Sermonnez-moi, battez-moi, je m’enivrerai de plus belle. Hic. Qu’ils sont trognons, ces saumons rosés qui clapotent. Hoc. J’ai l’estomac qui tangue. Qui c’est qui fait gîter le quai ?! Hac. Encore un qui passe et me scrute. Huc. Belzébuth ! Germinal a perdu sa culotte et personne ne me dit rien !
Fier est l’apôtre qui en son sein porte le Graal. Amorphe est la poupée qui en son fort consigne le vide. Glanez des petits pois de-ci de-là. Dépêchez-vous ! Avant que Zeus ne les crame. Petits pois grillés n’iront plus au bois. Pois de senteur, pois chiche, pois de z’haricot, pois cachère. Et des carottes qui valsent au son doré de nos illusions.
Permettez au grand stindou (*) de perdre une larme de temps à autre. Il est si triste, le pauvre. Saint fada ne songe qu’au plus joli, au plus tendre, au plus à même de comprendre. Rêve tant que tu peux, mon fou, car le réveil est amère pour l’obsolète, le décalé, le mal-aimé. Les ailes n’ont pas de prison. Une aubaine ! Participe, ou périclite, telle est la loi.
(*) Wallon. Personne grande, dégingandée. Appellation employée de façon gentiment moqueuse.
« Allo, Athars ? Mathusalem à l’appareil. Il me manque une seconde au cadran.
- (…)
- Comment ça, c’est pas grand-chose ?! Mais si, c’est quelque chose ! A mon âge, c’est même une sacrée chose ! Vous êtes bons, vous, là-haut ! Une seconde et tout est dit, qu’il m’a sorti, l’Paternel. J’y tiens, moi, à ma seconde d’éternité ! »
Relativité.
Une tourmaline a traversé ma route. Jolie tourmaline, raconte-moi ton histoire. Qu’est-ce qui se dit dans les soubassements ? Y rêve-t-on des rayons du soleil ? Espère-t-on l’homme et ses outils ? L’extraction est-elle déchirure pour toi et tes sœurs de couches, ou délivrance après longue maturation ? Je te porte, t’arbore et t’admire. Un majeur pour trône, l’argent pour dossier et mes regards en couronnement, cela te sied-il ? Opaline, cornaline… des murmures courent autour de mes doigts, mes doigts bagués, mes doigts de pierre.
Pourriez-vous me passer le sel ? Il me faut du rire, des surprises, du rebond. Le trampoline est cassé. Un mur peint en rouge heurte l’œillère. Le collier de Schwartz est en vogue depuis peu. Femmes plateaux en voie de disparition ailleurs. Beauté ou mensonge de l’autorité ? De grâce, une muselière aux sots et des chaînes au pied de la violence ! C’est pour la petite. J’aimerais qu’elle grandisse, qu’elle grandisse vraiment.
Au plus sombre sommeille un géant. L’œil unique grand ouvert, la peine entame son hibernation. Un geste, un infime, et la terre tremble. « Dors, géant, n’écoute pas la rumeur. Fais-toi puceau en ton sommeil. » Le tympan anime les tambours. Et plan, rantanplan ! L’enfant succombera au combat. Sacrifice inutile. Le général s’en branle qui déjà passe la frontière. Hourra pour le général !
Certaines nuits, on l’entend se heurter aux chenets. Une bûche tombe, des étincelles s’éparpillent. La flambée s’épuise. A-t-il seulement senti sa chaleur sur son couchant ? J’en doute. Il n’a plus d’espoir, plus d’horizon. Un cri d’enfant, l’enfant appelle, il ne l’entend pas. Une femme pleure sa désertion, les larmes se tassent dans un coin, il ne les voit même plus. S’égouttent ses fleurs d’automne au pied du mur. Pour lui, c’est l’hiver, le Grand Blanc qui englobe et assourdit tout. Derrière ce blanc, le noir. Il n’ira plus chasser les papillons.
La lune jappe au firmament. Joyeuse indifférence des étoiles, rauque mépris des astéroïdes. Les comètes ne font que passer ; le temps, c’est leur business. Ça traîne malgré tout. Z’avez une belle jupe, madame. Couleur confiture, confis susucre. Là, j’admire. Tiens, les coquelicots sont en avance. Une saison qui vire à la crise, mal lunée. J’vous ai apporté des bonbons…
C’est clair, net et précis. Ça grignote, ça ergote et sème ses petites crottes. Poubelles, les bons à papa ! Du coup, ça chipote et tremblote. Quand est-ce qu’on mange ? Les œufs dans le même panier, à salade de crabes, et un ticket pour acheter son kilo de cadavres, l’air absent, l’air de ne pas être là où il faut regarder, l’air de deux airs, l’air chafouin. La sauce ne prend pas ? C’est la faute à la sauce. Les liants, c’est chiant.
Cruel ouvrage que celui de penser. Le latin fait du grec et s’anglicise. Hello, boys and girlies ! On n’est pas dans la gadoue, non, on est smart and smile. Vernis de mes honneurs, enduis-moi ! englue-moi ! Des couches et des couches ! Où suis-je ? Au vol ! L’on m’a ravie, abandonnée là. Je m’y perds, et vous ? Et ça fait bzzz. Et ça fait tic-tac, tic-tac. Au trot, ça urge ! Où ais-je laissé mon enfant ? Bon sang ! Où l’ais-je laissé ? Aidez-moiiiiiiii !
Des billes à gras pour ma libido. J’ai le cœur qui flanche et personne ne me prévient. Mon ventre gonfle, s’enfle, immonde et putride appendice : honte ou felicidad ? De vous à moi, particulier à particulier, le cou reste mince et discret. Faudrait pas non plus s’faire un cinéma. Tout ça, c’est d’la p’tite brise. Le chocolat finit toujours par fondre et nous, par chuter. J’ai commandé le corbillard. Y aura plus qu’à.
Versez le jus de tomate dans la soupe et servez. Prêt à l’emploi, j’ai le bonheur qui éclate. Accident chez les auto-tamponneuses : on se bouscule. L’étonnement est dans la chair du larron qui a pitié. Poivrez, salez selon votre goût. Encore un qui s’est fait tabasser, enquête en cours, on émet des hypothèses, on suggère. Les on-dit ont fort à faire. Percez l’opercule sur un demi centimètre. Mon couteau a des ratés. Lime, le citron. Merde, y a un pépin. Lancez les ondes sur le chemin du retour, comptez dix minutes et dégustez. On nous fait vraiment avaler n’importe quoi !
Z’avez vu de quoi il a l’air ? Mieux vaut ne pas le rencontrer en pleine nuit. Sauve qui peut, le rev’là ! L’œil gauche est vitreux, le droit, injecté. Les joues tailladées, les ongles encrassés, il erre d’un banc… à un banc. C’est public, la frontière s’arrête là. Un mot, un seul : tolérance. Trop long ? Juste pour les dicos et les asticots ? Il a d’la merde dans l’œil, le Boudu ? Il aimerait p’t’être se faire aider ? Qu’il forme le ICE (*), ça ira mieux.
(*) ICE, In Case of Emergency (code international à l’intention des secours).
Un goût de sucre au creux des reins. Douceur, désir, plaisir, voilà la femme. Qu’elle entoure, qu’elle enlace, le geste est mesuré, adoré, protégé. Qu’elle embrase, qu’elle ensorcelle, un feu d’artifice vous emporte, hors contrôle. Elle aime, elle ne peut qu’aimer. Elle est la muse et l’égérie. Pour l’homme, une folie, le passage obligé d’Hemingway par les armes. Hemingway ? Un cadavre, un souvenir à présent, et quelques livres. Cimetière de Ketchum, Idaho : « Ernest, un homme te demande à l’entrée. » Un ? Un seul ? ?
Les ongles vernis, elle vous emmène vers les grandes plaines. Autruches en boa, courez, courez ! Les devoirs seront pour plus tard. Les gammes, c’est pas pour les planches. Certainement une fille se pare-t-elle dans une loge obscure. La terre est ronde, on ne lui en demandait pas temps (sic). Je m’assieds, je stoppe la montre. Big et bang font mes oreillettes. Pas d’accord. Pas habituées. Je relance la machine. Soulagement. L’autruche s’étouffe dans le sablier.
Troisième chapitre en cours. La panne. La panne idiote et sordide. Un écrivain n’est rien sans sa plume. Un écrivain se dessèche sans ondées propitiatoires. La source est tarie : il n’y a plus d’encre, plus de fins. Où est la vie ? L’envers du décor a disparu et moi, je clabote. Aller à la traite, à nouveau. Gémir de plaisir, l’abandon en sus. Caresser – gouzi-gouzi – les p’tits verbes d’ennui. Attendez ! Rappelez-vous qu’une barrière a sauté un mouton. Dites bonjour à votre lapinimaginaire. Il est au piquet. Ouvrez la porte, la fenêtre, le vantail. Qui peut le mieux craint davantage le pire. Lapinou, youhou ! où es-tuuu ?
Athars, mon frère d’armes, mon ami, Clarence est-il bien rentré ? Je me suis inquiétée à l’éclipse. Il avait tant à voyager, à traverser. Les secousses sont nombreuses et il n’a pas d’armure. Seul un gantelet pour clé. C’est peu. Je l’aime tellement, tu le sais. Rassure-moi sur les mondes qui bougent. Dis-moi de bonnes choses, des happy ends and few. L’érable coule dans le sirop, mais encore ? N’a-t-on pas annoncé une trompette pour l’an prochain ? Les Indiens font des signaux sur les volcans. Même les Boeings s’en détournent. Geronimo, son regard me poursuit. Il n’aurait pu crier plus fort, cependant.
On déterre une vieille souche.
On recueille l’oisillon sur le sacre.
On colonise.
Mais encore ? Mais encore ?
Jaune citron. Le C est à l’honneur. Abécédaire du cru, ne croyez pas ce qu’on vous raconte. La lettre est trompeuse. La bactérie est dans l’atome et l’atome, dans le fruit. Personne n’est à l’abri du plus rusé. Non fourbe mais vrai. La vérité, le V, aux calendes grecques. C’est les hérissons qui vont être contents !
Plus que tout, moins que rien, le pardon en prime. La charité, M’sieurs, Dames. C’est pour l’enfant. L’enfant qui grandit, qui mange, qui pleure, qui exige. L’enfant dictateur de mes angoisses, l’enfant roi de mes heures qui passent, l’enfant vagabond, qui erre, se perd, tend une corde. Pile ou face ? Ça bave dans les chaumières. Faudrait peut-être bêcher plus profond ?
L'armoire à glace s'échauffe. Elle va frapper, c'est certain. Pas maligne, la catin. Les seins gonflés à bloc, elle entrouvre la bouche, se ravise, recule, recule encore. Un mur, une porte. Plus le temps. Où aller ? Le monde est petit pour les péris. Gros Bras fait un pas. Ça suffit. Elle songe à Irving. Mieux à l'Ouest, croyait-elle. Ça vaut combien, une paire de bas ? Elle l'ignore. Le Réseau prend les fournitures en charge. « C'est sans danger. » (*)
(*) Réplique de Laurence Olivier à Dustin Hoffman dans Marathon Man, de John Schlesinger.
Qu'est-ce qui pourrait faire avancer le Belge ? Qu'est-ce qui le fait continuellement reculer ? Julius est un menteur ! Ça cause steak et jeu de balle tout du long. Ça se fout de tout, ça met toutes ses frites dans le même cornet. Puis ça pleurniche quand c'est puni. Cherchez pas l'avantage, il est dessous la table. Cherchez pas la bravoure, la bière a tout emporté. En balance, la connerie et la dextre. Qui pèse le plus peut le moins. Ou serait-ce le contraire ? On pourrait alléger, s’il vous plaît ?
Parlons peu mais bien. L'intelligence, tout de même. Voilà : balin ou balan ? J'hésite. Droite, gauche, ça s'emberlificote, ça ne sait plus quoi. Le compromis ou rien ! On appelle ça survivre. Je rigole. Le Christ : « Un clou de plus et je tombe. » C'est une blague ? Pas sûr. J'ai les neurones qui s'agitent, tout à coup. L'amer devient fade, les papilles s'habituent. Et si on faisait carême ?
Veau, vache, cochon... Quoi de plus vivant, au fond. Au fond du camion, de l'assiette, du ventre. Cadavres en puissance, souffrances dès la naissance, amour... vous avez dit amour ? C'est quoi, ça ? Bénis soient les bichons, lhassa apso, chihuahuas. Sitôt abandonnés, sitôt (presque) adoptés. Y a du fric au bout d’la laisse. Faut pas s’leurrer. Alors, une caresse pour les veaux, vaches, cochons... ? Pensez donc ! Plutôt crever ! Eux, pas moi. Moi, je les bouffe. La conscience est une belle chose.
L'amante court, court, court. Beau brun, joli blond. Quelques attentions et hop ! au lit. L'amante est seule en dedans. Run away ! fleurs d'oranger, on ne vous a pas sonnées. Rayon slips, y a du choix. Avec ou sans culotte ? Dilemme. L'excitation est à son comble. Permettez que je m'immisce. C'est moi, Menstrua, l'enfant puissance un, le sang qui coule et tache et gêne. L'amante se repose. Le bas-ventre s'impose. Jusqu'au prochain répit, au prochain pénis. Brun chocolat ou p'tit lait ? Qu'importe la couleur, pourvu que fulgurent peau et plaisir. Egalité, enfin.
Fanion au vent, drapeau déployé, fierté du mât qui s'honore, de la hampe qui s'arbore. Les temps sont venus de se parer. Ajoutez de la couleur dans les coins grisés. Soyez zen, soyez feng, soyez fous ! Renaîtront alors les fleurs des champs, sortiront leur museau les loutres, hululeront les blanches de nuit à la demie. Croyez, riez, aspirez. Il n'est de moyens que ceux que l'on se donne. Libre arbitre et folle envie.
Il. S'il était un maître, il se voudrait esclave. S'il était une adoration, il imposerait sa modestie. S'il était un piédestal, il se chausserait de roulettes et parcourrait le monde, prêt à vous hisser, vous le faible, vous l'arrogant. S'il était un courage, vrai, il coucherait dans la stratosphère, loin au-dessus, loin, loin, loin d'Antioche et de sa perte. Souvenirs d'une peine immense, murs débauchés, actualité fumante. Je touche du doigt la félicité, quand bien même, le souffle me manque et je gagne le jambon. La truie a perdu un petit.
Garanties, donnez-moi des garanties ! Si le papillon se pose sur mon épaule, je tourne à droite. Sinon, disons-le tel quel, je ne bouge pas. Je me fixe, je m'enracine, je périclite. Clite ? Quoi qu'est-ce ? Paysage bouché, travaux annoncés, gaffe aux échardes ! Un nerf s'excite, il m'emmerde. Spasmes graveleux de mes vieilles appétences, fichez-moi le camp ! Je vieillis. L'hibernation est chaude, la cave, humide ; et les os criaillent. A quand l’amorce, la dernière, celle qui tout embrase ?
Des finitions, il nous faut des finitions. Pour le vernis, pour l'envi (sic). Chipote donc, Tarasque aux dents longues ! Tu ne nous mangeras pas. Tu ne nous avaleras pas. Tu ne nous grugeras pas. La harpie a perdu ses griffes. Veglione ridicule, plasma gargantuesque, badinez et bâfrez. Quel est le nom de ce logis de gemmes, vous savez, ce brillant logis qui si bien cristallise nos pensées aux premiers rayons du soleil jaune ? Oubli temporaire, j'espère. Affres de l'amnésie. Cellules fécondes, jouez pour nous.
Saturne, tes anneaux me saoulent. Alliances mouvantes, pierreuses, redoutables. L'espace, c'est tout profit. Un astéroïde passe, s'accroche, se lie : à nous, ça ! Perdre son âme dans une immensité vide n'a jamais tué personne. Ah bon ? On prend, on mise, on se gargarise. On se moque de tout. « Téléphone maison, le claudiquant ? Va voir ailleurs ! Ici, on bosse. »
Etre ou ne pas être ? Foutue question ! Qu'est-ce qui lui prend, à celui-là ? L'a plus son papa ? L'a perdu sa tutute, son doudou, sa nounou ? Voudrait p't'être un peu d'lait d'la vache ? Ou une vache à lait ? Ou les deux ? J'te mâcherais ta viande, moi ! Pouah ! Gros Lolo va au psy, puis dodo sur le sofa. Gros Lolo est content, l'a tout vomi sur le tapis. Epanchements remboursés par la Sécu. Que demande le peuple ?!
Critique pas la gueuse, c'est une courageuse. Pères brasseurs, prêtres ouvriers, moines guérisseurs, toutes les hosties ne sévissent pas dans le même ciboire. Chères soeurs, donnez-vous toujours de vos heures dès matines ? L'ancienne à l’huis, la jeunette au fourneau. Le vieux continent vous abandonne. Chacun pour soi. Il est des flancs plus accueillants pour la bonté sans compter. Les peaux se ressemblent qui souffrent mille morts. Nos yeux n'ont pas vos regards, et ce n'est pas par hasard. L'âme est arable qui a faim.
« Je te téléphone. » Pas entendu le dring, dring.
« Je t'écris. » Papier trop cher.
« Je te promets. » J'attends toujours.
« Cet emploi est pour vous. » Je rame, mais je rame.
Le soufflé des réjouissances retombe, invariablement. Crash de l'engagement, aucun complexe. Où gît l'estime de soi ? des autres ? Parole donnée, parole reprise. Ça frise l'outrecuidance ? Non, ça baigne dedans.
Ne me cherchez pas partout où j'écris. Ce serait une erreur. La cornaline prend la nuance qui ravit celle, ou celui, qui la mire. Une cornaline au front du caméléon ? Erreur, là aussi. Le mot à sauver : nuance. Suivez la grenouille empathique, elle cultive la complaisance du bonheur. Hello, mister Steve Waring. Suis’ici, suis’ici, suis’ici, suis’ici... (*)
(*) Extrait de la chanson Les Grenouilles de Steve Waring.
Plus longue est la peine, plus précieuse est l’œuvre. Touchez la terre glaise, mouillez, façonnez. Un linge humide vous sera nécessaire, protection de l'être en devenir. Ne vous dévoilez pas trop vite, pas trop tôt. Le mode d'emploi prévoit une longue maturation. Toute brûlure est un trait, une cicatrice. Estompez-la du bout des doigts, avec délicatesse. Prudence, la précipitation écorche, inévitablement. Il vous faudrait alors recommencer. Vos intentions sont vos couteaux, choisissez-les avec soin. Et surtout, n’oubliez pas : une terre sèche est une terre morte.
Merci. Merci pour le coeur, ses palpitations. Merci pour le soleil, sa chaleur. Merci pour la semence, ses frondaisons. Merci pour l'enfant, ses pépiements. Merci pour la curiosité, ses griseries. Merci pour la musique, ses envolées. Merci pour les parfums, ses caprices. Merci pour l'eau, pour l'air, pour la terre, la pierre, le bois, le métal. Merci pour tout.
Un lapin traverse la pièce. Tic-tac, tic-tac. L'aiguille parvient à son terme. « Alice, vous m'entendez ? Alice ?! C'est l'heure de vos médicaments. » Alice tient sa boîte serrée contre elle. Pas question de lâcher prise. Une boîte aux trésors : qui est cette jeune femme sur la photo ? Elle semble si heureuse. Tiens, un dessin. « Papa, maman et moi. » Joli crayonné. Tout au fond, un anneau d'or. Trop grand mais pareil à celui que porte Alice. Alice qui adore cet anneau dont le diamant miroite au soleil... le soleil de juin, c’était un dimanche, le rire d'un bambin... Le voile se déchire. « Alice, il faut manger. Alice ! »
Quand la faim change de camp.
Jasna Góra, il fut un temps où Hannibal traversait les Alpes avec ses éléphants. L'homme enfant jura la haine d'un peuple, dit-on. Un serment suffisant pour imprégner l'histoire. Plus qu'une légende, des milliers de cadavres, pour la traversée autant que pour la conquête. L'addition est de taille.
L’histoire selon Jasna Góra : « Enseignez le Livre Blanc, le majeur. Laissez le Noir pour plus tard. Il est des contes vrais, écrits dans le sang des vierges. L'enfance doit savoir. »
Le péril est grand. Soyons dès lors absents. L'annonce viendra-t-elle d'en-haut ? Pardonnez mon manque de sagesse, j'ai peur. Le mal saigne des poignets, il s'écoule, endort et emporte. Vers quel mystère qui nous dépasse ? Vers quelle fin, ou quel objet ? Quelques-uns, lourds, sombres, aveugles, n'y ont vu qu'un mur noir. L'on m'explique et insiste : “ C'est qu'il n'y a rien. ” Une réminiscence noire ??? Rien, n'est-ce pas... rien ?
Le bal des poupées : qui est dupe ? Hormis la mascarade, que reste-t-il ? Poupées chiffon, baudruches animées, automates cireux, qui tire les ficelles ? Un, quelques-uns, plusieurs ? Avons-nous une réponse, ou une parade ? Couper les fils est si facile. Il suffit d'aiguiser les ciseaux. Ensuite ? S'assumer, se prendre en main. Dur métier. Mieux vaut laisser faire... et râler. La loi du plus fort ? Non, du plus faible.
Enfants bleus, verts, jaunes. Enfants de la nature aimante, enfants de la guerre. Comment nous voient-ils, nous regardent-ils, nous perçoivent-ils ? Pas de mot pour une si forte perplexité, aucun. Juste l’exigence d’âmes qui perdent patience. Encore un saut, un seul. La dernière main, l’ultime. Après, promis, on remballe. Foi apocryphe de culs fort bien terreux.
Pas la crasse bête et féroce, non. Voyons celle qui tache et brûle par en-dessous. Une crasse moribonde qui se décompose. Celle que créa jadis un homme penché sur son lopin de terre noire. La crasse émergea, prit vie, se fit, ainsi qu'on le désirait, abondante et généreuse. Une crasse tenace, prête à tendre la main à l'hérésie primaire. À venir gluante, amère. Mais encore ? Une crasse plastique.
Il est des lieux sombres, opaques, intrigants, où nul hormis une poignée n'a droit de cité. Quelques portes repliées sur leurs gonds en gardent l'accès. Sévères sont les gardiens, intransigeants. Des ramifications en pagaille se causent quelquefois. On ouvre, on rebouche, on s'installe. Des passages, néanmoins. La garde est serrée – abusive, supposerait-on. Des entrailles à sauver à tout prix.
Eaux brunâtres qu'une drague remue. Les cadavres remontent à la surface, magma d'os, d'arêtes, de ferrailles. L'eau se fait légère, aérée. Elle respire. Voulez-vous des cloques ? Des blanches ou des grises ? Pops fait la cloque en saluant l'atmosphère. Bonjour, bonjour. Aucune jalousie, aucun regret. Tout est dans le fond. La forme suivra. À son heure. Marie-Salope a ses têtes.
Régaliens, régaliennes, réjouissez-vous ! Une cacophonie est en marche qui brouillera l'ensemble. Du peps, il nous faut du peps. C'est ainsi que les gens s'aiment et s'adorent. Éviter l'entregent, c'est un conseil. Sait-on ce qui s'y cache ? Brrr ! Un air glacial chasse sous les combles. Il brise les accointances, pénètre les chairs, mord et court. Fuiii ! Irait-on le troubler ? Un comble !
Pardon, du plus haut du ciel, à tout ceux qui se meurent. Pardon pour leur peur, leurs petites angoisses. Que des vanités ! Glissez-vous dans la peau du hérisson, piquez-vous de tout savoir, tout comprendre, tout juger. À la dernière heure, plus rien ne sera. Une seconde vaudra un siècle. Une vie pèsera une plume. Et vous, nous, eux, tous et Un, autour du même pain assemblés, du même meunier, nous sacrifierons le boulanger.
Prairies du sud qui vous asséchez sans discontinuer, souffrez qu'une pluie vous tente de ses humeurs, de ses humeurs humides. Agrandissez vos rêves, ne lésinez pas sur les couleurs du baldaquin ! Si Vulcain est absent, il vous reste d'autres panthéons. Les dieux ne manquent pas depuis que l'homme s'est dressé sur son séant. Mieux vaut trop que trop peu, n'est-ce pas ? Une roue de secours ne vaut-elle pas une béquille à la chandelle du maître-autel ?
Jadis, il n'était qu'une ombre. On l'a faite forme, matière, critère. Il parle à présent, le bon Samaritain. Le cher a perdu une chaussure en route. À moins que ce ne soit l'empreinte du saint, pour les filles prêtes à enfanter. Vieille, très vieille légende. De nos jours, on le trouve éclopé, vêtu couci, voire couça, en mal de banalités. Une méfiance sourde hante les seuils, occulte les œilletons, décourage le bienfait. L'entrefilet est passé inaperçu : « Bon Samaritain au chômedu. » Une bouchée pour les stats.
Elle a laissé trois enfants. Trois enfants qui se demandent pourquoi. Des pourquoi qui se fraient une voie souterraine, louvoient – ksss – et rompent le rythme d'une vie bien commencée. Enfants chéris, ardemment désirés, figures pouponnes et roses du papier glacé, promo sur les couches, il a fallu déchanter et apprendre ce qu'aimer malgré signifie. Mère infatigable, elle a pourtant craqué. Un saut, un tablier déchiré. On ignore la délivrance. Qui a tort ? Qui a raison ? On n'est pas tous des colosses.
La différence entre un lupin et un lutin ? L'un tient le bouquet qu'il offre à l'autre. Interchangeables, les p'tits Lus ? Casse-croute des mômes en mal des brèves de Walt ? À moins que Tex... Once upon a time. Une photo épinglée sur un mur. Un mur tapissé de fleurs. Des fleurs à foison au balcon : un bouton casse, et tombe. Jaune d'or le bouton. Une pie l'avise, plonge et s'en empare. Un nid sera en fleur cette année. Retour des lutins parmi les lupins.
Un tombeau s'est perdu. Plusieurs ils étaient en la crypte. Hommes, femmes, même un enfant. Lignée éteinte, ampoule grillée faute d'enfantement. Le patronyme n'est plus. Ah, les petits pains aux raisins de Marie ! Les longues tirades d'Anatole... Jules et son herbier... Émerance, partie à Paris “ faire le mannequin ”... Marcel courant la gueuze... Les aquarelles de Gertrude... Et Gontrand. Gontrand et son livre jamais terminé. Gontrand et ses plans tirés sur la comète. Gontrand qui faisait rire et se fâcher, qui vidait les bas de laine et s'encanaillait la nuit venue... avec Marcel... tandis que Marie pleurait... sur ses petits pains... qui ne laisseraient aucun goût.
Je suis un satyre social qui se promène sans bas, sans chapeau, sans complexe. Tirez-moi dessus si ça vous chante. M'en fous. Emondez-moi, évidez-moi, sucez tant que vous voudrez ma substance primordiale, rien n'y fera. Emmerdeuse, je suis. Emmerdeuse, je reste. Question de profession de foi. J'ai des briques ? Je donne des briques. Voyons, a-t-on besoin d'un si vaste abri ? Réduction. L'infiniment grand fait atchoum dans l'infiniment petit. Minimalisme de nos déraisons.
Ce livre est obscur et le restera. Bible pour une Cour des Miracles, un Carré de Fous ou un Paradis de Petites Maisons. Mais encore ? Des mots pour les catacombes, de la lecture pour les non-morts, du purin pour la jachère. Qu'est-ce qu'on s'aime ! Et moi qui n'y croyais plus... « Dites-moi, mon bon Achille, j'ai le talon qui me démange. Normal, docteur ? Faire des pointes, dites-vous ? » Aïe ! Ouille ! Aïe, aïe, aïe !
Bulles, bulles, bulles. Bulles qui éclatent, qui pétillent, qui éclaboussent. Que des notes en bulle. Éducation comique du clown qui s’esclaffe. Blagues en bulle. Pierrot reste impassible. Auguste se retient. Pimprenelle prend des airs mutins. Bulles d'air, papier bullé ; bousculé, le papier. Un soulier de satin s’en échappe. On canalise, on « mimétise », on bouffonne. On est fous, on rrrit !
Renseignements pris, il n'y a plus de riz. Grains fauchés. Les eaux stagnantes sont en dormance, retirées là, absorbées par le flux. La terre n'a plus de cœur pour l'insoumis. Au pied des herbes de la prairie s'est réfugiée une semence bleue, effrayée, en grand dommage. Quelle est sa cause ? son but ? son devenir ? Sommes-nous réellement tous frères ?
Un fayot a volé un bœuf. Croyez-vous donc que je mente ? que j'extrapole ?? que je parabole ??? Trop d’ailes dans le ciel, trop de moutons, trop de songes. L'indigestion des miroirs qui se reflètent nous menace. Les images se cognent et s'indisposent. Ciel blanc, stupéfaction du bruit qui se tait. Écoutez ! Un jeune cri, un son court et pur, un froissement. Un monde naît. Cherchez la vérité dans les yeux de l’astrophysicien.
Il est une heure, une minute, une seconde unique, à recevoir, à prendre, à voler au besoin. Un point fixe qui jamais ne vacille. Le pont enjambe et relie. Une rencontre est prévue, écrite. Le point est sur la route, rongé d'impatience. Déjà, tout bascule. Ils ont pris possession de leurs pensées, de leur âme. Déchirure, tout recommence dans l’aire des amants.
Argonautes de la loi, vous fûtes jadis en fort courroux. Le Grand rompit le lien du Bon, une succession douloureuse s'il en fut. Le blason s'est couvert d'or, une peau de plus pour l'oursin. Malin qui y croira ! Un geste, une queste, faut-il le bourdonner ? La parcimonie, je vous en conjure, ne peut s’enorgueillir de grandiose. Il n'est pas que des modesties qui s'honorent. De Madre des Oursins, dressez-vous !
Ce sont des textes bizarres, bizarres sont ces textes. Cacochymie du genre, désordre en grand chelem, la Veuve est proche de l'enfantement. La nounou est infernale ce jourd'hui. Il n'en faut guère plus pour l'inquiétude, la scoumoune, l’ignominie Partez, cher ange. Fuyez ! Les parrains ont donné leur écot. La sarabande des cloches tintera bientôt. Au grand dam de l’article imposé foi. Thémis a faussé sa balance.
Une génération, une strate. La suivante cache l'autre, l'occulte, puis l'oublie. On est si peu de choses. Baissez les yeux, avisez et ramassez un caillou. Un caillou de perdu, dix de retrouvés. A d’autres ! L’univers se penche sur mes paroles et s’enhardit. Croyez-vous donc en l’humanité ? s’enquiert le fada des fées. L’univers est considérable, son mutisme également.
Une naïveté prévaut. Des larmes pour rien. Et une coquille qui se brise en vain. Le jaune s’épanche. C’est mercredi, interlude des petits. Scout un jour, scout toujours. La vieille balançoire écorche, une liane est saisie, les genoux en récoltent de belles. Facile est la déduction. Croque et pleure, Mitaine. Lamente-toi, Miton. Jeunesse à la dorure éraflée, ni patin ni roulette cette année.
C'est une fille du silence. Des sourires plein la face, la main qui bégaye, elle chemine. Un monde sourd, cahotant – le trouve-t-on ridicule ? –, gauche, est le sien. Victime du parricide : le père a volé la voix, elle a ravi le père. La cuisse a sa mémoire, le bras, sa sentence. Pourra-t-elle se lui (sic) pardonner ?
Lamentations des femmes bistres, appel d'une seule voix. La maladresse est dans le cri. Causes éructées, sang de bourbe pour certains, qui s'empêtrent dans les Grandes Marches. Mouvance des sables pour qui le procès est absent. L'avant-garde est funeste. De dos, la cible est facile.
Pourquoi porter ce serment en terres consacrées si c'est pour, en fin de cause, le bafouer ? La Sainte Inquisition a pendu son linge sale. Partout, on en parle. Candélabres allumés dans les cercles. Tout est dit. Hum. Devises tronquées, acharnement du vermeil, on dore et on s’endort.
Garnement au sol, poussé du pied, houspillé, va faiblir, va faillir. Un couteau, une balle, un marteau ; que des instruments. L'ouragan est ailleurs. Lui n'a pas de certificat, pas de parole, pas de billet de retour. Un blanc-seing pour les poussins trop tôt tombés du nid, du nid-de-poule. Venez, oui, venez à moi ! C'est gratuit pour les moins de dix-huit ans. Venez, entrez dans la maison aux barreaux bleus !
Grave est la grève sur laquelle viennent agoniser nos colères. Le syndic s'insurge, monsieur Guillotin a des remords, innombrables, on assassine en plein midi. Gardons-en un peu pour demain, pour le quota, nos p'tits matins de pluie. Les pavés se dérobent, les chevilles défaillent, le sable s'est dispersé.
Armé d'un gourdin s'en va le malandrin. Son âme n'a pas d'odeur. Son cœur bat le pas en mesure. Sa tête est emplie d'archaïsmes, le tout de cire figé. D'un extrémisme à l'autre, il ballotte, s'encanaille, boucane. Pour un dieu, un Heil, un tire au but. Quand la bêtise endosse son harnais de pauvreté.
Joyeusetés et primevères dans le jardin. Mettons les sauterelles de côté et jouons aux dés. Pipe et roule. Une fumée passe, odeur vanille, et se camphrent les papilles. Gaspillons l'été et sautons marelle. Une case, un point. Et hip, et hop. Des cerises – pourpres, les cerises –, pomponnent les oreilles. Le ver est content qui balance. Un, deux. Un, deux, trois. Le fou chantant fredonne.
Perpétuellement en devenir, mes mains se lassent. La patine s'y lit dorénavant à livre ouvert. J'avoue que ses entailles me plaisent, les creux épousant les monts.
Mains du cosmos où Vénus abonde.
Mains causeuses, diseuses d'aventures.
Mains bousculées, taraudées, un million de fois sollicitées.
Mains rompues, partagées entre paume et dos.
Solstice, un mot qui augure et louange, une révérence en sol majeur. Gardons patience et réserve, la note est dans la bise. Harpiste, l'Éole ? Janséniste à ses heures. Et clappe le drap dans la cour. Et claque la porte dans l'entrée. Le sol perd sa rime, feule et s'affole. Mineur, le do, bébé s'endort. Gageure du sol domestique dans l'alcôve. Les dieux Lares sont bénis.
Arachnéenne, la toile. De bric et de broc, le pantin. Hou ! hou ! le chocolat est froid. Qui c'est qu'a menti en latin ? Méchant petit garçon ! Pinocchio n'ira pas au bois. Nez trop long, éclis (*), nœuds apparents. Une araignée y a tendu ses rets, veuve joyeuse à dada sur l'appendice. Le malheur des uns... parfois...
(*) Terme marinier. Bois éclis, fendu.
Par ici la monnaie, mécréant ! Cheval à bascule pondant des perles d'or. Lady Butterfly n'a pas perdu son temps. Femme d'un homme, amante meurtrie (trop de bassesses), un si bel amour ne pouvait que se pendre. Qui croire, de l'aveugle ou du sourd ? La richesse arrache un désir, « l'orpaille », le débauche. Trois lettres au mot fin, c'est si peu pour tant (sic). Pauvre dame Butterfly.
Pin-pon ! fait le rouge. Stop ! fait le triangle. Hô ! fait le point d'exclamation. J'ai la tête qui déborde de signaux, de bip et de tut. Attention ! La contremarche guette le randonneur. L'âne a bon dos qui se ramasse les engueulades. Attention !! Passe ou passe pas ? Ça clignote, ça se tâte entre deux teintes. Pas vu, pas pris, j'y vais. Attention !!! Nadar surveille ses barrières du haut de son projecteur. L'espagnolette est en promo, faudrait p't-être s'magner l'cul.
Un homme, une chaise. Un bras, une assise. Un baiser, un plongeon. Un sexe, un abandon. Rêve de femmes que le malheur frappe et cogne. Aube claire et rangée sur une vie nouvelle. L'entrée des artistes est aux oubliettes. Prière de passer par les caves. Battez-vous, jouez des coudes, poussez – poussez fort, c'est coincé. Les places sont chères (une honte !), les vœux se vendent à la pelle au music-hall de nos amours.
Danse, Pirandello, danse ! Danse même diablement. Enfantelet damné qu'un ange adopta, à un cheveu faillit se doubler ta peine d'un fer en enfer. L'ordonnance dérapa : peau de banane au goût de goyave mûre, tu partis de ton île en mer. Jeudi t'attendait de pied ferme, tu arrivas un mercredi. Ruban bleu pour toi, brave couillon aux yeux tristes. Que n'écrivis-tu l'éloge de la fuite, guide primaire pour adultes en déroute qu'un vent blafard dirige.
Jasna Góra, vous me confiâtes un soir : « Il n'est de peine que profonde et sincère. » Vive inquiétude. Qu'ai-je à ressentir, moi qui loge en surface, respire en surface, assimile en surface ? Mon imprégnation, là-dedans, est-elle comptable ? Est-elle seulement imaginable ? Souffrais-je carrément lorsque cela, et ceci, se produisirent ? Que n'ai-je mesuré ces peines au galon de mon vécu ! J'exige dorénavant mon prorata de profondeur, ma quote-part de sincérité (Avant terme ? De préférence. Majorés ? Encore mieux.).
Quinzième du nom. Son orangerie se meurt. Quinzième fils – exit les filles. Transparence de l’aménité, parité dans l’hérédité. De siècle en siècle, que des usines à verges. Un portrait, peut-être ? Avec le petit dernier sur les genoux. Montrer la femme ? Non, la matrice. L’aîné en avant-plan, je vous prie. Oui, comme ça, merci. Aux dernières nouvelles, il n’y aura pas de suite. La lune est pleine pour la seizième. A elle, l’orangerie défleurie. Manque de couilles ! Titre et nom s’enfuient à toutes jambes.
Horaires élastiques, contrats pathétiques, muscles caciques. Au pas ! Au trot ! Au galop ! Plus vite que ça ! On s’impatiente là-haut. Un cierge pour l’actionnaire. Le douzième est gratuit, un avantage de la Maison. Tout doucereux, le félin. Gant crochu sur patte veloutée. Z’avez la carte ? Promesse de pourcentage... Miam. Les crocs, eux, viendront avec l’ancienneté. Trente ans, c’est bien assez. Trente-cinq ? Le barème menace. Sénilité précoce, manque de rendement. L’indemnité au rabais, c’est pour demain.
L’Amérique est loin. Tsoin, tsoin, tsoin. Hope, espoir. « Glandissime » vocable de nos subconscients qu’entretiennent des loteries improbables. Calimero s’étiole. Une pendaison est envisageable. « Allo, j’écoute. » fait un tabac sur les ondes. Ça suppute de partout. Sainte Caféine n’a pas fini de bosser. Olé !
Corrigez-moi si je me trompe : des races disparaissent. Détrompez-moi encore : des cétacés se suicident. Le cas échéant, balancez cette phrase : des ours polaires font les poubelles. Même les cafards ont le bourdon. Il manque un assez à ce plein de trop. Permettez-moi de me faire équidé et de ruer dans les brancards. L’on me dit franche du collier. J’ai cependant du mal à monter sur mes grands chevaux. Qui peut arguer d’une totale innocence et, sans craindre l’épée, annoncer en face sa parfaite neutralité ? Qu’il ose ! qu’il avance et se montre ! S’il en est un, un seulement, ou une.
Rentrons au village. Allumons un feu, l’âtre est prêt. J’ai chassé les termites hier. Il s’en est fallu de peu, une rime discrète, pour que la serrure se refuse. A chacun son rossignol. Le parc a éployé ses ramures. L’ombre y est porteuse. Un loup ne pourrait mieux envelopper, assourdir, escamoter. Elle cache bien son jeu, la coquine. Quel âge a-t-elle au juste ? Une ombre qui se fiche du soleil a tous les droits, partout et ailleurs. Une clef ne pourrait la saisir, même pour le musicien. Il est dit qu’un soir, un spot chassa une ombre. Plein de fougue, il éclaira si bien et si fort qu’au matin, il grilla.
Gratte, ta peau. Gratte et fouille. Coupe et soulève. Trifouille. Dessous, la blanche sphère tu prélèveras. Jeu de boules, jeu de dupes. La tumeur est maligne qui ramifie par-delà l’anathème. Hé, hé. Les lèvres auront beau prier et gémir, rien n’y fera. Rien. Rien de rien. Une peau se marchande au discount du Grand Hôpital du Risque.
Athars, l’activation est pour bientôt. Qui sont-ils, ces braves qui marcheront au sacrifice ? Quelles sont-elles, ces voix qui soulèveront monts, vaux et montagnes ? La terre est ronde dans un univers elliptique. Ça tourne et ça se détourne. Un bref retour, peut-être ? Pour l’ordre, pour la mathématique, pour l’absurde autant qu’il peut. Je me hâte et me déverrouille l’âme. L’encens est à son poste. La route semble longue encore. Quand rira-t-on si fort qu’un nuage crèvera au midi ? Quand ?!
Semblance, nous sommes tous en semblance. Un moustique zézaie sous ma plume. Ça frotte, et arrache. Une pellicule s’en va dans un ru d’encre. Et je meurs. Combien de petites morts ais-je ainsi affrontées ? Dix, vingt, plus ? Ça languit dans les textes, ça foisonne dans les dicos. Où sont les mots de la passion ? Où sont les ventres qui hurlent à la Vérité ? Cherchez le cœur. Facile, il bat. Un frappement arrête l’aiguille troisième. Entendez ce soupir. C’est le cœur, le cœur qui raconte, qui compose et tangue. Trouvez le cœur.
Benjamin d’une fratrie, Gargantua demanda un jour à sa mère : « Dis, m’man, pourquoi qu’on mange ? » « Pour vivre. » répondit-elle. « Pourquoi qu’on vit ? » renchérit-il. « Pour manger, pardi ! » conclut-elle. L’œuf s’est taillé en quatrième vitesse. La poule itou. Trop compliqué, ça, madame. L’œuf aime la vie simple. C’est blanc ou c’est jaune. Entre-deux, y a pas. Faites-le sortir de sa coquille et il se fâche, se répand en imprécations, vire au glauque. L’œuf a cent ans, l’œuf a mille ans. Il vient de l’œuf qui vient de l’œuf qui vient de l’œuf qui vient de l’œuf… « Dites voir, pourriez p’t-être résumer ?! J’ai un œuf sur le plat, moi ! »
Une chute à tout, à tout prix, à tous crins. Chutons, chutez, chutent. Toujours des pluriels, une chute ne vient jamais seule. Chez moi, c’est par trois. Et vous ? La chute, c’est la casserole. Pas de gentil filet.
« Le pauvre, il a chuté bien bas.
- Qui a chu choira, c’est bien connu.
- Imbécile, ça vient de choir.
- Et alors ? Si on choit, on chute. Le Québécois « chus » bien quand il est, lui.
- Le Québécois, il est logique. Pour être, faut chuter. Pour chuter, faut choir. Le cul par terre, j’vous dis. Les quatre fers en l’air. Et pas de chabadabada ! »
Tarif, je fais de toi ce que je veux. Je te manipule, je t’entourloupe, je te maquille et t’opercule. Client, tu n’es rien sans moi. Je te séduis, je te mens et t’entube. Puis je me targue, me gausse et m’enrichit. Le manège des p’tits chevaux sur les grand-routes, c’est moi. La tombola du service après vente, c’est encore moi. Le carrousel des brut(e)s sur cash, c’est toujours moi. Pas pu payer ? Passez par l’escale huissière. C’est moi qui relance les dés. Je suis le meilleur, je suis fute-fute. Et je gonfle, enfle, boursoufle et abonde. Qui suis-je ? (*)
(*) Le grossiste. Ou autre. Ceci est une Q.R.M (question à réponse multiple).
Nos maîtres de cérémonie sont toujours solitaires au jeu de dames. Un pion, une case, et des bonbonnières pour les loukoums. Façon de mener le bal, manières chochottes des culs de coq en balade. Ils sont beaux nos ministres ! L’ont des boutons de manchette qui scintillent. Et des pieds élégamment nickelés. Tremblement de terre. Un pas de travers et tout s’effondre. Sont pas exquis, nos ministres ?! Frileux bas de soie et petites pépées. La fête ne fait que commencer.
Empreinte canine sur le mors, mors aux dents en réparation. Mécanicien-dentiste qui se lamente. Manque de porcelaine aux feux. Renouveau du tungstène. English Hospital en déroute. Il serait, pourquoi pas ? judicieux d’armer nos consciences d’un peu plus de grandeur. Une frontière, trois frontières, huit frontières. Ça se morcelle, ça se querelle. Passez à l’Est et souriez, on blanchit gratos.
Passe, passe, passera. Un navire, immense, fend l’océan. Un enfant joue sur le pont E. E comme étoile, comme évidence, comme éloignement. E avec accent ; aigu, l’accent, bien que follement grave. « Abracadabresque ! » L’étoile de l’enfant s’éloigne, c’est évident. L’enfant pleure. Il a perdu sa fée. Le navire gîte. Poséidon a ses humeurs. L’aqueux devient susceptible. Un braillement et s’abîment les flots en fâcherie. Des larmes malheureuses flottent sur la brèche. Le trident n’en a cure. De renommée ne lui reste qu’un écho à Kyoto. On lui forge la main.
Autrement pensé qu’un imaginaire au mieux de sa forme, différemment constitué, ardemment motivé, bravement conçu d’une bonne dose d’amour et de terre, tel va-t-il d’un bout à l’autre des mondes. On le dit aventureux, il n’est que porteur. On le suppose curieux, on l’envie et on l’aime, puis méfiance. La connaissance sépare, immanquablement. N’use-t-il pas de mots pittoresques ? Ses souvenirs ne sont-ils pas étrangers, étrangers parmi les siens ? Cette âme mourra seule.
2012. Ha, ha ! Ça va tonner, exploser, irradier, « eschatologer ». Panique chez les hommes ! Faudrait peut-être minimiser ? Jamais de la vie ! Il leur faut une fin, à ces loustics. Ils l’auront, d’eux-mêmes. Hi, hi… Moi, j’me marre : je ris et j’gribouille. Et je vois tout ça partir à vau-l’eau. Pire encore. Moche. Médocs pour les superstitieux : la paranoïa a son Xanax. Ce n’est pas une fin, les enfants, c’est un début. L’enfer voit son sol se cimenter des plus belles espérances. Fine tactique de Dieu – à moins que le gendarme… (*)
(*) Pour plus d’information, se reporter en bas de page (addendum).
Comme un goût de cigarette qui s’éteint. Blablabla. On mâche, on remâche, on rabâche. Mastic, le chewing-gum. Ça adhère dans les palais. Ron, ron, ron. Satisfaction indigeste, le suc remonte et brûle. Un chat gravit la george. Roue voilée, rouage innocent qui se grippe. Un canin aboie. Aucun caravansérail à l’horizon. L’aire de la gloire s’inhale en puff.
Un cacique cassa sa pipe. Une sirène se noya – en toute sérénité, je vous l’assure. Le Beaujolais, enfin, arriva. Pas bien neuf mais il fit l’affaire. Un peu de sable dans le cul. Pas un dépôt, plutôt un fond de tristesse. Quelque chose comme une nostalgie. Un bal musette y traînait quelques notes, les mains sur les fesses. Relents aigrelets d’une java avinée, sourires en coin et canotiers de guingois. C’était pas l’Pérou mais ça l’valait bien. Y a des quand même qu’ont des remontées d’atmosphère.
Rentrez ce gros dos que je ne saurais voir. Il est une insulte à ma face. Gagez que je ne vous envoie chez le peuple nécrophage. Vous y feriez un excellent gigot. L'agneau en bêle de ravissement : que les humains s'amusent à lui pincer la queue dans le froid d'une église, c'est une chose, qu'ils l'engraissent pour le tuer et l'engloutir, là, il revendique. Je ne pense pas que l'agneau accepte toujours, encore moins qu'il tolère. Votre gros dos serait si charmant persillé. Un petit tour dans la baignoire ?
C'est si beau l'amour. L'amour sans fin et sans histoires. L'amour correctement orthographié, conjugué, imprimé. Un amour de papier photo romancé. Lèche, ma fille, lèche ! C'est à la fraise. La banane est totalement « splitée », le chocolat s'en plaint depuis ce matin. Cours d'amour-toujours à la téloche. Ça déchire grave. Trop d’la bale, ces djeunes. Les prix : carrosse pour les princesses, massacre pour les X-Men. On est fait pour s'entendre...
Un fameux zéro, ce zèbre ! L'a tout d'un verrat en chaleur. Zut au rut ! Plus envie. Je m’rabats sur susucre, une chtite mise en plis et j'm'en va. Fini de sucrer des caroncules hors saison. La pomme d'hiver est flétrie, j'accepte. Ça butine dans les vieux greniers. Sextoys rose poudré et poudre de riz. On folâtre en demi-teintes, on improvise, on sédentarise. Les voyages se font à domicile : pas de bousculades, que du feutré. On prend le pli, on se prend des plis, et c'est ouistiti !
Par le plus modeste apprend-t-on le plus sagement. Profonde est alors la conversion. L'image est peu de choses sans le mouvement qui, de préférence, l'accompagne. Il n'y a ni sens ni lieu, ni perte ni gain. Juste des impressions qui prennent forme et vie. Coulez-y votre bon sens, votre bon aloi, votre bon vouloir. La lumière est un son que nous n’appréhendons pas. Cette surdité nous handicape, pauvres hères que nous sommes. Une couleur pour une émotion, un emballement du vertueux qui se lâche, des paillettes sous les cils, et le bonheur, tendre bonheur, qui donne de son ampleur.
Philanthropie est un mot de trop dans le bec de l'ara, déplacé. Les plumes auront beau s'endimancher de mille et une exigences, l'Himalaya sera toujours aussi haut. Un arbre y pousse cependant, que l'eau des glaciers abreuve. Le végétal gazouille dans ses feuilles, s'ébroue par la racine, se sustente de nos résonances. Loin, il porte l'ouïe, avant comme après la pluie. Un arbre nu de voeux, dépouillé en son centre, atone, croirait-on. Mais la nuit venue, la nuit, la nuit, un homme le visite, un homme apprend, un homme comprend. La nuit.
Il gravit une marche du temps au vent majeur des premiers âges. Sorti de l'eau, esseulé, mouillé, ses yeux observèrent l'hostile. Tout était brumeux et fixe. Il avança un moignon de patte, attendit, s'enhardit et lécha le sol. La terre était moite, chaude et grasse. Il cracha. Quelque chose comme un courant l'enveloppa, sécha ses écailles, puis fuit en sifflant ; une onde magistrale, plus sonore que les abysses, tempétueuse, impérieuse. L'Inconnu. Ses pattes balbutièrent, il dut ramper, faillit abandonner, puis, dans un extrême cambrement, rejoignit mer et père. Il fut le premier Colomb.
Gracieuse danseuse, jolie Leslie. La voilà qui traverse les planches. Pointe droite, genou plié, petits battements, pointe gauche… en avant le déhanchement. Tendre Arlequine au nez mutin, révélée en Technicolor, quel est votre rêve ici-bas ? L'existence se conjugue à différents temps. Consécration n'est pas raison. Solitaire est le diamant en son écrin. Permettez que je m'immisce. La toile est sèche à présent. D'autres prises peuvent s'y plaire et s'y confondre. Un passé ne se dessine-t-il pas au présent, au présent singulier de son propre panorama ? Point de retour mais des ricochets dans un lac en formation. L'enfance est si proche.
Goodbye, vingtième siècle. Je te donne mes souvenirs, je te donne ma jeunesse. Garde-les, emporte-les dans les entrelacs de l'oubli. Peu chaut au millénaire troisième. Qu'ils gagnent ces milliards de mémoires qui dansent avec Gershwin, roucoulent avec Sinatra, rient avec Raynaud, soupire avec Fresnay, ou languissent avec Philippe. Drôle de parcours pour un drôle de drame. L'aigle n'a pas deux têtes mais des mille et des cents. Partage de ce qui était omniprésent. Je ferai la fête autant que possible, j'allumerai des bougies qu'un Lampernisse éteindra passionnément, et je chanterai au besoin. La vie est un don précieux que l'Eternel allaite en son sein. Que ne ferait-on pour Edwige !
Une question a taraudé mon enfance : qu'est donc le souci du souci ? La fleur mange-t-elle sa peine sitôt butinée ? Ou pleure-t-elle ses pétales à l'automne ? Qui lui conte ses limites à l'âge du bourgeon ? Obéit-elle, se soumet-elle, ou s'engage-t-elle ? En elle, à n'en point douter, une humanité redoublée. Pétales fânés découvrent le monde d'en bas, causent avec les radicelles, parcourent quelques lieues, ensuite s’étiolent. Des pétales de souci perclus de petits ennuis qui s’en vont en poussière. Poussière qui rejoint l'air qui enfle mes poumons. Etrange respiration où le souci s'expire jusqu'à sa délivrance. Repos.
Ils se disent frères en confrérie. Il m'a pourtant semblé que le tir au pigeon s'ajustait aux mollets. Est-ce donc à cet endroit que tout se philosophe ? Une si chrétienne tolérance m'interpelle. Laxisme ou pusillanisme ? Un coup de balai serait nécessaire, ce me semble. Non pour la coiffure, mais pour ceux et celles dont l'entregent n'est pas une finalité. Réveil ou renonciation ? Allez savoir ce qui les motive ! Vieux Bouddha jamais ne voudrait marcher sur ses pas. À croire que les leçons n'existent que pour être serinées.
L'ennui. L’ennui est un outrage, une gifle, un vide incommensurable ; pas même une masturbation de l'esprit. Un ennui est toujours, toujours à la mesure du déclin de son usager. La propension fait bondir. J’affirme : pas de compromis pour cet oripeau ! Ététons l'oeuvre, elle pourrait s'étendre et blesser l'intention. Que de pauvreté dans cette inexistence, que de honte ! Un luxe pour les pauvres d'esprit, la vocation des cons.
Le jour se lève... sur un garni. L'homme a tué, il attend sa délivrance. Victoire ! Combien de vies misées sur un même procès ? Pour quel score funeste ? Montée en puissance des hécatombes ; des “ dégâts colatéraux ” sont à redouter. On verse son p'tit chagrin en toute officialité - en vitesse, le homard n'attend que d'être ébouillanté, vif. Les robes noires froufroutent, au comble du ravissement, d'une si belle aubaine, d'une réjouissante publicité. La mine reste de circonstance, bien entendu. Faudrait pas... Non, faudrait pas... Enfin, vous savez... C'est si peu dire que...
Carmencita, mi querida, ma fille, mon enfant, ton caddie déborde de tes rêves. Magazines déchirés, poupées immolées, mascara desséché, et des nounours, des tas de nounours, énucléés, éventrés, estropiés… rebus d’une société repue. Nos poubelles enferment nos tares, un zeste d’abus pour ceux qui crèvent la gueule ouverte. Loin de nos regards – sensibles, les regards, très, très sensibles –, grandissent des montagnes. Un monde y vit, y rampe, y prie ; aristocratie secrète percluse de misères, bientôt plébiscitée par une presse en rupture de scoop. Une bougie pour les droits. Jamais guirlandes ne paraîtront si illusoires.
Monkey bong et bing et bang. J’ai la tête qui délire. Combien de temps me reste-t-il avant que tout chavire ? Le sablier a basculé voici des mois, ou des années ? avant ma naissance ? Ffchsss fait le sable en s’écoulant. Mes tympans en frémissent. La vision est odieuse : des lèvres lippues, humides, rosées ; un filet de salive les relie ; la bouche gonflée de bœuf va parler… une sentence… elle éructe un NON ! à la face des peuples, puis reprend sa place et s’affaisse, molle, menaçante. Le souffle de Kang Shen est au pied des dix mille marches…
Le méchant loup ouvrit bien grande sa gueule. L’assemblée attendait, bouche bée. Un couac sortit, suivi d’un « hu, hu » peu en train. Le loup rougit, son poil s’affaissa, la queue basse. Jusqu’à son ombre qui se recroquevilla. Face à cette foule réapparut le complexe du loup. Le malheureux complexe du chasseur éternellement chassé. Un conte, une fable, et vous vous retrouvez dans une merde pas croyable ! Que dire des dos bossus, nez crochus, nains poilus et belles-mères ossues ?! Pauvres victimes en leur corps. Le cliché abonde là où l’imagination si mal féconde. Mise au point : c’est le pull-over (rouge) qui court après la cape (rouge), pas le loup.
…et pourtant, What a wonderful world ! (*) Ella était là, toute en rondeur et scat. Israel avait huit ans (**). La guerre était finie. Au début, tous étaient heureux. La vie, après tant de morts. La vie, simplement. Au début, on dansait, on festoyait autour d’un hareng, on s’embrassait et se promettait serments et merveilles. Un demi-siècle d’oubli, une année après l’autre : la couche résiste au marteau-piqueur. Le souvenir regimbe dans les livres, il appelle. Satchmo, réveille-toi ! Lève la tête, découvre tes dents magnifiques ! Chante, Satchmo ! Trompette la vie pour la vie, la note pour la note, le monde… pour la paix.
(*) Chanson de B. Thiele et G. David Weiss, enregistrée en premier par Louis Armstrong, 1967.
(**) Israel Kamakawiwo’ole (1959-1997), musicien et chanteur hawaïen.
« Promesses messianiques. Ils en ont de bonnes à l’arrière ! C’est pas eux qui s’ramassent les ananas. Métatron ? Ça fait des millénaires qu’on l’a pas vu. L’est parti en r’traite, qu’il paraît. S’la coule douce sous le tropique du Cancer. Enfin, façon de parler. Parce que là-bas, ça caille. Faudrait pas oublier sa p’tite laine, hein ? Alors, z’y allez, vous aussi ?
- (…)
- Ben, mon pauv’ gars, s’rez pas d’trop de deux dans c’t’affaire. Hè ! Deux vieilles caboches dans c’te jungle de jeunes pousses en furie… Faites-moi plaisir, envoyez-moi une carte postale.
- (…)
- Quoi ? J’m’inquiète, moi ?! Non, c’est pour mon p’tit-fils, pour le timbre… »
Catch de fleurs au pied de l’arc-en-ciel. Echec aux dames si le volcan gronde. Il gronde. Une tour s’effondre et bascule dans le Puits du Fou. Les clochettes tintinnabulent au garrot de la Cabro d’Or. La chèvre garde son calme. Un saut de cabri et le chamarré est franchi. Le fantastique aime la plastique, mais exècre son penchant masculin. Lutte fratricide, quelques-uns l’ont deviné. Telle est notre société, subtile ou non, infantile, malhabile, et tellement fragile.
Sémiramis, ode à mes nuits, participation du Verbe, quel est cet ennui qui vous tient et vous fait veiller si tard ? Sémiramis, venez à moi, mon aubaine. Digne fille du Seigneur, patientez encore un peu. Un matin naîtra où le chat aura sa perle et le volage, sa plume. Un présent pour chacun au temps troisième calibré. Les manies des uns sont les erreurs des autres. Ainsi va l’aube. Adieu Mississipi. Far away, endormissement de colombes. Un jardin y fut suspendu jadis que personne ne comprit. Peut-être que ce soir…
Des femmes, que des femmes, partout des femmes. Sainte Femme, es-tu là ? Sainte Femme, qui a bu boira, de la fée Tralala. Punch, recette : un dé à coudre de vodka (de la russe de Russie), trois dés de même de Fée Tralala, une bobine de cordon à bébés, six aiguilles de mots d’oiseaux (sans tête, bien entendu) (*), quatre permanentes à faire des anges et… et, et, et… du boudin de foie de génisse, pour les z’hymens. Amen.
(*) Spécialité culinaire belge : roulade de viande farcie.
Fantaisie d’un soir vaut tous les déboires. Ça sonne, hein ? C’est juste, non ? Va-t’en chaloir d’un si triste abreuvoir ! Soyons honnêtes, on s’en fout, des cochons. Seule nous chaut la date de péremption, point barre. Souvenirs de parloir attristent l’exutoire. Là, ça cale, ça bloque, et ça inhibe pour une vie entière. Ah, ces judéo-chrétiens ! Mes enfants, quel beau commerce pour les mouchoirs ! Merveilleuse trouvaille de consistoire, n’est-ce pas ?
L’original n’a pas d’âge, tandis que l’ancien vieillit et le jeune grandit. Dépêchons-nous vers l’âge noble, on remet des prix. Michaël Jackson remplace la rumba, une canne hard rock bat la mesure, mémé rappe dans les couches. Le saviez-vous ? On parraine les vieux depuis peu. Signez notre pétition, une bonne action pour nos décatis. 2040. L’Unicef s’en mêle, ça fait glousser les ados. Amnesty ne sait plus où donner de la tête. Non, je ne veux pas vieillir. Cessez ce cauchemar !!! Nooon !
Employé du mois, je vous adore. Uniforme réglementaire, casquette droite, souriez ! Et clic, et clac, la photo sortira le cheese de sa boîte. L’est dans le cadre, l’est content. L’a pas l’air benêt, non, l’a pas l’air. TOUS AUX ABRIS ! La mitrailleuse est dans le pré ! Joie sanguinaire au sourire d’ange, la baraque a pris feu, avec la pompière, qui a perdu les eaux, que foutent les secours ?! Au feu, bon Dieu ! Appelez l’employé du mois ! mon héros ! le sauveur de hot-dogs ! Deux bras, deux jambes, et un courage de bazar. Je l’entends. Il vient. Il est là. Smile beurré, projets en carton recyclé, anthropomorphisme dégénéré, la sclérose plaque ses mains sur un comptoir imaginaire : « Bonjour, que puis-je pour votre service ? » Lame farfouillant une plaie ouverte.
L’œuvre change de palier, et je m’dandine dans mon fourbi de soie. Le rouge s’annonce. Rideaux incarnats ouverts sur un nouveau voyage. Gracieuseté de sa majesté ; cadeau empoisonné. Les astragales ont de l’allure, mais encore ? Une diabolique martingale en guise de brevet ? Qui a sonné Crésus ? Je pensais le roi aux antipodes de nos préoccupations. Les pôles se déchirent. « J’vous jure, m’sieur, c’est pas ma faute, j’ai rien vu. » Au nord, on corne l’hallali. Au sud, la chose est déjà entendue : pas de balafres, juste le fer rouge. Quand le sceau, le flambeau et l’agneau se rallient sous une même bannière.
Arômes mesquins de la banalité. L’odeur des gens, la puanteur des gens. Untel a dit. Unetelle pense. Ah, ceux-là ! Et patati, et patata. Les morts nous entendent, les morts se désolent, les morts regrettent. Anacharsis subit jadis un égal préjudice. L’oracle resta muet. La Pythie le chassa. Et Sibylle… Sibylle sombrait dans la démence : trop de faux-fuyants, trop de gens, trop de rumeurs battaient la chamade dans sa tête. Impuissante Sibylle… Anacharsis se retrouva seul. Les autres – les gens – l’attendaient au tournant. De guerre lasse, il les salua de dos, puis rejoignit l’antre mère, la couveuse du bonheur, là où l’on aime, là où l’on ne juge pas.
Gardez-moi un peu de panache. La rose est à peine éclose, Mireille est à son balcon, et Paris, Paris s’oublie un peu plus chaque jour. C’est padam puis ça s’en va. L’écueil est au bout de l’escarpin. Le réceptacle est ouvert ; au centre, une mouche de nacre bleue. Chatoiement d’un foulard dans le zéphyr. Autorisation d’expulsion ? Accordée. Huit mille euros le mètre carré. Ça sent la charogne à plein nez. WC en panne, on s’impatiente dans les égouts. La rose nous dit son nom : c’est Florilège. Un goût de sacrilège flotte dans les roseaux. Là, un berceau s’endort, berceau du monde paré de sollicitude pour une nuit, pour une nuit exclusivement.
Au devant, nous avons la scène. Diamonds are a girl’s best friend. On finirait par y croire. À l’arrière, tout un cloaque de désillusions. Peines et mœurs, outrances en termes barbares. La finance s’en mêle, et c’est coco girlies ! Camisole de vinyle en page trois : relisez votre syllabus, je vous prie. Le cycle n’est pas fini, il commence. On révise son bréviaire, la technique n’est pas au point. A quand l’armistice ? C’est Noël tous les jours au pavillon des cinglés. Un TIC fait toc, toc. Bruit de chaînes et de verrous. On déplie l’ordonnance.
« La femme blanche : C’est la première fois ?
- Le TIC : Han.
- La femme blanche : Tu connais la procédure ?
- Le TIC : Han.
- La femme blanche : T’es chanteuse, qu’il paraît. Ben nous, on va t’faire danser. Marcelle, emmène la star à sa p’tite scéance d’électros. »
Il s’abreuvait au sommeil d’hiver, sans plainte ni profit. Un frais matin de printemps le taquinait une fois, deux fois, puis il se levait, sachant son devoir. En ce temps-là, l’hibiscus parlait toutes les langues, destin primaire des exportés. Néanmoins, c’était une joie de le voir apprendre, l’ardeur s’alliant à l’acquêt. La guerre survint un beau jour. On vit le printemps disparaître, l’été courir après l’automne, que l’hiver engouffra en moins d’une semaine. Les gîtes furent détruits, les stukas venus du ciel rougissaient la neige. Tous se perdaient et tout fut perdu. Lui et quelques-uns survécurent, cherchant le sud, scrutant les horizons. Plus de flair, plus d’arbrisseaux, il fallait muter, ou périr. Le corps connaît son affaire en la matière. Aussi, le corps s’exprima. C’était en décembre. Un décembre germinal, ancré en toute mémoire animale.
Il n’est pire faux ami que celui qui ne voit que ce qu’il veut voir. Conseils fuligineux, point de vue unique, complaisance d’un esprit tout en laisser-aller. Mensonge, absolument, mensonge. Petit Poucet ne semait pas son pain en vain. Parlons-en, des traces ! Archéologie de carnaval, découverte has been : où en sommes-nous ? Une capote pour les fragiles, les décalés, les désaxés. Silence ! Que l’on fasse taire les bien-pensants, les censeurs de quatre sous, et autres donneurs de leçons. Silence ! Eteignez tout ! Laisse-toi aller, Petit Poucet, baguenaude, musarde, coupe le fil en deux, juste en deux, et garde la meilleure part pour toi seul. Parce que tu le vaux bien.
Des vacances à Orange quand la pluie donne. Pierres mouillées, ruissellements sur un passé aux abois. Un archange tressaille ; frémissement dans l’air saturé. Les vendanges sont pour bientôt, dit-on. « C’est la faute aux vieux. Nous, on voulait pas. Trop tôt. Mais le père, il a hurlé : « Un peu de respect ! » Alors, on s’est tus. Le père, il ferait bien de pas vieillir, qu’on s’est dit. Parce qu’après, respect, c’est nous ! » Sagesse d’antan a perdu de son mordant. Que se confient-ils d’une chaise à l’autre ? Des secrets d’anciens, pardi, dont une moitié au moins fond sous les soleils de juillet. La canicule ravage, et c’est bien dommage. Observez. L’ascendance prend de la distance, se recroqueville, évite. Méfiance instinctive. Nous sommes perdants à ce jeu. N’oublions pas : nous vieillissons tous.
La peine chasse l’enfant dans son coin. Dame Aventure l’y attend. Un contrepoids, une sauvegarde ; mieux, un rivage. Ainsi va la vie, ainsi décline le chrysanthème. « Qui veut la photo ? » « Tu prends le bahut, ou la commode ? » « Jean-Marc a toujours eu envie de ses jumelles. » « Tu crois que je pourrais garder les bagues de maman ? Il me les avait promises, enfin presque… » L’enfant rêve, le rêve s’attarde, les adultes aussi. Le ton monte en bas, mais l’enfant est trop loin. Les rapaces avaient un père, un oncle, un cousin. Avaient. Partage dans la boutique à souvenirs, au pied du défunt cliché ; parenté au plus vil. L’homme meurt une seconde fois.
Un dieu s’est vu mettre à la porte : deux siècles de punition ! Le dieu partit, foudre sur l’épaule, sac au dos. Il en profita pour visiter les collègues. Deux cents ans plus tard, il revint. Un scellé barrait l’entrée du domaine. Y était écrit : fermé pour cause d’absentéisme. Pris de colère, le dieu foudroya les portes, qui s’abattirent. Deux siècles de poussière l’attendait. Des autres dieux, aucune trace. Incrédule, il se dirigea vers son trône, s’assit et pleura. Sur terre, on essuya quelques inondations en grommelant, puis le soleil revint et on désapprit. Il y a de cela douze mille sept cents ans, à peu de choses près. Le dieu est toujours là, seul. Il a pris la poussière, lui aussi. Brave soldat prêt à répondre à l’appel d’un bâton d’encens, d’une bougie, d’une obole. Nos dieux nous ressemblent tellement.
Tempête dans le chenal. Un bateau sombre par le fond. L’écueil n’avait pas dit son dernier mot. Il se nommait Cerbère. Au temps de sa gloire, on l’avait vu braver des grains devenus légendes. Posé sur le sable depuis quatre générations, loin en dessous, il ne gênait personne. C’est peu dire qu’on l’avait oublié. A flot, le géant n’était pas un Atlas mais la bravoure le commandait. Ses voiles, mal façonnées, souvent en ralingue, grognaient aux vents mauvais. Pourtant, le capitaine n’en aurait pas voulu d’autres. Seul homme capable de mener son navire, le marin mourut avant quarante ans. Aucune femme ne le pleura. La mer avala son corps en une fraction de seconde et jamais ne le rendit. Le second prit la barre et aborda le chenal, voulant rentrer au port. Mais les voiles refusèrent des mains si peu habiles à les gouverner. Cerbère rejoignit son maître quelques heures plus tard. Il est des tragédies qui n’alimentent que la sagesse des hauts-fonds. Serenitas.
Flamboyante Jasna Góra, je collerai des pierres partout et je cacherai mes bijoux. Là-haut, en bas, nous sommes tous fous, de vous, de nous. J’en sais des quintaux sur le rien, et je m’en vante. Roarrr ! fait la lionne à la panse satisfaite. Et moi, et moi, et moi ? Moi, je dis zut ! Je dis flûte ! Je dis taïaut ! Eurêka ! Chérie ! Et chiche ! Chiche que vous m’aurez pas ?! Chiche que je m’empiffre avant le repas ?! Chiche que j’cause avec les nuages quand vous z’êtes pas là ?!
C'est la fin.
Petit addendum à l'intention de ceux qui se prennent trop au sérieux
La Tactique du Gendarme
Un gendarme doit avoir de très bons pieds
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Il lui faut aussi de la sagacité
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Car ce qu'il doit avoir et surtout
C'est d'la tactique
De la tactique, dans la pratique
Comme la montre a son tic tac
Le gendarme a sa tactique
Attendez un peu que j'vous explique
La ta ca ta ca tac tac tique,
Du gendarme
C'est de bien observer
Sans se faire remarquer.
La ta ca ta ca tac tac tique,
Du gendarme
C'est d'avoir avant tout
Les yeux en face des trous.
Contravention
Allez, allez,
Pas d'discussion
Allez, allez,
Exécution
Allez, allez,
J'connais l'métier
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme,
C'est de verbaliser
Avec autorité.
Il y a ceux qui n'ont pas d'plaque à leur vélo
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Faut courir après tous les voleurs d'autos
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Des gens disent que les gendarmes lorsqu'on a
Besoin d'eux, ils n'sont jamais là
Je réponds du tac au tac
Car pensez j'ai ma tactique
Attendez un peu que j'vous explique
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être toujours là
Quand on ne l'attend pas
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être perspicace
Sous un p'tit air bonace
Contravention
Allez, allez,
Pas d'discussion
Allez, allez,
Exécution
Allez, allez,
J'connais l'métier
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être constamment
A cheval sur l'règlement.
Interprète : Bourvil
Année : 1949
Auteurs compositeurs : E. Lorin, Bourvil, La Plat
Tiré du film Le Roi Pandore
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Il lui faut aussi de la sagacité
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Car ce qu'il doit avoir et surtout
C'est d'la tactique
De la tactique, dans la pratique
Comme la montre a son tic tac
Le gendarme a sa tactique
Attendez un peu que j'vous explique
La ta ca ta ca tac tac tique,
Du gendarme
C'est de bien observer
Sans se faire remarquer.
La ta ca ta ca tac tac tique,
Du gendarme
C'est d'avoir avant tout
Les yeux en face des trous.
Contravention
Allez, allez,
Pas d'discussion
Allez, allez,
Exécution
Allez, allez,
J'connais l'métier
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme,
C'est de verbaliser
Avec autorité.
Il y a ceux qui n'ont pas d'plaque à leur vélo
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Faut courir après tous les voleurs d'autos
Mais c'est pas tout
Mais c'est pas tout
Des gens disent que les gendarmes lorsqu'on a
Besoin d'eux, ils n'sont jamais là
Je réponds du tac au tac
Car pensez j'ai ma tactique
Attendez un peu que j'vous explique
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être toujours là
Quand on ne l'attend pas
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être perspicace
Sous un p'tit air bonace
Contravention
Allez, allez,
Pas d'discussion
Allez, allez,
Exécution
Allez, allez,
J'connais l'métier
La ta ca ta ca tac tac tique
Du gendarme
C'est d'être constamment
A cheval sur l'règlement.
Interprète : Bourvil
Année : 1949
Auteurs compositeurs : E. Lorin, Bourvil, La Plat
Tiré du film Le Roi Pandore
Ces textes reflètent une opinion.
Une opinion est un pan de vérité.
Une vérité est multiple et, quoiqu'on en dise, quelqu'effort que l'on fasse, elle ne sera jamais absolue.
Une opinion est un pan de vérité.
Une vérité est multiple et, quoiqu'on en dise, quelqu'effort que l'on fasse, elle ne sera jamais absolue.